Joël Vallat (proviseur du lycée Louis-le-Grand à Paris) : «La fondation permettra de financer nos actions à l’international»

Propos recueillis par Sophie de Tarlé Publié le
Après le lycée Pasteur à Neuilly dont la fondation date de 2008, le lycée Louis-le-Grand fait partie des premiers lycées publics à créer une fondation. Joël Vallat, proviseur, revient sur cette initiative, qui sera bientôt suivie par le lycée Henri-IV à l’automne 2012.

Pourquoi avez-vous décidé de créer une fondation ?

Je me suis rendu compte que les ressources de nos bailleurs de fonds, la région et l’État, allaient s’amenuiser. Il fallait faire preuve d’imagination si nous voulions avoir de la souplesse dans nos initiatives. Ensuite, cette idée participe à un mouvement général qui ne touche plus uniquement les grandes écoles [HEC a créé la sienne dès 1972]. Des établissements publics comme les universités ont aussi commencé à créer la leur depuis la loi sur l’autonomie des universités de 2007. Aux États-Unis, c’est une tradition bien plus ancienne. Le nom de l’université d’Harvard vient du patronyme d’un pasteur qui légua ses biens à l’école en… 1639.

Qui seront les donateurs ?

Nous avons déjà obtenu 250.000 € sur cinq ans, soit 50.000 par an. Nous sommes sous l’égide de la fondation de France. Au départ, nous avons quatre fondateurs, L’Oréal, LVMH, EADS et Canal+. L’Oréal nous aide déjà depuis trois ans à financer les Cordées de la réussite, opération qui permet d’aider des élèves boursiers de collèges parisiens défavorisés à venir à Louis-le-Grand. Mais nous comptons également sur les dons d’autres entreprises et de particuliers, des anciens élèves du lycée notamment.

Que souhaitez-vous concrètement financer en priorité ?

D'abord nos actions d'ouverture internationale, en particulier la sélection des étudiants étrangers. Un exemple parmi d'autres, accueillir des étudiants chinois coûte un certain prix. Nous devons aller en Chine pour les identifier, les rencontrer et les convaincre. Et nous accueillons de plus en plus d’élèves étrangers dans nos classes préparatoires scientifiques en particulier, où le barrage de la langue pose moins de problèmes. Certains ne comprennent pas toujours notre désir d'accueillir ces étudiants étrangers. Mais il faut savoir que nous sommes sur un marché mondial très concurrentiel du savoir scientifique de haut niveau. J’ai réalisé cela lorsqu’une année, nous avions sélectionné quatre étudiants bulgares à l’occasion d’olympiades de mathématiques. Trois sont venus, le quatrième a été «acheté» par Princeton. Je dis «acheté», car l’université lui a versé de l’argent pour qu’il vienne. Si nous ne les accueillons pas, ce sont les universités américaines qui le feront.

L’autre versant de notre action est l’ouverture sociale. Les élèves du lycée viennent de partout et ne sont pas seulement issus du Ve arrondissement de Paris. Pour les aider à réussir et leur proposer en particulier du soutien scolaire, des sorties, des échanges scolaires, nous avons besoin d’argent. C’est ce que nous avons commencé à faire avec les Cordées de la réussite. Et cette fondation permettra de continuer notre action.

Propos recueillis par Sophie de Tarlé | Publié le