L'innovation, et donc l'avenir, passe par les partenariats. Kedge, comme plusieurs grandes business schools françaises, l'a bien compris. Jeudi 31 mai 2018, dans leur première prise de parole sous forme de cours de stratégie, son président, Stanislas de Bentzmann, P-DG de Devoteam, une société spécialisée dans le conseil en technologie, et le directeur général, José Milano, ont ainsi annoncé plusieurs "partenariats" structurants pour l'avenir de Kedge.
"Si le 20e siècle a été le siècle de l’économie, le 21e siècle est celui de la technologie, avec la nécessité de faire attention à laisser l’homme au cœur du projet, analyse Stanislas de Bentzmann en présentant le plan 2018-2021. [Une évolution...] qu’on doit prendre en compte dans notre projet éducatif pour former les leaders du 21e siècle, l'idée n'étant pas de faire des ingénieurs, mais des managers, capables de piloter la stratégie, la technologie, ce qui nécessite de les y acculturer."
Monter dans les classements
Une innovation "ouverte", combinée à une forte capacité d'investissement, qui doivent permettre à Kedge d'atteindre le top 25 des business schools européennes et les 15.000 étudiants (contre 13.000 aujourd’hui), ainsi que les 150 millions de chiffres d'affaires d’ici à trois ans. C'est que, selon José Milano, "il n’y a plus de place pour les institutions de milieu de classement, il faut des marques internationales !"
Un projet dans la droite ligne du plan précédent développé par José Milano, lorsqu'il était directeur général adjoint sous le tandem Pierson-Froehlicher. Mais un changement de style assumé, avec une organisation et un pilotage directement issus de l’entreprise.
Le directeur général, qui n’hésite pas à parler de Kedge comme d’une "ETI" (entreprise de taille intermédiaire), et de la recherche comme d’un "actif", souhaite, dans ce domaine, passer d’une logique de "centre de recherche" à une approche par "écosystèmes".
À la tête du "premier centre de recherche en gestion d'Europe", en nombre de chercheurs, l'école va continuer de se recentrer sur ses six domaines d'expertise (marketing, supply chain, vin et spiritueux, finance verte, management de la santé et industries culturelles et créatives…), autour desquels elle va tisser un réseau d’enseignants-chercheurs, étudiants, entreprises et partenaires. Objectif ? "Pousser vers la R&D avec la reconnaissance du grand public", résume José Milano.
Dans les cartons, plusieurs projets dans le domaine de la supply chain et du maritime, et une chaire avec l'Agipi (Association d’assurés, partenaires d’Axa), sur le thème des "nouvelles formes d’entrepreneuriat". Par ailleurs, l’école veut aussi nouer des relations avec d’autres institutions de recherche, hexagonales et surtout étrangères. À l’image de sa convention avec la Fondation Maison des sciences et de l’Homme autour de la "finance autrement".
Renforcer les relations avec Microsoft
Même logique en matière de pédagogie. À l'instar de l’EM Lyon, qui vient de renforcer ses liens avec IBM, Kedge annonce la signature d’un partenariat stratégique avec Microsoft. Nom de code : "My campus experience".
Le géant des logiciels déploiera ses solutions et formera les équipes à leur utilisation, en les accompagnant dans le développement de nouvelles pédagogies. Comme "tirer parti des données pour individualiser l’enseignement", illustre Alain Bernard, directeur de la division PME/ETI chez Microsoft France.
L’école, adepte d'une "pédagogie augmentée", basée notamment sur l'entrepreneuriat et les humanités, promet, dès la rentrée 2018, des modules d’acculturation à la technologie à tous ses étudiants. Au menu : intelligence artificielle, blockchain et réalité virtuelle.
Kedge poursuit également son travail d’hybridation avec de nouveaux partenaires ingénieurs : Ensa Bordeaux, Polytech Marseille, Estia, ENSTBB, et, désormais, le pôle d’écoles d’ingénieurs privée Yncréa (HEI, ISA, Isen). Les deux se sont engagés à partager leurs réseaux locaux sur leurs campus respectifs (Rabat, Dakar, Suzhou, Shanghai…), ou à construire un programme de formation continue commune pour des clients français et chinois...
Mais parce que la technologie "froide" est indissociable d'une dimension plus créative, Kedge continuera de travailler avec l’École des beaux-arts de Marseille.
Explorer le monde avec Aston
Pour son rayonnement à l’international, Kedge mise plutôt sur sa rencontre avec la business school d’Aston University. En ces temps de Brexit, l’université de Birmingham cherchait activement un partenaire continental. "Ils sont aussi très intéressés par notre expertise en marketing, et nous par leur savoir-faire en termes de pédagogie", souligne José Milano.
L’école de commerce, qui n’était pas satisfaite par son partenaire britannique, pourra désormais envoyer ses étudiants en échange dans la prestigieuse business school anglaise et inversement, dès 2019 à Marseille et à Suzhou. Kedge vient d'obtenir, dans le cadre de l'Institut franco-chinois de Suzhou, le feu vert de Pékin pour décerner à des étudiants non-chinois, une licence et un master "route de la soie" chinois.
Dans un second temps avec Aston, la création de programmes communs est prévue : European Executive Doctorate, MBA spécialisé… Et, pourquoi pas, un master en business analytics. Sur le moyen terme, il s’agit, avec Aston, de partir ensemble à la conquête de l’Inde, où un partenaire anglophone est précieux, ainsi qu'à celle de l’Afrique.
D’ici là, via sa filiale sénégalaise, BEM Dakar, Kedge va accompagner l’École spéciale des travaux publics dans son installation sur le continent africain. Au menu : une aide logistique, un partage de locaux et le lancement d’un nouveau Bachelor of engineering and management à la rentrée 2019, puis d’un master. Toujours dans une logique d'hybridation.
Un nouveau campus à Paris en 2019
Même à l’heure de la dématérialisation, "les campus, premier contact avec l’école, sont essentiels". José Milano est en persuadé. Ainsi, Kedge changera bientôt d’adresse dans la capitale, où ses locaux sont une vitrine aussi bien pour l’executive education que pour les élèves étrangers.
Installée dans le 9e arrondissement, l’école annonce son déménagement au premier trimestre 2019 dans un espace de 3.000 m2 dans le bâtiment Louis-Lumière, à proximité de la gare de Lyon… et des locaux parisiens de l’EM Lyon.