L'actualité de l'alternance du 7 janvier 2010

Sandrine Chesnel Publié le
La crise économique, qui a fait grimper les chiffres du chômage en 2009, et notamment celui des jeunes diplômés, a-t-elle eu un impact sur les recrutements en alternance ? Les premiers chiffres confirment la baisse du nombre de nouveaux contrats, notamment les contrats de professionalisation qui devraient accuser une chute de plus de 20% sur toute l'année 2009.

Quels effets de la crise sur l'alternance ?

« Avant les vacances d’été, nous étions un peu inquiets pour les jeunes qui souhaitaient se former en alternance à partir de la rentrée 2009, se souvient Jean-paul Soubeyrand, directeur de l’école d’ingénieurs ISEP et responsable du groupe apprentissage à la Conférences des grandes écoles. Dans les écoles d’ingénieurs comme dans celles de commerce, nous avions moins d’offres que l’année dernière à la même époque, reconnaît-il. Et puis finalement, lors de notre dernier bilan d’octobre, nous avons été rassurés : les signatures ont été tardives mais on devrait finir l’année avec le même nombre de contrats qu’en 2008. » Dans les grandes écoles, la crise n’aurait donc pas eu d’autre effet que celui de retarder la signature des contrats. Et ailleurs, dans les établissements qui proposent des CAP, des BTS, des licences pros ? Là encore, il semble que la catastrophe redoutée et que semblait annoncer les chiffres de cet été n’a pas eu lieu.
Mais même si le bilan global de l’alternance en 2009 semble moins pire qu’on ne le craignait encore il y quelques mois, le bilan par type de contrat et par secteur d’activité reste très contrasté.

Industrie, automobile, communication… Certains secteurs ont plus accusé le coup

Les secteurs de l’industrie en général et de l’automobile en particulier ont beaucoup moins recruté en alternance cette année. Ce que confirme Xavier Terrien, du CFA interuniversitaire région Centre IURC : « La rentrée n’a pas été bonne pour les jeunes souhaitant postuler dans le secteur de l’industrie, mais on s’y attendait. Dans ce domaine, il faut d’ailleurs noter que nous avons eu plus de mal à placer nos DUT que nos licences pros ». Dans l’industrie, le niveau de diplôme aurait donc influencé les chances d’un jeune de décrocher un contrat en alternance. Ainsi, alors qu’Annick Fortin, responsable du CFA de la CCIP, n’hésite pas à parler de secteur sinistré tant les CFA industriels ont eu du mal à placer leurs jeunes inscrits en CAP et bacs pros, Jean-Paul Soubeyrand, de l’ISEP remarque que ses élèves ingénieurs ont réussi à décrocher un contrat en alternance dans tous les secteurs, « y compris dans l’automobile, mais plus souvent dans des fonctions R & D que dans la production ».

Parmi les secteurs où les recrutements ont été difficiles cette année, on peut également citer le celui de la communication au sens large (industries graphiques, médias, etc.) et les fonctions commerciales au sens large. Ce que confirme Anne Prévost, la directrice de l’ISSP, une école de commerce qui dépend de Rouen Business School et qui propose en alternance un bachelor en commerce : « Les entreprises n’ont pas joué le jeu cette année. En 2008, nous avions 75 apprentis sur une promo de 300 élèves. Cette année, nous avons atteint difficilement 55 apprentis sur 355 étudiants ».

Enfin les deux types de contrats en alternance n'ont pas aussi bien résisté à la crise : si les contrats d'apprentissage ont réussi à limiter "la casse" à -15% par rapport à 2008, les contrats de professionalisation ont beaucoup plus souffert (-20 voire -25 % de nouveaux contrats par rapport à 2008).

Banques et assurances ont maintenu le cap

A l’inverse, la plupart des grandes entreprises sont restées au même niveau de recrutement que l’année dernière. Du côté des secteurs qui ont bien recruté en alternance cette année, on peut citer les banques et les assurances, mais aussi les fonctions de gestion et les ressources humaines, qui recherchent plus particulièrement des jeunes préparant des diplômes du supérieur, du bac+2 au bac+5. « Nous avons augmenté nos effectifs de 50% dans les formations juridiques », remarque Josiane Fournet-Tatin, du CFA Sup2000. « Nous avons eu une bonne surprise dans les domaines du droit et de la gestion », qui ont beaucoup recruté ajoute Xavier Terrien, du CFA IURC.

Quelles perspectives pour 2010 ?

Tous les responsables d’établissements soulignent la difficulté à faire des prévisions de recrutements en alternance, alors que les entreprises elles-mêmes ont du mal à se projeter à plus de 6 mois. En revanche, un certain nombre d’entre eux disent redouter une sorte d’effet « rebond » de la crise, via le mécanisme de la taxe d’apprentissage. Certains CFA pourraient alors être contraints de fermer des sections… A suivre.

Pour en savoir plus, à lire sur Letudiant.fr

Ce que disent les statistiques
Les chiffres de la DARES publiés en ce début d’année permettent de dresser un premier bilan chiffré de l’année 2009, même si manquent encore les résultats  de décembre. A leur lecture, on relève que les signatures de contrats en alternance et des contrats de professionnalisation ont connu une baisse très nette au printemps et au début de l’été : 5600 nouveaux contrats de professionnalisation en mai et juin 2009 contre plus de 10 000 à la même époque en 2008, et sur la même période, 7600 contrats d’apprentissage en 2009 contre 11 000 en 2008.En revanche, les entreprises semblent s’être réveillées à l’automne puisque le nombre de nouveaux contrats signés sur cette période aura été plus élevé qu’à l’automne 2008 : sans doute la conséquence des effets conjugués des aides à l’apprentissage débloquées par le gouvernement, et du redoublement des efforts des acteurs de la formation en alternance pour mobiliser les recruteurs. Finalement, cette année 2009 devrait enregistrer une baisse de 15 à 20% du nombre de nouveaux contrats signés par rapport à 2008. Un bilan qui pourra être finalisé à la fin du mois de janvier, quand les chiffres du mois de décembre seront publiés.

Sandrine Chesnel | Publié le