École d'ingénieurs : l'antenne strasbourgeoise de l'ENSIIE menacée

De notre correspondant dans l'Est, Philippe Bohlinger Publié le
École d'ingénieurs : l'antenne strasbourgeoise de l'ENSIIE menacée
Le site alsacien de l'ENSIIE ne recrutera pas d'élèves ingénieurs pour la rentrée 2017-2018. // ©  ENSIEE
La fermeture de l’antenne de l'ENSIIE à Strasbourg a été entérinée le 6 octobre 2016. Un bras de fer se dessine entre l’école d'ingénieurs basée à Évry et les collectivités territoriales qui ont présidé à l’ouverture du site alsacien en 2009.

L'école d'ingénieurs ENSIIE (École nationale supérieure d'informatique pour l'industrie et l'entreprise) installée à Évry, en région parisienne, a entériné le 6 octobre la décision de fermer son antenne de Strasbourg, qui compte 600 élèves ingénieurs. Dans sa délibération, le conseil d'administration de l'établissement estime que "ni l'État ni les collectivités territoriales n'assurent ni ne garantissent à l'école les moyens nécessaires pour [sa] pérennité."

Le site alsacien ne recrutera pas d'élèves pour la rentrée 2017-2018. Quant aux 130 élèves, qui étudient dans les locaux de l'International Space University, ils poursuivront leur cursus normalement jusqu'en juin et seront consultés en cours d'année "pour envisager la suite de leur cursus", précise Ménad Sidahmed, directeur de l'établissement.

la région, insatisfaite de l'annonce

Derrière cette annonce, c'est un bras de fer qui se dessine, entre d'un côté l'école d'ingénieurs d'Évry, et de l'autre l'Eurométropole de Strasbourg et l'ancienne région Alsace devenue Grand-Est ; deux collectivités territoriales ayant présidé à l'ouverture de l'antenne en 2009, avec neuf étudiants.

Le financement de l'ENSIIE-Strasbourg, fragile dès le départ dans un contexte de réforme LRU (loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités), serait devenu chaotique à partir de 2015. "Aujourd'hui, les deux collectivités territoriales souhaitent discuter de la diminution de leurs dotations : 400.000 euros au total, sur un budget d'un million d'euros pour l'ENSIIE-Strasbourg", déplore le directeur de l'école associée à l'Institut Mines-Télécom.

Pour la région Grand-Est, l'enjeu budgétaire ne serait pas en cause. "Le soutien de la collectivité régionale a toujours été important et nous souhaitons qu'il le reste", martèle Lilla Merabet, vice-présidente en charge de l'innovation et de la recherche. L'élue régionale se dit "insatisfaite par cette annonce" et souhaite que "l'ENSIIE revienne sur sa décision" alors qu'une étude de pré-travaux serait engagée depuis plusieurs mois sous maîtrise d'ouvrage de l'Eurométropole pour la construction de locaux destinés à accueillir l'ENSIIE-Strasbourg...

des ALUMNI MOBILISéS

La fermeture du site alsacien, qui fait suite à l'échec du projet de rapprochement de l'école avec Télécom SudParis, ne serait cependant pas irréversible selon A3IE, l'association des anciens de l'école. Son président, Jérôme Gautier, par ailleurs membre du conseil d'administration de l'ENSIIE, tente, depuis début octobre, de trouver un accord entre les parties. Il évoque des "jeux politiques" et juge que "le conseil d'administration pourrait revenir sur sa décision si les conditions d'un financement pérenne du site sont réunies."

Dans la capitale alsacienne, l'ENSIIE a notamment créé des passerelles avec la filière Télécom physique Strasbourg et l'UFR de mathématiques-informatique de l'Université de Strasbourg. "C'est une très belle antenne, qui forme des ingénieurs très compétents pour répondre aux défis de la transformation digitale, argumente Jérôme Gautier. Sa fermeture serait dommageable pour tous."

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