L'ESCP Europe face au développement du campus de Turin

Marie-Anne Nourry Publié le
Un rapport de la chambre régionale des comptes d’Ile de France, réalisé en 2011-2012, révèle un problème de gouvernance du campus turinois d’ESCP Europe. En cause, la chambre de commerce et d’industrie de Turin, qui ne « semble plus vouloir gérer le pôle italien ». De son côté, Pascal Morand, directeur général du groupe, assure que l'implication de la CCI italienne est aujourd'hui garantie. Un chantier stratégique pour l'établissement.

Après Londres, Berlin et Madrid, Turin est la dernière ville européenne à avoir accueilli un campus du groupe ESCP Europe. Depuis l'ouverture du site en 2004, le rapport de la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France note une progression du nombre d’étudiants et le développement de nouveaux programmes. Mais il précise que « la poursuite de cette croissance se heurte à des difficultés ».

Deux difficultés majeures : les locaux et le recrutement de professeurs permanents

La taille des locaux prêtés par l’université de Turin constituerait le premier frein au développement du campus, selon le rapport qui indique « qu’une extension de ces derniers n’est pas financièrement envisageable ». Autre difficulté : le recrutement du corps professoral local, qui pourrait compromettre les accréditations internationales (EQUIS, AACSB, AMBA). « Les enseignants doivent, en effet, appartenir à un corps professoral permanent, ce qui suppose que certains d’entre eux passent du statut de vacataire à celui de permanent », souligne le rapport de la chambre.

La CCI de Turin pointée du doigt

La gestion du campus italien est partagée entre ESCP Europe, qui supervise le recrutement des étudiants, désigne les professeurs et sélectionne les programmes d’enseignements, l’université de Turin, qui prête des locaux, la CCI de Paris et la CCI de Turin. Une gouvernance multipartite menacée, selon le rapport de la chambre régionale des comptes qui date de 2011-2012 : « la CCI de Turin semble ne plus vouloir gérer le pôle italien d’ESCP Europe : sa vocation ne serait plus de diriger un établissement d’enseignement supérieur et elle estimerait avoir rempli son rôle avec la création et le développement d’un établissement de formation jugé abouti ». A l’arrêt des observations, en mars 2012, la chambre préconisait le retrait de la CCI de Turin du conseil de gestion du campus, « pour revoir le mode de gouvernance de cet établissement. »

Pascal Morand, directeur général d’ESCP Europe : "L’engagement de la CCI de Turin est aujourd’hui assuré"

Où en est la gouvernance du campus de Turin ?

Le campus de Turin est de loin le plus récent de tous nos campus. Aujourd’hui il tourne bien mais dans des proportions limitées. La question se pose donc ainsi : soit nous laissons les choses en l’état, soit nous lui donnons un nouvel essor. Nous avons opté pour le développement du campus, et c’est l’un des chantiers les plus stratégiques du moment. Il y a eu des évolutions depuis la publication du rapport de la chambre régionale des comptes, et l’engagement de la CCI de Turin, indispensable au développement du campus italien, est aujourd’hui assuré.

Est-ce que la question des locaux est réglée ?

A ce jour, nous disposons d’un étage dans l’université mais ce n’est pas suffisant.Nous n’avons pas la place pour développer le master 2, par exemple. Un déménagement n’est pas à l’ordre du jour mais nous essayons de trouver de l’espace en association avec l’université, la communauté piémontaise et la chambre de commerce de Turin.

Qu’en est-il du recrutement de professeurs permanents ?

Nous avons cinq professeurs permanents, dont trois avec un profil d’assistant. Le directeur du campus est lui-même professeur. Il importe donc de développer un corps professoral à Turin. Avec le durcissement des accréditations, c’est une priorité.

Marie-Anne Nourry | Publié le