INSEEC Alpes-Savoie : les coulisses d'une reprise

Cécile Peltier Publié le
INSEEC Alpes-Savoie : les coulisses d'une reprise
Campus INSEEC Alpes-Savoie // DR // © 
La prise de contrôle, le 17 décembre 2012, de l'ESC Chambéry par l'INSEEC est inédite dans le paysage français. Explications mercredi 6 février 2013 avec les deux acteurs sur les conditions de cette reprise et les projets de développement.

“Un marché gagnant-gagnant”. C'est en ces termes que René Chevalier, président de la CCI de Savoie décrit la cession en décembre 2012 de l'ESC Chambéry au groupe INSEEC. Une procédure inédite dans l'écosystème français. “C'est un chef d'entreprise qui a rencontré une chef d'entreprise, raconte l'élu. À un moment, il faut rationaliser les choses. Confier le bébé ESC Chambéry à l'INSEEC constituait une opportunité.”

En cédant l'école – déficitaire – au groupe américain, en échange d'un soutien financier sur trois ans (à raison de 1 million d'euros en 2013, 0.7 million en 2014 et 310.000 € en 2015), la chambre va à terme réaliser des économies. C'est l'équivalent d'un million d'euros de subventions annuelles qu'elle va pouvoir investir dans de nouveaux projets de développements locaux. En effet, sur les 9 millions de budget de l'école, un million provenait des subventions de la CCI et le reste était apporté par l'école.

La directrice générale du groupe INSEEC, Catherine Lespine, assume la décision de cet investissement qui lui a valu quelques voyages à Chicago pour convaincre les Américains. Un investissement parfaitement cohérent avec la démarche du groupe fondée sur la recherche de “sites d'exception”, dans des régions économiquement attractives et la constitution de pôles d'expertise, assure-t-elle : “Comme Monaco, la Savoie est une marque très internationale sur laquelle on peut attirer des étudiants internationaux. Je ne promets pas des miracles de rentabilité, mais, dans quatre ans, cette école volera de ses propres ailes ! Il n'y a pas de problème car l'ESC Chambéry était bien gérée.”

La CCI toujours présente dans la gouvernance

Sur le plan de la gouvernance, la CCI ne disparaît pas du paysage, bien au contraire. “Il s'agit d'une reprise partenariale”, assure René Chevalier. L'association A2G (Association gestion groupe ESC Chambéry Savoie), créée fin 2011 pour gérer l'école consulaire au moment de son passage au statut associatif, perdure au sein du groupe INSEEC, à côté de l'association INSEEC portant le programme grande école de Paris-Bordeaux.

Placée sous la même présidence que l'association INSEEC, A2G est “composée essentiellement de Savoyards”, dont René Chevalier, en tant que vice-président. Une solution qui permet notamment à l'INSEEC de s'inscrire dans la durée en travaillant en étroite collaboration avec les acteurs de feu l'ESC. Catherine Lespine entend maintenir les deux associations distinctes pendant au moins “3 à 5 ans”. “Si nous avions fusionné les deux associations, les Savoyards auraient continué à siéger, mais auraient été noyés dans une entité plus grande”, commente-t-elle.

Étoffer et diversifier l'offre de formation

La DG est confiante dans les capacités de développement de l'ensemble de l'offre de l'ex-groupe ESC Chambéry.

Le programme grande école devrait se développer. L'objectif serait de passer en trois ou quatre ans de 450 à 800 étudiants. Outre les grandes majeures communes à tous les campus, l'école savoyarde proposera des majeures spécifiques (management du sport et Tourism & Hospitality Management), en phase avec les besoins du bassin socio-économique et les pôles d'expertise que l'INSEEC veut créer.

Sur ses autres programmes, l'INSEEC promet des synergies avec l'offre existante. L'EGC de Chambéry qui passe également dans le giron de l'INSEEC, va conserver son mode de sélection et ses formations. Parmi les nouveautés : l'ouverture des campus étrangers aux étudiants de bachelors. Également prévu : le lancement d'un nouveau programme en partenariat avec Sup de pub et l'École supérieure des métiers de l'image.

Chambéry accueillera enfin à partir de septembre 2013 plusieurs nouveaux MSc souvent déjà proposés sur les autres campus du groupe. Des synergies sont également annoncées entre le CESNI et le volet sportif d'INSEEC Executive, et l'executive MBA online de l'IUM.


L'INSEEC, un groupe qui grossit

Racheté en 2003 par le groupe américain Career Education Corporation, l'INSEEC, créé en 1975 à Bordeaux, n'a cessé de se développer. Par croissance interne essentiellement (90 % du chiffre d'affaires) et externe dans une moindre mesure, avec le rachat de l'International University of Monaco en avril 2010 et le centre de formation continue dans les métiers de l'hôtellerie Luxury Attitude en mai 2012.

Le groupe représente aujourd'hui 14.000 étudiants, pèse 120 millions d'euros annuels de budget et vise 180 millions d'euros à l'horizon 2017. Et prévoit en 2014 l'ouverture d'un nouveau campus en plein centre de San Francisco.
Quid des concours ?

Les candidats à l'INSEEC risquent d'être un peu perdus cette année... Pour les admissions parallèles, aucune difficulté, il existe une seule voie d'accès à l'INSEEC Paris-Bordeaux et l'INSEEC Alpes-Savoie : le concours Évolution. Pour les sortants de prépa, ce n'est pas encore le cas.  Pour des raisons de calendrier, deux concours distincts subsistent en 2013 : le concours INSEEC Paris-Bordeaux d'un côté avec ses propres épreuves, ses coefficients et sa barre d'admissibilité, et le concours “ex-ESC Chambéry” (BCE) de l'autre. Les étudiants pourront donc passer l'un, l'autre ou les deux… Toutefois, “la barre d'admissibilité du concours de l'ex-ESC Chambéry va être relevée de manière drastique”, explique Rémy Challe. À partir de 2014, les épreuves seront totalement refondues : le concours ESC Chambéry [36e sur 36 au palmarès académique 2013 des grandes écoles de commerce de l'Etudiant], "va évoluer notablement" pour atteindre le niveau INSEEC, promet Catherine Lespine.

Cécile Peltier | Publié le