Chaque année, 2.000 étudiants français choisissent la Chine pour effectuer un stage en entreprise. Ce chiffre pourrait bien décroitre, au vu des nouvelles dispositions législatives prises par le pays asiatique. La loi du 1er juillet 2013, relative à l'administration des entrées et sorties des ressortissants étrangers du territoire, modifie – et complique – la délivrance de visas. Parmi les publics visés : les stagiaires et les jeunes diplômés. "La Chine est en train de fermer ses frontières", prévient Yves Poilane, président de la commission Relations internationales de la CGE (Conférence des grandes écoles) et directeur de Télécom ParisTech.
Le 5 mars 2014, la CGE et la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) écrivaient à Laurent Fabius pour l'alerter de la situation. Elles étaient reçues le 19 mars par le directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères. L'objectif ? Faire "de l'activisme".
La Chine est en train de fermer ses frontières (Y.Poilane)
Côté stages, un discours optimiste
Si la situation reste pour le moment bloquée, le discours du ministère s'est voulu rassurant, d'après les écoles. "La loi du 1er juillet 2013 ne visait pas expressément à empêcher l'arrivée de stagiaires étrangers, veut croire Yves Poilane. Mais elle a déstabilisé le cadre légal existant en créant un vide juridique." Le visa F, qui était jusqu'alors accordé aux stagiaires, a changé de nature et ne correspond plus à ce profil.
Pour le Quai d'Orsay, la solution consisterait donc "seulement" à trouver un aménagement juridique permettant de réglementer cette spécificité française qu'est le stage en entreprise. Le ministère a assuré la CGE et la CDEFI que le sujet serait abordé lors de la visite en France du président chinois Xi Jinping du 25 au 28 mars.
Côté premier emploi, une situation plus complexe
Concernant les difficultés rencontrées par les jeunes diplômés français, la situation en revanche est plus complexe. Elle ne relève pas seulement de la loi sur les titres de séjour mais d'une politique chinoise plus globale, qui vise à instaurer la préférence nationale sur le marché de l'emploi.
"Ce sujet nécessite des discussions plus longues, concède Yves Poilane, et sera traité dans un second temps. Si la situation est plus délicate, nous avons tout de même quelques arguments à faire valoir à la Chine : la multiplication des partenariats et des joint-ventures nous prouvent que l'ingénieur à la France est très prisé par les Chinois. Pourquoi, alors, se priver de tels profils ?"