La génération Y ne croit plus à l’ascenseur social

Danièle Licata Publié le
Jeunesse sacrifiée… Voilà ce qui ressort de l’enquête menée par Meteojob auprès des moins de 35 ans. Cette génération fait le constat amer d’une mobilité sociale qui ne fonctionne plus.

Malgré tous les dispositifs en faveur de la jeunesse, l'avenir, même des plus diplômés, leur paraît bien sombre. C’est ce qui ressort de l’enquête que vient de rendre publique Meteojob.  Près de 60 % des moins de 35 ans constatent que leur niveau de vie est largement inférieur à celui de leurs parents, même si à 70 %, ils ont un niveau d’études supérieur au leur.

Et à la question : "pensez-vous alors qu’un jour, vous décrocherez un meilleur job qu’eux" ?  La réponse est non pour 67 %. Tout est dit : l’ascenseur social, garant de l’égalité, semble bel et bien en panne. 58,2 % des moins de 35 ans le jugent même à l’arrêt. Inquiets pour l’avenir à 95,2 % (dont 61,9 % très inquiets), ils le sont également pour leurs progénitures à 72 %. "La crise exacerbe le sentiment de fragilité et la peur du déclassement" analyse Philippe Deljurie cofondateur de Meteojob.

Génération pessimiste ?

Une génération Y blasée et pessimiste ? "Je dirai plutôt réaliste" rétorque Philipe Deljurie. La perception rejoint bien la dure réalité des chiffres. D’après les résultats des travaux de la sociologue Camille Peugny, auteur de "le déclassement", 25 % des trentenaires se retrouvent aujourd’hui plus bas dans l’échelle sociale que leurs parents. Cette proportion était de 18 % au début des années 1980. Et les femmes sont plus désavantagées que les hommes.

Alors que le mille-feuille des dispositifs ne cesse de croître, les jeunes ne croient plus à l’action publique. Selon la dernière enquête menée par l’Institut Montaigne et la Société Tilder sur l’égalité des chances, les politiques menées en matière d’emploi, sont jugées avec sévérité. Seuls 38 % des jeunes estiment que les "contrats de génération" ont eu un impact positif. Ils sont 39 % pour les "emplois d'avenir", 49 % pour le service civique et 50 % pour l'éducation prioritaire.

Face à cette société bloquée, les jeunes sont tentés par la révolte : 61 % des 18-34 ans affirment qu'ils seraient prêts à participer à un mouvement de protestation "type Mai-68", d’après la récente enquête "Génération Quoi ?", ou l'envie d'aller voir ailleurs, à l'étranger.

Danièle Licata | Publié le