La Marche pour les sciences réunit chercheurs et citoyens dans la rue

Catherine de Coppet
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DIAPORAMA. Des milliers de personnes ont défilé en France, ce samedi 22 avril 2017, dans le cadre de la Marche pour les sciences organisée à l'unisson dans plusieurs endroits du monde, le jour de la Terre. Le mouvement, parti de Washington, vise à promouvoir la démarche scientifique comme pilier de la démocratie. Reportage dans la Marche parisienne.

Près de 5.000 personnes ont répondu, samedi 22 avril, à Paris, à l'appel de la Marche pour les sciences française, et défilé du jardin des Plantes (5e arrondissement) jusqu'à la place Saint-André-des-Arts (6e arrondissement).

Le mouvement, initité aux États-Unis en réaction à l'élection et aux décisions de Donald Trump, notamment concernant la lutte contre le changement climatique, a eu un écho important dans le monde, puisque plus de 600 marches étaient organisées. À côté de l'édition parisienne, 22 défilés ont eu lieu dans le reste de la France.

Dans le cortège parisien, toutes les générations se sont retrouvées. Beaucoup de chercheurs et de directeurs d'établissements d'enseignement supérieur ont fait le déplacement, mais aussi des particuliers.

Parmi les slogans scandés dans un cortège plutôt calme et détendu : "La science, pas le silence !" ou encore "Matin, midi et soir, la science, c'est l'espoir !" Connus ou moins connus, plusieurs chercheurs (comme Michel Spiro) et personnalités médiatiques (comme Edwy Plenel) ont pris la parole tout au long du défilé.

Marche pour les sciences - Paris

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  • Le début de la Marche a laissé le temps aux prises de parole. // © Catherine de Coppet
    Le début de la Marche a laissé le temps aux prises de parole. // © Catherine de Coppet
  • A Montpellier, les manifestants ont formé le mot "science" pour une prise de vue satellite. // © Sébastien Banus
    A Montpellier, les manifestants ont formé le mot "science" pour une prise de vue satellite. // © Sébastien Banus
  • Le début de la Marche a laissé le temps aux prises de parole. // © Catherine de Coppet
  • A Montpellier, les manifestants ont formé le mot "science" pour une prise de vue satellite. // © Sébastien Banus
  • Les chercheurs prennent la parole

    Place Valhubert devant le Jardin des Plantes, à deux pas de la gare d'Austerlitz, la foule s'est réunie en début de Marche. Une estrade avait été montée pour les différentes interventions, principalement de chercheurs.

  • Des animations scientifiques sur le parcours

    L'association "Les petits débrouillards" œuvre depuis 1986 pour l'éducation populaire "à et pour la science". Elle était présente en début de cortège, avec son "camion des sciences", pour proposer des animations scientifiques aux plus jeunes. Estelle, en 3e année de licence physique-chimie à l'université Paris-Diderot et future stagiaire de l'association, s'est mobilisée pour la Marche : "Il faut que tout le monde, dès son plus jeune âge, ait accès à l'esprit critique que permettent les sciences !"

  • Des présidents d'université dans le cortège

    Beaucoup de présidents d'université d'Île-de-France étaient présents dans le cortège, à l'instar de Frédéric Dardel, président de l'université Paris-Descartes. "Dès que les faits scientifiques vont à l'encontre de certains intérêts, politiques ou économiques par exemple, ils sont remis en cause, déplore-t-il. C'est de notre devoir de défendre les résultats de la science et les valeurs véhiculées par la démarche des chercheurs. Nous fabriquons à l'université les élites de demain, il nous faut lutter contre cette défiance qui se généralise, par exemple sur la vaccination ou encore la théorie de l'évolution !"

  • "Défendre la démarche scientifique avant qu'elle ne soit en danger"

    Martine (au centre), chercheure en sciences de la terre à l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP), est venue avec ses collègues et ses étudiants à la Marche. "Il vaut mieux défendre la démarche scientifique avant qu'elle ne soit en danger ici aussi en France, pointe-t-elle. Les sciences apportent des connaissances, mais leur démarche constitue le fondement de la réflexion critique. Dans le contexte actuel, il est bon de le rappeler !"

  • "Repenser notre esprit critique"

    Parmi les chercheurs présents à la Marche parisienne, François Taddei, chercheur en biologie à l'Inserm et directeur du CRI (Centre de Recherches Interdisciplinaire), accompagné de sa sœur, Angela Taddei, chercheure en biologie à l'Institut Curie. "Nous sommes venus défendre la notion de réalité objective, battue en brèche ces derniers temps dans le monde entier, souligne Angela Taddei. En France aussi, la démarche scientifique est peu considérée !" "Nous traversons une crise liée au numérique, qui nous oblige à repenser notre esprit critique, à l'adapter, renchérit son frère. Dans l'histoire, toutes les grandes inventions ont créé des crises. Il faut former désormais à la démarche des sciences, plus qu'à leurs résultats, en particulier les jeunes générations. Or la science est souvent utilisée comme moyen de sélection dans les études, ce qui éloigne d'elle un certain nombre de personnes."

  • Une médiation scientifique ouverte

    Dans le cortège, de jeunes chercheurs se proposent de répondre aux questions du grand public sur leur discipline. Une façon de faire de la médiation scientifique ouverte.

  • De l'UPMC à la Sorbonne

    Le cortège a emprunté un tracé chargé d'histoire et de symbolique en plein Quartier latin, passant à proximité du Muséum national d'histoire naturelle, de l'UPMC, place Jussieu, du Collège de France et de la Sorbonne.

  • Un défilé non partisan

    Parmi les initiateurs de la marche parisienne, Emmanuelle Perez Tisserand, historienne, maître de conférences à l'université Toulouse-Jean-Jaurès (à gauche). Présente sur le camion de début de cortège tout au long de la marche, elle s'estime particulièrement satisfaite de la mobilisation. "La préfecture pensait qu'on allait réunir 800 personnes, grâce à l'Institut des systèmes complexes (ISC-PIF, CNRS), nous savons que nous sommes entre 4.500 et 5.000 personnes ! C'est un succès complet !" À la veille du premier tour de l'élection présidentielle, les organisateurs du mouvement avaient appelé au respect du côté "non partisan" du défilé. "Le défilé s'est déroulé dans une très bonne ambiance, avec des messages variés, la consigne a été respectée ! C'était une journée où nous souhaitions être écoutés, et non pour écouter les politiques !"

  • La science, c'est des hommes !

    22 autres villes françaises organisaient des Marches, ce samedi 22 avril. À Montpellier, grâce au soutien du Centre national d'études spatiales (CNES), certains participants à la Marche ont formé une chaîne humaine représentant le mot "science", dans le but de réaliser une photo par satellite.


Catherine de Coppet | Publié le