La mission parlementaire sur le lycée auditionne les pontes du supérieur

Publié le

La mission parlementaire d’information sur la réforme du lycée, lancée en janvier 2009 suite au report de celle-ci par Xavier Darcos, le ministre de l’Education nationale, poursuit ses consultations. Yves Durand, le président de la mission, député SRC (socialiste, radical, citoyen et divers gauche) du Nord, et Benoist Apparu, le rapporteur et député UMP de la Marne, ont entendu mercredi 1er avril des figures de l’enseignement supérieur – des représentants des IUT aux grandes écoles – lors d’une table ronde publique. Lionel Collet, le président de la Conférence des présidents d’universités (CPU) et Simone Bonnafous, sa vice-présidente, « retenus » dans leurs universités, étaient excusés.

Réforme du lycée : un passage par l’expérimentation


Les débats se sont orientés sur des questions cruciales : comment organiser au mieux le lycée pour faciliter les poursuites d’études dans l’enseignement supérieur ? Quelles mesures prendre pour démocratiser son accès et venir à bout de la hiérarchie des filières ? Certains intervenants ont évoqué une réforme par l’expérimentation et non de façon globale.

« Pour décoincer les choses, il faut agir au niveau micro, et non macro », assure Patrick Hetzel, directeur général de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle au ministère de l’Enseignement supérieur. François Perret, doyen de l'inspection générale de l'Education nationale, prend comme exemple la réforme du bac professionnel d’abord expérimentée puis généralisée à la rentrée 2009. « Cela pose la question de l’autonomie des établissements. Il faut que les programmes soient conçus autrement, conserver un cadre mais donner un peu de souplesse. On pourrait imaginer des cercles concentriques qui partiraient d’un noyau incontournable de connaissances », propose-t-il.

Patrick Hetzel parle également d’un « socle commun du lycée » sur le modèle de l’école primaire et du collège. « On peut bien entrer à Centrale en passant par une prépa MP, PC ou PCSI », compare Michel Bouchaud, vice-président de l’Association des proviseurs de lycées à CPGE.

Le bac, un sujet « politique »


Autre idée qui recueille un consensus : il faut consacrer plus de temps aux méthodes et mettre moins l’accent sur les connaissances. « Aujourd’hui, on ne prépare pas assez les lycéens à une forme d’autonomie intellectuelle indispensable dans le supérieur, surtout à la fac », assure François Perret. Les auditionnés se sont prononcés également en faveur d’un décloisonnement des disciplines et d’une orientation « chemin faisant ».

La question du bac, « sujet politique » d’après Patrick Hetzel, et intimement lié à la réforme du lycée, a été abordée en fin de séance. « Il est troublant que le DUT (diplôme universitaire de technologie) en contrôle continu reçoive un si bon accueil et non le baccalauréat », souligne Christian Cuesta, membre du bureau de l’Assemblée des directeurs d’IUT. Le débat reste ouvert…

La pédagogie de la réforme

Les suggestions des intervenants rejoignent ainsi largement le contenu de la réforme rejetée en décembre 2008. Mais chut ! Le sujet est tabou. On efface tout et on recommence. « Ce n’est pas le débat de savoir si on va refaire à 10, 20, 30 % ou plus ce qu’avait proposé le ministre. Aujourd’hui, on écoute les gens, puis on va tirer des conclusions de ces consultations. Je suis incapable de dire pourquoi la précédente réforme a échoué », affirme Benoist Apparu. Et d’ajouter : « c’est une question de pédagogie, peut-être ». Une autre consultation est prévue ce mercredi 8 avril sur le thème "Quelle orientation pour assurer l'égalité des chances ?".

Richard Descoings ou l’auditeur auditionné

Le rapport de la mission parlementaire devrait être remis à Xavier Darcos fin mai – début juin 2009. Pile au même moment que le « texte bref » de Richard Descoings , à qui Nicolas Sarkozy a confié une mission, de façon indépendante. Du reste, le directeur de Sciences po Paris a été lui-même été auditionné fin mars par les députés. « Nous avons fait le tour d’horizon des trois ou quatre questions importantes à aborder. Cela s’est très bien passé mais cette discussion restera entre nous pour ne pas tuer le dispositif », a déclaré Benoist Apparu. Interrogé sur la « méthode Descoings » (tour de France des lycées et création d’un blog (lyceepourtous.fr ), le député de la Marne a affirmé : « J’en pense beaucoup, beaucoup de bien. On a besoin d’associer à la réforme ceux qui vont la faire marcher. Cela ne peut pas fonctionner si on reste enfermé dans un bureau, si on s’en tient à une négociation entre le ministre et les syndicats ».

| Publié le