La première année de licence santé entre les mains du Sénat

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L’avenir de la première année de licence santé se joue au Palais du Luxembourg. Le 11 février 2009, le Sénat doit en effet étudier le projet de loi qui transforme l’actuelle PCEM1 (la première année de médecine) en une L1 commune à quatre filières médicales : médecine, odontologie, sage-femme et – grande nouveauté – pharmacie. Le texte a déjà été adopté à l’Assemblée nationale le 16 décembre 2008. S’il était adopté au Sénat, la L1 santé serait ouverte à la rentrée 2009 dans toutes les facultés de médecine de France.  

Cursus modulable et réorientations  

Cette première année débouchera sur quatre concours distincts auxquels les étudiants pourront s’inscrire. 80 % des épreuves seront communes, les 20 % restants porteront sur des modules spécifiques. Le but est de réduire le pourcentage de collés qui s’élève à environ 85 % chaque année en PCEM1.

« La création de cette L1 santé s’accompagne d’un projet pédagogique. La réforme prévoit en effet que les étudiants puissent, dès la fin du premier semestre, et en fonction de leurs résultats aux partiels, choisir des options dans des matières où ils ont obtenu de bons résultats et où ils se sentent à l’aise, en vue de passer tel ou tel module à la fin de l’année. C’est la possibilité pour les étudiants de personnaliser leur cursus et donc d’ajuster leur orientation », explique le professeur Serge Uzan, doyen de la faculté de médecine de l'université Pierre-et-Marie-Curie. Par ailleurs, « une note minimale obtenue au concours sera nécessaire pour pouvoir doubler cette L1 santé », ajoute-t-il.

Le texte prévoit également que les étudiants dont les résultats sont trop faibles se réorientent dès le mois de janvier vers une autre licence. S’ils valident deux années de sciences et se mettent à niveau, ils pourront ensuite revenir en L1 santé. Toutefois, selon l’UPMC, la mise en application de cette réorientation a été repoussée à 2011. Enfin, une nouveauté : des passerelles vont être créées pour permettre à des étudiants d’autres horizons de rejoindre les formations de santé.  

Les étudiants pharmaciens inquiets

Cette réforme suscite des inquiétudes chez les étudiants en pharmacie. « Nous ne sommes pas contre certains points comme la mutualisation des cours mais nous estimons qu’il existe encore trop de problèmes de logistique et d’infrastructures pour mettre en place la réforme à la rentrée 2009. A Tours, nous passerions de 400 étudiants en première année de pharmacie à 1500 ou 2000 étudiants en L1 santé sans avoir eu le temps d’y réfléchir. L’idée serait de diviser les élèves sur deux sites éloignés de 25-30 minutes… En outre, sur le fond, nous ne voulons pas de cours en visioconférence. nous ne voulons pas non plus que les travaux dirigés, qui n’existent pas ou peu en médecine, soient supprimés, par exemple », explique Pierre-Emmanuel Metais, de l’ACEPT (Association corporative des étudiants en pharmacie de Tours).

Celui-ci souligne également que les lycéens intéressés par les études médicales sont aujourd’hui plongés dans un flou artistique. A Tours, comme dans d’autres villes de France, les étudiants ont entamé un mouvement (manifestations, grève) destiné à se prolonger jusqu’au passage du projet de loi au Sénat. Le 10 février 2009, une manifestation nationale est prévue à Paris. Objectif : faire reporter la réforme à la rentrée 2010.

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