En officialisant le 15 avril dernier le lancement du premier certificat international de maîtrise en arabe (Cima), l’Institut du monde arabe (IMA) dote la 5e langue la plus parlée au monde d’un système d’évaluation permettant de justifier du niveau d’un candidat. À l’instar des tests du TOEIC et du TOEFL pour l’anglais, du TCF pour le français ou encore du DELE pour l’espagnol. Des premières études jusqu’aux sessions pilotes, il aura fallu trois ans à la direction de l’IMA pour élaborer ce diplôme, sous l’expertise du Centre international d'études pédagogiques (CIEP), du ministère de l’Éducation nationale et le mécénat de compétences de Nokia. "Malgré ce que la loi Blanquer a décidé d’engager en termes d’enseignement plurilingue, il y a des manques du primaire à l’université", affirme Jack Lang, président de l'IMA.
Six niveaux de connaissance évalués
Aligné sur les standards du CECRL (cadre européen commun de référence pour les langues), le Cima évalue six niveaux de connaissance (de A1, A2, B1, B2, C1 et C2) et quatre compétences : compréhension écrite, compréhension orale, expression écrite et expression orale. "Il s’agit de textes en arabe littéral, la langue commune à tous les pays arabes, précise Mojeb Al Zahrani, directeur général de l'IMA. C’est la langue utilisée dans les médias, sur Internet, dans les institutions ou la littérature, de Bagdad à Rabat."
Quatorze centres sont agréés, à ce jour, en Europe et dans le monde arabe. Le Cima suscite d’ores et déjà de l'intérêt dans l'enseignement supérieur. "Nos étudiants sont de plus en plus nombreux à choisir l’arabe dans leurs parcours internationaux, confirme Isabelle Amblard, coordinatrice du département des langues à Sciences po. Le Cima nous intéresse pour en faire une option proposée, comme le TOEFL, pour évaluer nos étudiants dès le niveau B2."
Nous reconnaissons l’arabe comme une langue universelle qui doit être défendue bec et ongles et enseignée par les institutions publiques.
(J. Lang)
Même son de cloche du côté de l'école Polytechnique : sa coordinatrice du département des langues se dit ainsi "prête à envisager une collaboration" pour valoriser ses propres cursus de formation.
Une reconnaissance nécessaire
La première session parisienne aura lieu le 6 juin (date limite d’inscription le 20 mai), quelques jours après celle du lycée Paul Valéry de Meknès au Maroc. Le résultat obtenu donnera lieu à la délivrance d’un certificat valable trois ans. "Cela fait des années que j’attends ce moment, confie Mojeb Al Zahrani, très ému. J’ai enseigné à Alger et Abu Dhabi. À chaque fois qu’on me demandait l’existence d’une certification, je n’avais pas de réponse. Aujourd’hui, on donne à l’arabe un outil scientifiquement établi. Cela valorisera cette langue qui, jusqu’ici, souffre de son image dans l’espace linguistique en France et dans le monde."
Bien ancrée dans la ligne droite de sa mission de promotion de la langue arabe, l’IMA incarne ainsi un vrai changement des mentalités. Une manière de lutter contre les préjugés autour d’une langue qui a pourtant largement contribué au patrimoine universel de la connaissance. "Ne boudons pas notre plaisir, sourit Jack Lang. Nous reconnaissons l’arabe comme une langue universelle qui doit être défendue bec et ongles et enseignée par les institutions publiques". Prochaines étapes ? L’extension du nombre de centres d’examen, l’informatisation de tous les documents liés au Cima dès 2020 et l’ambition d’évaluer les jeunes de moins de 15 ans.
Le Cima en pratique
Aucun niveau, ni préparation ne sont requis pour s'inscrire au Cima. Des lycéens aux salariés, en passant par les personnes en recherche d’emploi, toute personne de plus de 15 ans peut s’inscrire aux épreuves dans un but académique, professionnel ou personnel. Il faut compter 2h30 pour passer le test. L’examen se déroule en quatre parties (compréhension orale : 35 minutes ; compréhension écrite : 45 minutes ; expression écrite : 60 minutes et expression orale : 10 minutes).