Le classement des Mines saison 2

Fabienne Guimont Publié le
Le classement des Mines saison 2
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Pour la deuxième année consécutive, l’Ecole des Mines de Paris sort son « classement international professionnel des établissements d’enseignement supérieur ». Il est fondé sur un critère unique : le parcours de formation des n°1 à la tête des 500 plus grandes entreprises retenues dans le magazine Fortune. Bousculant les hiérarchies classiques des palmarès internationaux, ce classement concentre de fortes critiques.

Sur les 350 établissements classés, les universités américaines et japonaises trustent la tête du classement : Tokyo university, Harvard, Stanford, Keio university, University of Pennsylvania. Quatre grandes écoles françaises (HEC, ENA, Sciences Po Paris et Polytechnique) se placent, dans cet ordre, parmi les 15 premiers. En revanche aucune université française ne se détache. La première, Paris Dauphine, apparaît au 64ème rang alors que la méthodologie indique qu’au-delà de la 60ème place le classement « perd de son sens »...

L’Ecole des Mines arrive 20ème – 10ème en 2007 - mais les 5 écoles classées de Paris Tech (sur onze) prendraient la 3ème place, « juste derrière Harvard », précise le directeur de l’Ecole des Mines. CQFD ? «Ce classement dresse un tableau moins désespérant que le classement de Shanghai », commente-t-il sobrement. Les auteurs du palmarès indiquent clairement que ce classement constitue un « outil de communication à l’international ».

Quel sens donner au classement français ?  

La dualité des établissements de formation français entre universités et grandes écoles pour la formation et la reproduction des élites économiques est une fois de plus démontrée. Classée 214ème en 2007, Normale sup ne figure même pas au tableau cette année. « C’est une excellente école, mais elle forme plutôt des enseignants et des chercheurs que des dirigeants d’entreprise », commente Benoît Legait.

Certains établissements critiquent vertement le classement des Mines, même parmi les classés en 2007. Les auteurs de Grandes écoles. Une exception française, paru en septembre 2008, le qualifient de « croquignolet ». Ils citent Gilbert Béréziat, ancien président de Paris 6, pourfendeur des grandes écoles : « Ce classement nous donne des billes. C’est l’illustration du mal français. Cela prouve qu’une toute petite caste se partage le pouvoir ». De quoi ranimer le débat au moment où Christian Philip a du mal à mettre d’accord toutes les parties prenantes dans sa commission sur le rapprochement des grandes écoles et des universités.  

Une proposition pour améliorer Shanghai

Le classement de Shanghai consacrait l’excellence de la recherche dans les établissements de formation. « On ne prétend pas faire le classement universel. On voulait regarder la pertinence des formations par rapport au critère économique en suivant la méthodologie de Shanghai, c’est-à-dire en collectant des données objectives, et non déclaratives de la part des établissements classés [NDLR : les CV des dirigeants]», explique Benoît Legait. Son but ultime ? Faire intégrer un jour son critère de formation des dirigeants dans ce « maudit » classement chinois. Rencontré en mai 2008, le professeur de l’université de Jiaotong à l’origine du palmarès de Shanghai ne le souhaite pas pour l’heure. Comme pour les prix Nobel pris en compte 100 ans en arrière dans son palmarès, il a demandé à l'Ecole des Mines que le critère français fasse de même en remontant le temps des recrutements des entreprises, sur un siècle…

Méthodologie Le classement répartit les points entre les différents établissements où le dirigeant a obtenu un de ses diplômes. Harvard est ainsi souvent citée pour son MBA. A contrario, Carlos Ghosn, ancien élève de l’ENSMP rapporte des points à cette école à la fois comme dirigeant de Renault et de Nissan Motor.      

Fabienne Guimont | Publié le