Depuis plusieurs années, la région Auvergne-Rhône-Alpes se positionne comme la première région industrielle de France. Elle se distingue par des investissements importants dans des secteurs tels que l'industrie verte et les technologies décarbonées.
Néanmoins, la région continue de manquer d’ingénieurs et de techniciens, malgré la présence de nombreux acteurs de l’enseignement supérieur sur le territoire. Face à une désaffection grandissante pour les études d’ingénierie, les quatre écoles d’ingénieurs du Collège d'ingénierie Lyon Saint-Étienne ont souhaité diversifier leur offre de formation.
Ainsi, à la rentrée 2024, Centrale Lyon, ENTPE, Insa Lyon et Mines Saint-Étienne ont lancé ensemble un "bachelor assistant ingénieur mutations technologiques et industrielles" afin de répondre aux besoins des branches professionnelles de la région mais aussi pour attirer de nouveaux viviers, comme les jeunes issus de milieux moins favorisés.
Le Collège d'ingénierie Lyon Saint-Étienne
Le Collège d'ingénierie est une alliance regroupant quatre écoles d'ingénieurs : Centrale Lyon, l'ENTPE, Insa Lyon et Mines Saint-Étienne. Créé en 2022, il vise à développer des actions communes en ingénierie permettant des synergies dans les domaines de la formation, de la recherche et de l’innovation. Au total, ces écoles comptent plus de 1. 100 doctorants et 1.300 personnels d’enseignement et de recherche.
Dès la création du Collège d'ingénierie, Pascal Ray, directeur de l’École Centrale de Lyon, évoquait ce projet de bachelor qui doit "répondre au besoin des entreprises, notamment les ETI et PMI, de recrutement d’assistants ingénieurs", indiquait-il.
Quatre spécialités et un accès rapide au monde du travail
En lien avec la Région Auvergne Rhône-Alpes, le Collège d'ingénierie a d'abord initié un diagnostic emploi/compétences/formation en amont de la création du bachelor. Une période d’échanges avec les entreprises a permis de définir ensemble les compétences requises aux postes cibles de ces formations.
En effet, le bachelor vise à favoriser un accès rapide au monde du travail grâce à un statut d’apprenti dès la deuxième année. Les entreprises partenaires des écoles s’engagent à accueillir les étudiants en alternance.
"Le bachelor n’est pas un diplôme de poursuite d’études mais bien une voie pour l’insertion professionnelle. Il s’agit de répondre au besoin de recrutement des secteurs en tension, comme le nucléaire en Auvergne-Rhône-Alpes. On a un besoin plus criant de techniciens que d’ingénieurs", confirme Frédéric Fotiadu, directeur de l'Insa Lyon.
Deux spécialités sont d’ores et déjà proposées, l’une en génie civil et environnement, un diplôme de Centrale Lyon, et l’autre en plasturgie et écologie industrielle, un diplôme de l’Insa Lyon. Et deux autres spécialités seront ouvertes l’an prochain, l’une dans les technologies numériques avec RTE, le gestionnaire du réseau de transport, et l’autre sur la régulation thermique. Toutes les spécialités auront le grade de licence.
Une année de pré-bachelor pour recruter des profils atypiques
Le projet porte un autre volet atypique puisque le Collège d'ingénierie souhaite proposer une année préparatoire au bachelor, toujours dans un objectif d’élargir son public. Cette année spécifique permettra d’accueillir aussi bien des bacheliers généraux ayant choisi des doublettes de spécialités atypiques que des bacheliers techno ou des étudiants en réorientation (bac+1/+2).
"Cette nouvelle année serait une année de maturation du projet professionnel de l’étudiant. On croit beaucoup à ce dispositif là. Il faut qu’on intègre l’extrême volatilité des choix des élèves", affirme Frédéric Fotiadu.
L’Insa Lyon doit accueillir cette nouvelle voie d’accès au bachelor. Les étudiants auront l’occasion de se déplacer sur les sites des autres écoles d’ingénieurs pour découvrir les spécialités de bachelor.
Le Collège d’ingénierie doit désormais trouver les 5,8 millions d’euros nécessaires à l'ouverture de cette année de préparation au bachelor, qui pourrait accueillir 25 étudiants à la rentrée prochaine. La Région Auvergne-Rhône-Alpes apporte son soutien depuis deux ans sur cette création de bachelor. Le Collège a également déposé un dossier Compétences et Métiers d'avenir dans le cadre de France 2030 pour financer l'amorçage de la formation sur cinq ans.
Le Collège d'ingénierie et l'Université Jean Monnet lancent six thèses sur l'industrie et la société décarbonées
C'est un nouveau dispositif en matière de recherche. Le Collège d’ingénierie Lyon Saint-Étienne et l’Université Jean-Monnet lancent un "bouquet de thèses", qui regroupe six thèses de doctorat autour de l’enjeu sociétal "industrie et société décarbonées".
Portées par 14 encadrants et huit laboratoires, ces thèses viendront mobiliser des disciplines variées et favoriser une approche interdisciplinaire. Cette initiative vise à développer des solutions technologiques innovantes et réfléchies, avec des échanges réguliers entre doctorants et laboratoires.