Le coup de colère des directeurs de labos

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Le coup de colère des directeurs de labos
Photo: Sabrina Dourlens // © 

Les directeurs de laboratoires ont « des propositions à faire sur l’évolution de la politique de recherche » : c’est ce qu’ils ont voulu signaler en organisant la réunion du  4 mars au Collège de France, où environ 500 ont répondu présents. Des propositions de réformes qu’ils remettront sous forme de rapport au terme de deux mois de réflexions, menées au sein de chaque unité de recherche et recueillies par un groupe de travail.

Deux mois de réflexion

« Nous avons notre mot à dire. Même si la destruction du CNRS n’est pas à l’ordre du jour, il est question de le transformer de façon dangereuse », prévient Gérard Chaouat, coordinateur d’un réseau d’excellence européen. « Réformer d’accord, mais cela doit se faire en concertation avec la communauté scientifique, et non pas seulement avec l’avis de quelques experts », réenchérit Philippe Blache, l’un des directeurs de laboratoire organisateurs de cette réunion.

Un bilan du Pacte pour la Recherche

Dans leur communiqué, les directeurs de labos demandent une évaluation des réformes déjà mises en place depuis le Pacte pour la Recherche : « ce bilan doit être un préalable à toute nouvelle réforme qui, à défaut, constituerait une fuite en avant ». Financements par projet avec l’ANR, évaluation par l’AERES, projet de restructuration des organismes : les mesures s’accumulent et l’inquiétude gagne le personnel des organismes de recherche. Loin de les rassurer, le discours de Nicolas Sarkozy du 28 janvier 2008 remet en question le rôle d’opérateur scientifique des organismes de recherche, en les imaginant devenir des agences de moyens qui, « déchargées du poids d'une partie de la gestion administrative et financière » par les universités, placée au centre de la recherche, « mettront en œuvre la politique scientifique que le gouvernement leur aura confiée ».

Un bouleversement des missions du CNRS

Autant dire, pour eux, dépossédés de leur libre-arbitre et de leur rôle de pilote de la recherche. La feuille de route que Valérie Pécresse a soumis à Catherine Bréchignac, la présidente du CNRS, a soulevé une autre angoisse. Elle recommande de « substituer aux départements scientifiques actuels une structuration en grands instituts nationaux de recherche », spécialisés, placés sous la responsabilité de la direction générale. « Cette transformation entraînerait un bouleversement total des missions du CNRS et de sa principale caractéristique, celle d’être avant tout un opérateur pluridisciplinaire », alerte Philippe Blache.

A ces inquiétudes s'en ajoutent une autre : le possible retour au gouvernement de Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie de 1997 à 2000.

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