Le plan de Najat Vallaud-Belkacem pour ouvrir les BU soirs et week-ends

Cécile Peltier Publié le
Le plan de Najat Vallaud-Belkacem pour ouvrir les BU soirs et week-ends
Le ministère accompagnera la mise en œuvre de ce plan à hauteur de 75%, le dernier quart restant à la charge de l'établissement ou à celle de ses éventuels partenaires. // © 
Élargir les horaires d'ouverture des BU le soir, le week-end et pendant les principales périodes de révision des examens. C'est l'objectif du plan "Bibliothèques ouvertes", présenté ce 1er février 2016 par la ministre de l'Éducation nationale.

Une soirée ou un week-end en bibliothèque pour boucler un devoir ou préparer un partiel. Cette scène est encore trop rare en France... Et pour cause : malgré les efforts consentis ces dernières années par les universités pour allonger les heures d'ouverture, les bibliothèques universitaires françaises restent accessibles en moyenne 61 heures par semaine contre 65 heures en Europe et 69 heures outre-Rhin.

Moins d'une sur cinq (19%) ouvre ses portes après 20 heures ; près de 4 sur 10 (38%) sont fermées le samedi, et quasiment toutes (96%) le dimanche.

Et même quand elles sont ouvertes, les étudiants ne sont pas sûrs de trouver un siège. Le nombre de places assises – 130.000 sur l'ensemble du territoire – augmente moins vite que le nombre d'étudiants (+1,7% de places entre 2011 et 2014 et +4,5% d'étudiants).

Une BU ouverte dans chaque université jusqu'à 22 heures

Pour y remédier, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, annonce pour la rentrée 2016 le lancement du plan "bibliothèques ouvertes". Objectif ? Avoir au moins une BU ouverte dans chaque université jusqu'à 22 heures du lundi au vendredi, le samedi après-midi et pendant les périodes de révision (vacances de Noël et de printemps). Les étudiants des 40 plus grandes villes de France devront aussi pouvoir disposer d'une BU le dimanche après-midi.

Afin d'améliorer la qualité de l'accueil, les bibliothèques devront se doter de dispositifs de comptage des places disponibles et d'évaluation du temps d'attente, accessibles en ligne ou depuis un mobile. Et seront invitées à se lancer dans des démarches de certification et à développer la coopération entre bibliothèques universitaires ou avec les bibliothèques municipales.

12.7 millions d'euros sur trois ans

Le ministère s'engage à accompagner les dépenses des établissements (universités ou regroupements) pour la mise en œuvre de ce plan à hauteur de 75 %, le dernier quart restant à leur charge ou à celle de leurs éventuels partenaires.

Allouée sur la base d'un appel à projets, l'enveloppe couvrira "le recrutement de trois emplois étudiants sur les nouveaux horaires, un forfait pour les dépenses de gardiennage, et la prise en charge du déploiement d'une solution de comptage."

25 emplois de coordonnateurs seront créés au sein des regroupements d'établissements en 2017, afin d'assurer le suivi et la mise en place du dispositif, ainsi que la négociation des accords avec les collectivités territoriales.

Dans l'hypothèse où les 75 universités candidateraient, l'investissement représenterait jusqu'à 12,7 millions d'euros sur trois ans. 

Un groupe de travail (MENESR, ministère de la Culture et de la Communication, CPU, Cnous, organisations étudiantes, associations du monde des bibliothèques, représentants des collectivités territoriales) va rapidement commencer à plancher sur le cahier des charges de l'appel à projet, prévu pour fin février. Les résultats seront connus en mai, pour une entrée en vigueur du plan en septembre 2016.

un satisfecit prudent

Du côté des organisations étudiantes qui avaient porté la question dans le cadre du Plan national de la vie étudiante présenté en octobre 2015, l'ambiance est au satisfecit prudent. "C'est une annonce plutôt positive, mais il ne faut pas se leurrer, les moyens avancés ne seront pas suffisants pour rattraper le désengagement de ces dernières années en matière de politique documentaire", estime Martin Bontemps, vice-président de l'Unef. 

"Cette annonce est une bonne nouvelle pour l'ensemble des étudiants, notamment celles et ceux ayant des rythmes contraints, comme les étudiant salariés, mais nous serons attentifs aux modalités de mise en place", renchérit Alexandre Leroy, président de la Fage.

"Cet élargissement ne devra pas reposer sur l'utilisation de volontaires en service civique. Il ne doit pas non plus masquer l'affaiblissement, notamment financier, dont sont victimes les universitaires de documentation et de facto, les étudiants. Beaucoup d'universités par exemple n'ont pas les moyens de renouveler leur stock documentaire ou de payer des abonnements à des revues ou des bases de données", ajoute-t-il.

Cécile Peltier | Publié le