Innovatives SHS : les sciences humaines et sociales tiennent salon

Martin Clavey Publié le
Innovatives SHS : les sciences humaines et sociales tiennent salon
À Marseille, la troisième édition du salon Innovatives SHS a attiré en moyenne près de 500 personnes par jour. // ©  Martin Clavey
Pour promouvoir les projets de recherche en sciences humaines et sociales, le CNRS organisait, les 17 et 18 mai 2017, à Marseille la troisième édition d'Innovatives SHS. Si ce salon permet aux chercheurs de rencontrer les investisseurs, il offre aussi et surtout aux chercheurs l'occasion d'échanger.

C'est au moment où le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ajoutait l'Innovation à son intitulé que la troisième édition du salon Innovatives SHS ouvrait ses portes à Marseille. Depuis 2013, tous les deux ans, le CNRS organise cet événement, consacré à la présentation de projets de recherche appliquée en sciences humaines et sociales.

"Dès l'origine, ce salon a eu une ambition double", rappelle Patrice Bourdelais, directeur de l'InSHS (institut des sciences humaines et sociales du CNRS). "Il s'agit de faire rencontrer les équipes, mais aussi de populariser et de diffuser nos opérations de valorisation au sein du tissu économique, qu'il s'agisse des entreprises, des grands groupes, des municipalités, des agglomérations, etc."

Deuxième pôle régional de recherche en SHS

Après deux éditions à Paris, les organisateurs, en coopération avec Aix-Marseille Université, l'Inserm et l'IRD (Institut de recherche pour le développement), ont parié en 2017 sur une formule délocalisée, au cœur de la deuxième ville de France, qui se trouve être également le deuxième pôle régional de recherche en SHS.

L'implantation d'une Idex, la présence de nombreux Equipex et Labex en SHS sont "une force considérable pour la valorisation de ces disciplines", souligne Yvon Berland, président de l'Université d'Aix-Marseille.

L'InSHS et ses partenaires ont consacré un budget de 350.000 euros à cette édition marseillaise, soit 6 % du budget annuel de soutien aux laboratoires de l'InSHS. Dans ses versions parisiennes, le salon avait attiré 700 visiteurs par jour en 2013 et près de 1.150 en 2015.

L'édition 2017 a attiré un peu moins de 500 personnes par jour. Cette baisse de fréquentation, sans doute due au changement de site, pourrait remettre en cause la politique de délocalisation testée cette année.

Des rencontres entre chercheurs d'horizons divers

Les projets présentés à Innovatives SHS sont éclectiques, tant par les disciplines de recherche dont ils sont originaires que par leur domaine d'application : d'Aïoli, plate-forme d'annotation en ligne de représentations 3D d'objets patrimoniaux, à Robo-k, robot de rééducation à la marche, en passant par le Politoscope, outil d'analyse de la prise de parole politique sur Twitter.

Mais la diversité se trouve aussi dans les niveaux d'avancement des projets. Pour certains, comme le tout jeune institut de recherche en musicologie Iremus, le salon est la première étape de valorisation du projet. Pour d'autres, c'est l'occasion de chercher à pérenniser le projet et d'attirer de nouveaux investisseurs.

Ces disciplines sont difficiles à valoriser parce qu'elles sont intangibles.
(E. Ribeiro)

C'est le cas d'Emmanuel Bonnet, géographe à l'IRD. Il présente un moyen de collecter des données pour analyser la morbidité et la mortalité des accidents de la route dans des pays en développement tels que le Burkina Faso, grâce à une application mobile. S'il espère d'abord montrer son projet à la communauté scientifique, il est également venu au salon pour rencontrer d'autres partenaires, comme des industriels de la téléphonie mobile ou des grands groupes pour qui la sécurité routière en Afrique de l'Ouest est un enjeu d'implantation.

Peu d'entreprises et d'acteurs économiques présents

Si l'une des ambitions est de mettre en relation chercheurs et acteurs économiques, reste que les visiteurs venus sur le salon sont, pour la plupart, chercheurs. Très peu sont des représentants de grandes entreprises ou des investisseurs.

"Le salon répond bien à l'objectif de promotion, de lisibilité et de visibilité de la recherche en SHS (...), mais il y a encore un entre-soi très important, dont le CNRS et l'InSHS ont bien conscience", note Émilie Ribeiro, chargée de projet spécialisée en SHS au sein de la SATT (société d'accélération du transfert de technologies) Lyon-Saint-Étienne.

"Ces disciplines sont difficiles à valoriser parce qu'elles sont intangibles. Elles ont aussi des spécificités d'ordre juridique, notamment en matière de propriété intellectuelle, car les résultats de recherche sont peu matérialisés", ajoute-t-elle.

En revanche, le salon Innovatives SHS remplit de mieux en mieux son premier objectif, en devenant, au fil des éditions, un point de rencontre entre chercheurs et, qui sait, le point de départ de nouvelles collaborations.

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