Le Snesup dénonce "le bluff des 1.000 emplois" à l'université

Camille Stromboni Publié le
Une rentrée "très délicate". Pour le Snesup (syndicat national de l'enseignement supérieur), l'année s'annonce de nouveau sous le signe de la pénurie dans les universités. Avec un message ministériel qui fait "bondir" ses secrétaires généraux : la création de 1.000 emplois, alors que les gels de postes se poursuivent dans les établissements.

"La rentrée 2013 est très délicate, voire catastrophique étant donnée la situation budgétaire des établissements", a résumé Marc Neveu, co-secrétaire général du Snesup, lors de la conférence de rentrée du syndicat le 17 septembre 2013.

Une mesure de la ministre de l'Enseignement supérieure et de la Recherche a particulièrement fait bondir le syndicat : "le coup des 1.000 emplois à l'université, c'est un bluff extraordinaire", s'énerve Claudine Kahane, co-secrétaire générale. "Nous avons plutôt recensé 450 nouveaux postes gelés cette année dans les universités, qui s'ajoutent à ceux des années précédentes ! Sans oublier des budgets de fonctionnement en diminution de 7,2% en moyenne. C'est donc d'abord une opération de communication", a déploré Marc Neveu.

Une forte pression sur les enseignants-chercheurs pour réduire les coûts

Les deux responsables ont souligné l'impact de la difficile situation financière des établissements sur le travail des enseignants-chercheurs, avec des incitations à mutualiser les cours, des augmentations du nombre d'étudiants en TD (travaux dirigés), ou encore des cours magistraux payés au tarif des TD…
"Les collègues subissent une très forte pression de réduction des coûts. Nous allons vers un système qui restreint la liberté pédagogique de l'enseignant, au détriment de la qualité des cours et des formations", a estimé Marc Neveu.

"Avec les RCE (responsabilités et compétences élargies), l'Etat a transmis aux établissements la gestion de la pénurie", insiste-t-il. Une "patate chaude" que les établissements font désormais passer au niveau en dessous : celui des composantes, chargées de déterminer les postes à supprimer et les coupes budgétaires à effectuer, dénonce le syndicat qui défend, outre un vrai soutien financier, au minimum une gestion nationale de cette pénurie, afin de maintenir une cohérence de l'offre de formation globale.

La rentrée n'est "pas rose" dans les Espé
"Les personnels des Espé sont dans des situations très inquiétantes, a affirmé la co-secrétaire générale du Snesup, Claudine Kahane. La question de l'intégration des personnels des IUFM dans ces écoles, qui devait se dérouler selon le choix de chacun, demeure très confuse. Une clarification du ministère est indispensable."

La situation est encore plus complexe du côté des étudiants qui se trouvent dans des situations très diverses, ajoute le Snesup : les uns viennent d'une licence, les autres ont un master 1, voire un master 2, d'autres encore ont réussi une partie du concours... "Résultat : les conditions d'inscription sont parfois invraisemblables, décrit la responsable. La complexité pédagogique pour gérer ces multiples profils est également très forte. Le ministère doit préciser les choses et régler les nombreuses difficultés rencontrées, en raison de la précipitation de cette réforme."

Camille Stromboni | Publié le