LearnSpace, un accélérateur de start-up EdTech mis sur orbite

Camille Pons Publié le
LearnSpace, un accélérateur de start-up EdTech mis sur orbite
Une première "vague" de 5 à 10 de start-up sera accueillie à partir de mi-mai dans un espace de coworking parisien. // ©  plainpicture/Astrakan
Inspirée par ses voyages consacrés à explorer les pratiques pédagogiques numériques dans le monde, la cofondatrice d'EdTech World Tour, Svenia Busson, lance un accélérateur dédié aux start-up du secteur. Ce LearnSpace sera un lieu de rencontres et d'expérimentation rassemblant des chercheurs, des enseignants et des entrepreneurs "aguerris".

De ses années passées à voyager à travers le monde "pour voir comment apprendre et faire apprendre avec le numérique" et de ses nombreuses rencontres avec des start-up, cette ancienne étudiante de HEC fait une observation majeure : "Les start-up de EdTech peuvent avoir des idées brillantes mais, partout dans le monde, elles rencontrent des difficultés d'accès aux marchés, aux terrains d'expérimentation et aux experts, notamment les enseignants et les chercheurs qui ont pourtant des connaissances à leur apporter sur la meilleure façon d’apprendre."

Avec une équipe de quatre partenaires (dont deux doctorantes en sciences et psychologie cognitives, Nawal Abboub et Calliste Scheibling-Sève), Svenia Busson lance un programme d'accélération de start-up spécialisées en EdTech.

L'objectif de ce LearnSpace ? Offrir un lieu de rencontre avec des chercheurs, mais aussi des enseignants et des entreprises, comme Google, Accenture et Carrefour qui offriront des terrains d'expérimentation et des retours d'expérience, afin de "créer un produit éducatif vraiment efficace".

Lancer des outils bien conçus

Car, en plus de se positionner sur une activité encore rare alors que ce marché mondial pourrait représenter près de 260 milliards de dollars à l'horizon 2020 selon les estimations d'IBIS Capital, Svenia Busson confie que la création de ce LearnSpace est aussi motivée par la volonté d'en finir avec des "solutions digitalisées calquées sur d'autres et d’énièmes plates-formes de cours particuliers en ligne".

"Le numérique peut être très efficace en termes de rétention et de plaisir d'apprendre. Mais je vois trop d'outils dont les retombées ne sont pas vérifiées, ou qui font joli dans les classes. Il faut qu'ils soient pensés de façon plus rigoureuse", souligne-t-elle.

D'où la résolution également d'apprendre aux start-up "à s'adresser aux acheteurs et prescripteurs qui ne sont pas, souvent, les utilisateurs finaux et à créer des outils qui parlent aux uns et aux autres". Un travail sur leur croissance qui se fera aussi avec l'aide de "mentors". Parmi ceux déjà associés, les cofondateurs d'OpenClassrooms et de Kahoot !, Mathieu Nebra et Jamie Brooker.

S’ouvrir sur l'Europe

C'est le premier accélérateur du genre en France, après que l'école de commerce de Reims, Neoma BS, a annoncé le lancement de son propre programme, dont le recrutement devrait, lui, commencer en avril.

Mais ce LearnSpace a vocation à se distinguer de ce second programme par son positionnement, précise la directrice générale, "en étant non pas axé sur l'enseignement supérieur, mais sur l'apprentissage tout au long de la vie et l’ouverture sur l'Europe". La sélection se fera en effet à l'échelle européenne et le programme intégralement suivi en anglais.

Le LearnSpace doit accueillir une première "vague" de 5 à 10 de start-up à partir de mi-mai, dans un espace de coworking, à Paris. En plus d’une à deux masterclass collectives organisées chaque semaine (comment lever des fonds, faire un bon pitch...), elles suivront un programme "personnalisé" de dix semaines.

Avec, en clôture, une "demo day" en présence de potentiels investisseurs. Programme qui sera financé via des conventions passées sur trois ans avec des entreprises, d'édition ou de soutien scolaire par exemple, et un versement par les start-up de 3 à 5 % de leurs parts à l’accélérateur.


Sélection : l'esprit d'équipe avant tout
L'appel à candidatures a été lancé lors du premier anniversaire de l'observatoire de l'EdTech [dont EducPros est partenaire], le 8 mars 2018, et a démarré via le site f6s.com. Quatre critères sont ciblés pour retenir "les start-up les plus prometteuses", selon Svenia Busson : présenter "un prototype et pas seulement une idée", un produit "novateur", un marché avec son potentiel de croissance et, surtout, une équipe qui doit faire preuve de "résilience et avoir envie de durer dans le temps".

Camille Pons | Publié le