L'école de podologie de Marseille mise définitivement à pied

Mersiha Nezic Publié le
L'école de podologie de Marseille mise définitivement à pied
Le métier de pédicure-podologue sera désormais accessible via 12 instituts de formation en France. // ©  ©Francois HENRY/REA
L’ARS (Agence régionale de santé) et la région Sud viennent de statuer sur le non-renouvellement de l’autorisation de dispenser la formation de l’école de podologie de Marseille. En cause : "un grand nombre de dysfonctionnements" au sein de l’école. Celle-ci conteste la décision en saisissant le juge administratif.

Le couperet est tombé pour l’école de podologie de Marseille, dont l’autorisation de dispenser la formation n’est pas renouvelée. C’est à l’issue d’une instruction détaillée ouverte en 2016 qu’ont tranché la région et l’ARS (Agence régionale de la santé).

En cause, "un climat social et scolaire délétère" au sein de cet établissement privé et "l’absence de conformité du projet pédagogique à la loi". "Les stages en milieu clinique, proposés aux étudiants de manière anarchique, ne sont pas articulés en fonction du projet pédagogique", explique-t-on dans l’entourage du président de la région, Renaud Muselier (Les Républicains). La même source pointe un "profond malaise au sein de l’école directement lié aux conditions d’études. Les étudiants se demandent s’ils seront employables à l’issue de la formation".

Des dysfonctionnements en série

Plus grave, la région disposerait de témoignages qui font état d’un "malaise d’ordre psychique, des cas de gestion abusive, un traitement moral de certains étudiants qui n’est pas adapté à une école de formation…". En outre, la région et l’ARS s’inquiètent de la "conformité des locaux aux règles de sécurité insuffisamment démontrée". "Le dossier de l’ARS est très clair et étayé", explique-t-on dans l’entourage du président de la région.

De son côté, l’école de podologie de Marseille réfute en bloc ces accusations. L’établissement a saisi le juge administratif d’une requête en référé pour demander "la suspension en urgence" de ces "décisions illégales". Le président de l’organisme gestionnaire de l’école, Patrick Gil, dénonce un "acharnement gratuit, un harcèlement administratif incompréhensible" et "une procédure anormale et abusive". "Depuis trois ans, nous n’avons que des ennuis. L’ARS nous demande des documents les uns après les autres. Et ce n’est jamais le bon", affirme-t-il.

Des étudiants dans l'impasse

Autre grief formulé par la région : le maintien des épreuves du concours d’entrée par l’école de podologie alors que celle-ci aurait reçu "une notification claire et anticipée de ce non-renouvellement". Ce qui "risque de laisser dans la plus grande difficulté les élèves qui auraient été retenus". De son côté, l’école explique que l’injonction de suspendre le concours ne lui a été adressée que quelques jours avant la date des épreuves. Or, "les candidats avaient déjà pris leurs dispositions, réservé des billets de train, des hébergements à Marseille", commente Patrick Gil.

Que va-t-il se passer, maintenant ? "L'école ne peut pas admettre de nouveaux étudiants à partir de l’année prochaine, reprend la source proche du président de la région. Mais il ne faut pas laisser les étudiants actuels sur le carreau. Ceux qui sont en première, en deuxième et en troisième années dans cette école doivent pouvoir aller au bout de la formation. Mais dans deux ans et demi, cette école devrait fermer". Sans l'école de Marseille, le nombre d'instituts qui forment les futurs pédicures-podologues passe à 12. Et l'établissement le plus proche se trouve à Lyon.

Mersiha Nezic | Publié le