Les classes prépas, ascenseur social ou machine de reproduction des élites ?

Sophie Blitman Publié le
Alors que la réforme envisagée par le ministre de l'Education nationale a fait descendre dans la rue une majorité d'enseignants de CPGE, la controverse autour des prépas outil de promotion ou, à l'inverse, de reproduction sociale revient sur le devant de la scène. Dans ce contexte, nous vous proposons une mise en perspective avec des chiffres clefs.

Lundi 9 décembre 2013, 60% des enseignants de CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) se sont mis en grève pour protester contre le projet de réforme de Vincent Peillon. Si la défense du pouvoir d'achat était l'une des principales revendications, un autre argument a été mis en avant, notamment par des enseignants de "petites prépas de province" : le rôle d'ascenseur social que joueraient les classes préparatoires. Un point de vue que les chiffres du recrutement dans ces formations sélectives viennent cependant nuancer.

En effet, même si les prépas ont fait des efforts en matière d'égalité des chances depuis plusieurs années, le manque de diversité sociale reste criant : près de la moitié des élèves sont des enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures, contre 30% pour l’ensemble des étudiants. De même, le taux de boursiers en CPGE, quoiqu'en progression, est inférieur à celui des autres filières : 28% contre 36% pour l'ensemble des étudiants.

Néanmoins, d'autres chiffres montrent que la petite proportion d'élèves de milieux défavorisés entrant en classe préparatoire ont statistiquement beaucoup plus de chances que la moyenne de décrocher un diplôme – qui reste aujourd'hui la meilleure barrière contre le chômage. Comme le souligne la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) dans une note de juin 2012, "à caractéristiques comparables, l’orientation prise à l’entrée dans l’enseignement supérieur a un effet déterminant dans l’accès à un diplôme bac+5 : par rapport à une inscription dans le premier cycle universitaire, une inscription en CPGE favorise très significativement la probabilité d’aller jusqu’à ce niveau".

En effet, 98% des élèves de prépa sortent finalement diplômés de l'enseignement supérieur, soit 16 points de plus que la moyenne et 5 de plus que pour les IUT, qui sélectionnent aussi ses lycéens. Surtout, 82% des préparationnaires obtiennent un diplôme de niveau bac+5, contre seulement 30% des étudiants en moyenne et 38% pour ceux passés par un IUT.


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