Les deux écoles normales supérieures (ENS) vont enfin recruter de concert... ou presque. Dans un premier temps (en 2009), seules trois épreuves écrites seront mutualisées : histoire, philosophie, langue vivante. « Contrairement aux scientifiques ou aux commerciaux, les concours littéraires sont jusqu’à présent très divisés, rappelle Olivier Faron, directeur de l’ENS LSH (lettres, sciences humaines) à Lyon. Or, les littéraires passent ces concours les uns après les autres. Il fallait donner de la cohérence à l’ensemble. » Une petite révolution dans les deux prestigieuses institutions. « Il nous a fallu aller au-delà de nos différences culturelles tout en maintenant notre complémentarité », explique Jean-Charles Darmon, directeur adjoint de l’école de la rue d’Ulm.
L’ENS parisienne, célèbre pour exiger de ses candidats une érudition sans limite, a dû, pour les trois épreuves écrites communes, limiter les contours du programme. « Mais, pour les épreuves orales, il garde son amplitude », prévient-on. Dès la rentrée prochaine, une hypokhâgne indifférenciée verra le jour. Elle sera suivie d’une khâgne menant plus spécifiquement à l’un ou l’autre concours. L’objectif du « déverrouillage » des épreuves est de faciliter l’accès à plusieurs concours, les ENS (1), mais aussi à terme l’École des chartes, certains IEP et écoles de commerce et de journalisme, qui puiseront dans cette banque de notes labellisée « ENS ». L’annonce récente de Sciences po Paris de ne plus recruter à l’issue de l’hypokhâgne (ni de la khâgne) court-circuite un peu ce beau dispositif... Jean-Charles Darmon ne s’alarme pas pour autant : « Sciences po Paris recrutera un an après la khâgne. Et les choses ont le temps d’évoluer d’ici à 2009. » Les artisans de cette réforme espèrent relancer l’idée d’une « grande filières de lettres ».
(1) Actuellement, seuls une dizaine de candidats par an présentent les deux concours.