Les COP encore une fois critiqués

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Le Haut conseil de l’éducation s’est penché dans son rapport 2008 sur l’orientation scolaire. En 2006-2007, environ deux millions de collégiens et de lycéens ont eu à faire un choix de formation. Et alors que le diplôme reste une protection contre le chômage, il y a urgence à réduire le nombre de ceux qui arrêtent leurs études sans qualification afin de les diplômer au bon niveau et dans des secteurs qui offrent des débouchés. Aujourd’hui, 120 000 jeunes sortent chaque année sans diplôme secondaire, selon les chiffres du ministère. Le HCE préconise quatre priorités pour réformer l’orientation scolaire.  

Instaurer une tutelle unique

L’orientation actuelle est assurée par l’Etat et par le secteur privé qui propose des services « attractifs et payants ». Mais rien que pour l’Etat on compte un grand nombre de structures, placées sous des tutelles différentes (Education nationale, Emploi, chambres des métiers, chambres de commerce, communes) et qui se font largement concurrence.   

Redéfinir le poste du conseiller d’orientation

Il existe 4300 conseillers d’orientation-psychologues. Comme le souligne le rapport, ces conseillers ne sont pas réellement pilotés. Ce sont eux qui décident des tâches qui leur conviennent, sans que cela corresponde nécessairement aux besoins des jeunes. Et bien que fonctionnaires, ils ne sont ni réellement dirigés par la direction du CIO (centre d’information et d’orientation), ni inspectés. Le rapport préconise que ces COP reçoivent une formation adaptée, et pas uniquement une licence de psychologie comme c’est le cas maintenant, et qu’ils soient placés sous l’autorité d’un chef d’établissement. Leur travail devrait être évalué. Il suggère l’arrêt du recrutement des conseillers d’orientation psychologues actuels. Quant aux directeurs des CIO, ils devraient relever de la Région.

Faire participer les professeurs

D’anciens professeurs pourraient devenir conseillers d’orientation (ou exercer à temps partiel). Et des spécialistes de l’insertion pourraient être embauchés.   Des professeurs volontaires et rémunérés pourraient en plus de leur métier avoir la tâche d’aider des élèves à construire leur projet d’orientation. Ces professeurs recevraient alors une formation adéquate.  

Renforcer l’éducation à l’orientation

Le Haut conseil de l’éducation préconise une éducation à l’orientation effective et souligne l’intérêt de l’option « découverte professionnelle » de trois heures par semaine en classe de troisième qui devrait être généralisée à tous les collèges. L’annualisation des horaires de découverte professionnelle, actuellement en expérimentation, devrait permettre la multiplication de rencontres avec des professionnels.                  

Un diagnostic connu

Dans leur bilan 2008, les neuf membres du Haut conseil de l’éducation désignés pour six ans par différentes instances de l’Etat (Président de la République, Assemblée nationale,  président du Sénat, président du conseil économique et social) ont dressé un constat largement connu du système d’orientation. 

L’élève n’a pas forcément le choix
Le rapport souligne notamment qu’on oriente souvent les élèves là où il y a de la place et non en fonction de leurs souhaits ou des débouchés. Selon la région où il habite, un élève n’aura ainsi pas les mêmes opportunités. Les anciennes régions industrielles comme le Nord ont beaucoup d’offres de CAP-BEP, tandis qu’en  Ile-de-France, c’est l’inverse, l’enseignement général et technologique prédomine et la région manque de formations professionnelles. Le bon élève est l’académie de Nantes où le nombre  et le niveau de diplômés est le plus élevé. La raison ? Cette académie offre un panel diversifié de formations de tous niveaux et de tous statuts.

Des formations sans débouchés à foison
Ensuite, l’orientation est éloignée des besoins économiques. Ainsi, le rapport dénonce l’absence de filière de formation dans des secteurs fortement demandeurs, alors qu’à l’inverse il existe des filières pléthoriques sans possibilité d’insertion. Exemple : un élève de CAP-BEP sur trois est en formation de comptabilité ou de secrétariat. Une voie largement bouchée car pour ces postes les entreprises réclament désormais des titulaires du bac au minimum.

Les besoins sont connus…mais rien ne change 
Peut-on rééquilibrer les formations en fonction des besoins ? Ce n’est pas si simple. Alors que normalement il existe un PRDF (plan régional de développement des formations), les PRDF même s’ils ont diagnostiqué le problème parviennent rarement à le résoudre. Difficile de fermer un établissement contre l’avis d’un élu, recycler des professeurs, d’en former de nouveaux. Seul l’apprentissage est réellement en adéquation avec le marché du travail. En 2006, 80 % des bacs pro en apprentissage avaient un travail, contre 64 % sous statut scolaire.

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