Les écoles de la Fesic revendiquent leur place entre privé et public

Laura Makary Publié le
Les écoles de la Fesic revendiquent leur place entre privé et public
UniLaSalle est l'un des 58 établissements labellisés Eespig. Son directeur, Philippe Choquet, est également le président de la Fesic. // ©  Unilasalle
Cinq après la création du label Eespig, les écoles privées qui en sont titulaires se sont réunies à l'occasion du deuxième colloque de la Fesic, vendredi 13 avril 2018. Leur souhait : davantage de financements et de considération de la part de l'État.

Elle était annoncée, et elle est venue, malgré le mouvement étudiant et les blocages dans les universités. Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, a conclu le deuxième colloque de la Fesic, qui se tenait vendredi 13 avril. Un symbole fort pour les Eespig (Établissements d'enseignement supérieur privé d'intérêt général), qui fêteront en juillet les cinq années d'existence de ce label ministériel. Remis à 58 établissements depuis 2013, il est garant de l'autonomie de gestion et du caractère non-lucratif de l'école.

Entre deux mondes

Parmi les sujets les plus abordés lors de la matinée de débats, le financement de ces écoles labellisées est justement le plus récurrent. Notamment l'équilibre délicat du modèle même de l'Eespig, plus vraiment entièrement privé, mais pas non plus public.

Ce paradoxe, Jean-Michel Nicolle, directeur de l'EPF et président de l'UGEI (Union des grandes écoles indépendantes), le résume ainsi : "Nous sommes entre deux mondes : le public, largement soutenu par sa tutelle, et le privé, capable d'une agilité plus importante que celle des Eespig. Le fait d'être non lucratif est complexe, cela apporte des contraintes qui pèsent sur notre agilité. Nos écoles assurent une mission de service public, elles n'ont pas les marges de manœuvre du privé. La situation des Eespig est donc fragile, du fait de leur identité", a-t-il estimé, lors d'une table ronde, jugeant que "l'intervention de l'État est déterminante dans ce modèle".

65 millions d'euros de subvention pour 58 écoles

Aujourd'hui, ces 58 établissements sont en effet subventionnés, en partie, par l'État, à hauteur de 65 millions d'euros annuels. Auxquels se sont venus s'ajouter un million supplémentaire depuis 2017. "En moyenne, la dotation de l'État représente 5 à 10 % du budget des écoles", précise-t-on à la Fesic, dont la revendication principale est d'obtenir davantage de subventions publiques. Selon les calculs de la fédération, les subventions actuelles représentent 713 euros par étudiant, "à comparer au coût moyen d'un étudiant dans le secteur public, estimé à 11.680 euros".

Face à ces demandes, Frédérique Vidal ne semble pas prête à augmenter la dotation des Eespig, se dédiant dans un premier temps aux universités. "Face à l'arrivée massive de nouveaux étudiants, dans vos écoles, vous pouvez réguler les effectifs. Vous pouvez dire non à un candidat, vous avez cette possibilité, contrairement aux universités. Il faut que l'effort financier commence par elles. En tant que ministre de l'Enseignement supérieur, mon objectif est de voir le maximum de jeunes réussir dans leurs études. Donc, dans un premier temps au moins, il faut que j'y consacre le maximum de financements", a-t-elle déclaré aux représentants des écoles présents, au risque de les décevoir.

Au delà du financement, le challenge pour les Eespig est de se faire davantage connaître. "Le grand public, les futurs étudiants et leurs familles n'ont souvent jamais entendu parler de ce label. Pour qu'il devienne un outil dans le choix de la formation, il doit avant tout être davantage connu", insiste Anaëlle Penicaut, vice-présidente de la fédération des étudiants de l'université catholique de Lille, invitée à participer à l'un des débats. Dans la salle, des hochements de tête et des approbations suivent. Même après cinq ans, la conquête du grand public ne fait encore que commencer.


Parcoursup : des dérogations pour 2020 en cours

C'est désormais acté : toutes les écoles postbac devront passer par le portail à partir de la session 2019. Le ministère a cependant annoncé que des dérogations pour 2020 pourraient être accordées. "La discussion est en cours. Cela concerne principalement des établissements qui procédaient à des oraux, il faut donc leur laisser un peu plus de temps pour s'organiser. Leur arrivée sur Parcoursup est très importante, car cela permettra d'obtenir une vraie visibilité sur le nombre de places disponibles", a déclaré Frédérique Vidal, à l'issue de son intervention à la Fesic.

Laura Makary | Publié le