Ecoles d’ingénieurs Polytech cherchent nouveaux viviers d’étudiants. Dans cette optique, le programme AVOSTTI (Accompagnement des vocations scientifiques et techniques vers le titre d’ingénieur), lauréat de l’appel à projets IDEFI (Initiatives d’excellence en formations innovantes), a été lancé le 18 octobre 2012. Il comprend un volet concernant les étudiants étrangers et deux sur de nouveaux modes de recrutement d’étudiants français.
L’un d’eux, le parcours spécifique PeiP-D (parcours des écoles d’ingénieurs Polytech - DUT), s’adresse aux bacheliers STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable). Une voie spécifique du concours Geipi Polytech (280 places offertes) leur est destinée. Après quatre semestres, ces élèves particulièrement accompagnés obtiennent un DUT (diplôme universitaire de technologie). S’ils le souhaitent, ils peuvent ensuite poursuivre leur cursus dans une école d’ingénieurs.
Un débouché pour d’excellents collés
L’autre volet concerne les étudiants de PAES (première année des études de santé). Il s’agit ici de proposer une passerelle pour les reçus-collés (des étudiants qui ont obtenu plus de la moyenne à un concours santé, sans pour autant avoir été suffisamment bien classés pour être admis en deuxième année). Dès la rentrée 2013, 240 places seront offertes par 11 écoles Polytech.
"Les compétences acquises dans le cadre de cette préparation aux concours de santé nous intéressent" JM Chesneaux
Parmi elles, Polytech’Paris UPMC, qui recrutera de cette façon 36 élèves à bac +1, en année spécifique, sans leur faire passer d’épreuve supplémentaire. « Même si les contenus de la formation en PAES et à Polytech sont différents, les compétences acquises dans le cadre de cette préparation aux concours de santé nous intéressent. Il s’agit de contribuer à la lutte contre le gâchis humain en offrant un nouveau débouché à d’excellents étudiants, explique Jean-Marie Chesneaux, le directeur de Polytech’Paris UPMC. Nous aimerions que des candidats classés entre la 400e et la 500e place (parmi eux figurent encore des mentions très bien) nous choisissent... Nous attendons fin janvier [lorsque les étudiants choisiront les concours qu’ils passeront en fin d’année et pourront cocher une case leur permettant de postuler à Polytech, NDLR] comme on attend les résultats d’un film, le jour de sa sortie au cinéma », confie-t-il.
La PAES, une prépa comme une autre ?
Pour l’ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France), augmenter les passerelles est plutôt une bonne chose. Oui, mais… « Cette application du projet AVOSTTI n'a aucune pertinence pédagogique. Cela montre, s'il était encore nécessaire de le faire, que la PAES est une année de sélection et non de formation. Le projet pourrait créer un appel d’air pour l'ensemble des filières souhaitant sélectionner leurs étudiants à l'entrée (pourquoi pas les filières commerce ou d’autres filières ingénieurs ?) et produire, à terme, un système universitaire à deux vitesses entre les filières à sélection en première année et les autres », dénonce Pierre Catoire, le président de l’association.
« Il est faux de penser que la PAES fait partie des études de médecine, qui ne débutent qu’en deuxième année. C’est vraiment une prépa. Elle permet déjà de recruter des étudiants paramédicaux et nous restons dans les sciences, il ne s’agit pas de frayer avec les Beaux-Arts… D’autre part, avec ce programme, notre école ne recrute que 36 élèves sur les 2500 de PAES de l’UPMC : une goutte d’eau ! », rétorque Jean-Marie Chesneaux.
Pour l’heure, la PAES ne devrait donc pas devenir la voie la plus commune pour entrer dans les Polytech ou dans une autre école d’ingénieurs.
