« Les ENT : gadgets ou vrai plus ? » : compte-rendu de la conférence d’Educpros sur le salon Educatec

Compte-rendu Maëlle FLOT Publié le
Comment définir un environnement numérique de travail (ENT) ? Quelles sont les conditions de sa réussite ? Quelles différences entre un ENT dans un lycée et un ENT dans une université ? Un représentant du Scérén-CNDP, le délégué académique TICE-DATICE de l’académie de Clermont-Ferrand, le responsable recherche et développement e-learning de l’université de Lyon 1 et le chargé de mission ENT au conseil régional d’Ile-de-France ont confronté leurs expériences au cours de la conférence organisée par EducPros , jeudi 27 novembre 2008, dans le cadre du salon Educatec. Voici un résumé de cet échange orchestré par notre journaliste Ludivine Coste.

« Un ENT, c’est un ensemble de briques, de fonctionnalités informatiques, avec de multiples services pour la communauté universitaire », rappelle Christophe Batier, responsable recherche et développement e-learning à Lyon 1. « Un ENT permet de simplifier, de donner une cohérence aux différents services mis à disposition des professeurs et des élèves au sein du lycée », dessine Pierre Danel, délégué académique TICE-DATICE, à l’académie de Clermont-Ferrand.

Une généralisation pour les lycées d’Ile-de-France

En Ile-de-France, les lycées sont passés de l’expérimentation en 2004 à la généralisation en 2007. Quelque 472 lycées de la région, répartis sur trois académies, sont concernés. Le conseil régional avait répondu en 2003 à l’appel à projets du ministère de l’Education nationale. « L’expérimentation s’est faite sur neuf établissements en 2004 sur la base de l’open source, avec un objectif de mutualisation des expériences, raconte Jean Bravin, chargé de mission ENT Région Ile-de-France. Aujourd’hui, une cinquantaine de lycées possèdent leur ENT ». Un stade où le bénévolat de quelques enseignants de suffit plus.

Former les enseignants

« Les enseignants sont beaucoup plus ouverts aux nouvelles technologies qu’on pourrait le penser, se réjouit Pierre Danel, le délégué TICE-DATICE de l’académie de Clermont-Ferrand. Et ils travaillent beaucoup plus que ce qu’on croit : nous avons beaucoup de connections sur les ENT le soir tard, la nuit ou très tôt le matin. Ils ont compris qu’un cahier de texte sur un ENT n’était plus un outil de contrôle mais de travail. C’est un véritable fil conducteur entre l’enseignant, l’élève et les parents. C’est toute la communauté de ceux qui peuvent aider l’élève qui se met en place. Il faut néanmoins former les enseignants pour qu’ils se saisissent des nouvelles technologies ».

Une volonté politique

Philippe Portelli, directeur des ressources et technologies numériques au Scérén-CNDP, souligne que « l’ENT relève d’abord d’une volonté politique, celle de démocratiser la formation, de faire réussir le plus grand nombre ». Au-delà du technique, l’ENT peut offrir une dimension pédagogique. Mais là, il peut y avoir un décalage car « la pédagogie ne vit pas toujours sur le même rythme que la technologie ».

L’expérience de Lyon 1

Ce décalage, Christophe Batier l’a rencontré dès le milieu des années 90 quand le service TICE de son université a pris de l’ampleur. Une quarantaine de personnes y travaillent désormais, ce qui en fait un des plus important service TICE universitaire. « Aujourd’hui, le discours des enseignants est plus positif. Ils sont de plus en plus nombreux à utiliser notre ENT tout comme les étudiants (26 000 utilisateurs sur 35 000 étudiants). Les enseignants ont compris que l’ENT pouvait leur offrir une plus grande souplesse dans la réalisation de leur cours. Notre chance a été d’avoir des médecins, des scientifiques, qui voyaient très bien leur intérêt : avoir la possibilité de mettre en ligne des documents en complément de leur cours s’ils n’ont pas eu le temps de finir, etc. Pour un TP de langues, la possibilité de faire dialoguer ses étudiants avec des natifs.

Nous sommes toujours partis de la pratique des enseignants pour un développement en commun. Afin de ne pas perdre l’aspect pédagogique, il est nécessaire d’expérimenter le cours et de partager cette expérience avec ses collègues. Le retour d’expérience est primordial car un ENT doit évoluer ». Lyon 1 voudrait passer à l’environnement numérique d’apprentissage (ENA) qui repose davantage sur l’interactivité avec l’étudiant que l’ENT.

Un modèle émergent d’ENT ?

Non, répondent en cœur les intervenants à cette question posée, au sein du public, par un professeur de sciences physiques. « Comme vous n’avez pas un seul manuel de physique en France, il est important de conserver cette diversité », défend Christophe Batier. « Un ENT relève aujourd’hui avant tout d’un développement territorial, à l'échelle du département ou de la région, voire de l'établissement, rappelle Jean Bravin, chargé de mission ENT au conseil régional d’Ile-de-France. Quand le conseil régional passe un appel d’offre, c’est pour tous les lycées de la région ».

LES ENT : GADGETS OU VRAI PLUS ? Jeudi 27 novembre de 15h45 à 17h00 Myspace, Dailymotion, Facebook... L'ambition des ENT est à la hauteur du succès rencontré par ces sites communautaires : devenir un nouveau portail de communication incontournable que ce soit au sein des universités ou des lycées. Les services proposés peuvent être infinis : cours en ligne, correction de travaux dirigés, recherche d'emploi ou d'appartement, conseils sur l'orientation, jumelage entre établissement, ressources documentaires... Les ENT s'affichent également comme un nouveau lien identitaire entre les universités et leurs étudiants, entre les lycéens et leurs professeurs et entre les élèves eux-mêmes. Comment répondre aux attentes de la génération MSN ? - Philippe Portelli, Directeur des ressources et technologies numériques Scérén - Christophe Batier, Responsable Recherche et développement e-learning à Lyon 1 - Pierre Danel, Délégué académique TICE-DATICE, Académie de Clermont-Ferrand - Jean Bravin, Chargé de mission ENT Région Ile-de-France  

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