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Les grandes écoles réaffirment leur mission d'intérêt général

Clément Rocher Publié le
Les grandes écoles réaffirment leur mission d'intérêt général
Le colloque de la CGE a mis en lumière les différentes approches et initiatives des écoles pour renforcer leur engagement. // ©  Hugues-Marie Duclos
Lors du colloque de la conférence des grandes écoles, dont EducPros était partenaire média, les établissements ont réfléchi à la manière dont ils l’intègrent dans leurs formations, la recherche, les partenariats ainsi que leur pilotage.

Formation, recherche, international : les grandes écoles réaffirment leur contribution aux missions de service public de l’enseignement supérieur. Indépendamment de leur statut ou de leur domaine d’études, elles partagent l'ambition de participer activement à la poursuite de l’intérêt général.

À l’occasion du colloque organisé par la CGE (Conférence des grandes écoles), ce mercredi 12 mars, à Paris, et dont EducPros était partenaire média, les établissements ont réfléchi à la manière dont elles s’approprient cette notion d’intérêt général. Cette journée d’échanges a mis en lumière les différentes approches et initiatives pour renforcer leur engagement.

Privées-publiques, les écoles unies au service de l'intérêt général ?

Il est communément admis que les écoles publiques jouent un rôle central dans la mission de service public de l’enseignement supérieur. Cependant, les établissements privés participent également à cet engagement. "Les acteurs privés ont un rôle à jouer. Il n’y a pas de correspondance immédiate entre service public et le public", défend Isabelle Huault, présidente du directoire d'emlyon, une business school sous statut de société anonyme.

"L'école est aussi devenue société à mission pour réaffirmer la mission d’intérêt général et porter un projet éducatif au service des étudiants, de la recherche. Notre statut est exigeant. On coche toutes les cases de l’intérêt général et du service public. Il faut distinguer le bon grain de l’ivraie", poursuit-elle, alors même que l'enseignement privé lucratif est dans le viseur du ministère de l'Enseignement supérieur, après la parution d'une enquête critique sur le fonctionnement du groupe d'enseignement privé Galileo.

 Certains établissements ne sont pas centrés sur le bien des étudiants. J’ai quelques états d’âme par rapport à la présence de fonds d’investissement et je pense que ça se fait au détriment des jeunes (P.Choquet, président de la Fesic)

Les établissements d’enseignement supérieur privés à but non lucratif répondent tout autant à cette mission de service public. "Nous nous inscrivons dans cette démarche en tant qu’établissements ayant le label Eespig (établissement d'enseignement supérieur privé d'intérêt général). L’État vérifie que nous cochons bien les cases. Nous avons des comptes à rendre, au même titre que les établissements publics", insiste Philippe Choquet, président de la Fesic (Fédération des établissements d’enseignement supérieur d’intérêt collectif) et directeur d'UniLaSalle.

Le directeur rappelle que certains principes doivent être respectées. "Le jeune et son avenir doivent être pris en considération. Or certains établissements ne sont pas centrés sur le bien du jeune, c’est là où il y a des dérives. J’ai quelques états d’âme par rapport à la présence de fonds d’investissement et je pense que ça se fait au détriment des jeunes", conclut-il.

L'intérêt général, au cœur de la formation

Les grandes écoles se donnent pour mission de former les étudiants à œuvrer pour l’intérêt général en développant leurs compétences, leur esprit critique et leur engagement citoyen. Elles les préparent à relever les défis sociétaux, économiques et environnementaux en leur transmettant une capacité d’innovation et un sens de l’éthique.

Dans cette optique, l'adossement à la recherche et l’interdisciplinarité apparaissent comme deux marqueurs forts des grandes écoles. "On porte des projets éducatifs, avec un fort adossement à la recherche, cela fait partie de la formation à l’esprit éclairé. Cela apporte une distance critique par rapport à la réalité du monde, témoigne Isabelle Huault.

"La question de la pluridisciplinarité est aussi essentielle pour s’emparer des grands enjeux sociaux et économiques", poursuit-elle. "Il y a une grande diversité d’approches et de projets d’établissements. C’est un sujet qui ne peut pas être cloisonné dans les disciplines", explique Carole Deumié, directrice générale de Centrale Méditerranée.

Enseigner l'intérêt général

La mise en œuvre de dispositifs vient mobiliser les équipes pédagogiques. "La notion d’intérêt général est à placer au regard de la liberté académique. Se pose aussi la question de la construction d’un parcours d’acquisition de compétences et de son évaluation", poursuit Carole Deumié.

Ainsi, Philippe Liger-Belair, directeur de la formation initiale et continue à l'INSP (Institut national du service public) explique que la première compétence à acquérir dans le référentiel de formation est intitulée "Incarner les valeurs de l'État et du service public".

Nous avons construit un programme post-master design et territoires qu’on a déployé dans plusieurs campus, ce qui permet d’envisager des problématiques spécifiques à chaque territoire (E. Tibloux, directeur de l'École nationale supérieure des arts décoratifs)

D'autres formations, comme celles en management responsable ou en économie sociale et solidaire, sont-elles plus adaptées pour répondre aux enjeux de l’intérêt général ? "Je pense que oui. C’est dans cet esprit qu’on a construit un programme post-master design et territoires qu’on a déployé dans plusieurs campus, ce qui permet d’envisager des problématiques spécifiques à chaque territoire", commente Emmanuel Tibloux, directeur de l'École nationale supérieure des arts décoratifs.

Une affirmation nuancée puisque, pour d'autres acteurs, cette notion d'intérêt général doit irriguer toutes les formations, y compris celles qui sont parfois montrées du doigt dans des secteurs plus délicats tels que l'armement ou l'agroalimentaire.

La question de l'engagement associatif

Certaines grandes écoles encouragent également l’engagement associatif des étudiants en le reconnaissant et en le valorisant comme une véritable composante de leur formation. "Nous avons beaucoup débattu de l’engagement étudiant et la reconnaissance à donner à cet engagement", témoigne Carole Deumié.

Ainsi, le dispositif Humacité, porté par le groupe Excelia depuis 20 ans, a permis à des étudiants de mener plus de 10.000 missions, dont 75% à l’international. Ce programme humanitaire et social vise à soutenir des populations en grande difficulté, en France comme à l’étranger, tout en sensibilisant les étudiants aux enjeux de solidarité et d’engagement citoyen.

"Certains de nos étudiants vont choisir notre école pour cette mission, ils peuvent arriver avec un projet. Plus de 90% de nos étudiants considèrent qu'elle a eu un impact positif", explique Sophie Pauget, responsable du dispositif. Au Pôle Léonard de Vinci, des hackathons pédagogiques ont été mis en place, portant sur des thématiques d’intérêt général, en écologie, en diversité et inclusion, en technologie et éthique.

Au-delà de la formation, les écoles rappellent également qu'elles portent la notion d’intérêt général via leur implication dans la recherche, l'international, mais également la mise en œuvre de partenariats avec les entreprises.

Clément Rocher | Publié le