Master : première victoire pour les grandes écoles

Delphine Dauvergne Publié le
Les grandes écoles publiques au statut d'EPA (établissement public administratif) pourront désormais délivrer directement des masters internationaux, a annoncé vendredi 19 septembre 2014 Geneviève Fioraso. Une conquête de la CGE et de la Cdefi, qui bataillent pour que toutes les écoles aient le droit de donner le diplôme de master, à l'international mais aussi au niveau national.

"La ministre n'avait pas d'arguments pour maintenir [l']interdiction [de délivrer des masters internationaux]", affirme Christian Lerminiaux, président de la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs). Geneviève Fioraso a ainsi annoncé vendredi 19 septembre 2014, lors d'une assemblée générale de cette Conférence, qu'elle allait supprimer l'obligation pour les établissements ayant un statut d'EPA (établissement public administratif) de s'adosser sur un EPSCP (établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel) pour délivrer des masters internationaux. Trente-sept écoles sont concernées par cette nouvelle disposition.

Cette annonce fait suite à la mobilisation des grandes écoles sur le sujet. Début juillet 2014, la CGE (Conférence des grandes écoles) avait soulevé une faille juridique dans les arrêtés réglementaires. En effet, l’arrêté "master" de 2002 permettait auparavant à toutes les écoles d'obtenir des dérogations, mais l'arrêté du 22 janvier 2014 y a mis fin. La délivrance du master relevait alors d'un seul type d'établissement : les EPSCP, en grande majorité les universités et les écoles d'ingénieurs publiques.

Ce monopole oblige les écoles à passer par "un sceau extérieur", comme l'expliquait Philippe Jamet, le président de la CGE lors d'une interview donnée à EducPros cet été. "C'est un vrai problème pour les masters internationaux, les écoles sont obligées de s'adosser avec des universités locales, ce qui brouille leur visibilité dans leurs rapports avec les universités étrangères", constate Francis Jouanjean, délégué général à la CGE. Les écoles d'ingénieurs sont aussi très souvent confrontées à des demandes rapides de partenariats, que les lenteurs administratives rendent "plus difficiles".

élargir l'autorisation aux établissements privés

"C'est un grand pas en avant, mais il faut aller au-delà en autorisant aussi les écoles privées", commente Christian Lerminiaux. "Notre demande n'est pas considérée comme irraisonnable, mais elle reste encore inappropriée politiquement, car le ministère veut ménager tous les acteurs", estime-t-il.

"Nous nous félicitons d'avoir été compris par la ministre, mais la question juridique porte aussi sur les masters nationaux", souligne Francis Jouanjean. Les masters internationaux ne sont qu'une "catégorie" du diplôme national de master. Pour l'extension à tous les établissements, il se montre prudent : "N'importe quelle école ne devra pas être habilitée, il faut établir des critères." Les négociations avec le ministère se feront progressivement.

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