Les nouveaux défis des IAE

Eva Mignot Publié le
Les nouveaux défis des IAE
Les IAE souhaitent renforcer leur réseau et davantage s'appuyer sur les universités. // ©  Université de Caen Basse-Normandie
Une meilleure intégration dans les universités, le réseau des IAE à renforcer, la gestion des inscriptions via Parcoursup… À la tête de IAE France depuis mai 2018, Éric Lamarque anticipe plusieurs grands chantiers à mener à bien pour les instituts d’administration des entreprises dans les mois à venir.

Face à la concurrence des écoles de commerce, les IAE (instituts d’administration des entreprises) cherchent leur place dans le paysage de l’enseignement supérieur. "On veut tout faire pour qu’il existe un enseignement supérieur public en gestion et management", assure Éric Lamarque, président du réseau IAE France.

Dispensant des cours considérés comme qualitatifs et surtout beaucoup plus accessibles financièrement que les grandes écoles de commerce, les IAE sont une alternative intéressante pour les étudiants, qu'ils soient en licence ou en master.

Depuis sa prise de fonction à la tête d'IAE France, Éric Lamarque a lancé plusieurs grands chantiers.

1. S’appuyer sur les universités

"Nous souhaitons asseoir et renforcer nos positions au sein des universités", assure Éric Lamarque. Le président du réseau IAE France considère en effet que le poids des instituts d’administration d’entreprise est parfois sous-estimé ou dilué au sein des composantes. S’ils veulent conserver leur singularité, ces établissements de management tiennent à être pleinement intégrés à la faculté.

"Nous voulons gagner en reconnaissance institutionnelle au sein des universités et nous présenter comme étant à leur service. Nous pensons pouvoir contribuer à leur rayonnement", complète-t-il. Un tel rapprochement permettrait aux IAE de bénéficier davantage des ressources des universités, tant sur le plan des ressources matérielles, financières ou humaines.

Nous voulons gagner en reconnaissance institutionnelle au sein des universités et nous présenter comme étant à leur service.
(É. Lamarque)

L’université facilite également les échanges et les doubles diplômes à l’international. "Quand un président d’un grand établissement chinois vient en France, il cherche avant tout à conclure des accords avec des universités : cela permettra à ses propres étudiants de suivre des cours dans de nombreuses disciplines. C’est plus avantageux qu'un accord avec une école seule", affirme Éric Lamarque.

Autre atout : la pluridisciplinarité facilitée par une collaboration étroite avec les universités. "Nous voulons développer des parcours "designer-manager". L’organisation des facultés peut faciliter la mise en place de ces spécialités", précise le président du réseau IAE France.

2. S’adapter à la potentielle réforme des DUT

Des discussions sont en cours pour réformer le DUT et rallonger la durée du cursus de deux à trois ans. Une évolution suivie de près par les IAE, notament pour des raisons de recrutement. "Les cours en IUT sont très techniques. Après avoir suivi un DUT, une grande partie des admis intégraient une troisième année de licence générale avant d’entrer en master chez nous", pointe Éric Lamarque.

Ces parcours formaient des étudiants dont le profil était alors adapté aux attendus des IAE : ils avaient bénéficié de cours très pratiques pendant leurs premières années, puis de l'approche transversale et générale du management lors de leur troisième année de licence. Cet aspect plus théorique serait aujourd’hui essentiel avant d’entrer en IAE. "Nous participons aux discussions sur la réforme du DUT. Si cette formation passe à trois ans, cela perturbera invariablement notre recrutement", assure Éric Lamarque.

3. Gérer la pression des inscriptions via Parcoursup

À la rentrée 2018, onze IAE proposaient un parcours en licence. Comme les autres formations publiques, les étudiants souhaitant rejoindre ces cursus sont passés, pour la première fois, par la plate-forme Parcoursup. Les candidatures ont été nombreuses. L’IAE de Tours en a comptabilisé 1.667 pour 200 places. "On a reçu fin juillet un appel du ministère pour augmenter le nombre de places à 260, moyennant un poste supplémentaire... qui n’est jamais arrivé", rappelle Patricia Coutelle-Brillet, directrice de l’IAE Tours.

C’est aux présidents d’université de s’adapter et d’affecter les enseignants-chercheurs aux formations qui en ont besoin.
(É. Lamarque)

Les licences d’IAE sont considérées comme des filières en tension et les établissements n’auraient pas toujours les moyens nécessaires de répondre à la demande des élèves. "C’est aux présidents d’université de s’adapter et d’affecter les enseignants-chercheurs aux formations qui en ont besoin", recommande Éric Lamarque.

"Dans l’enseignement supérieur de gestion, nous comptons environ un professeur pour 50 étudiants alors qu'ailleurs, le taux d’encadrement est d'un pour 15", déplore le président du réseau IAE France.

4. Intégrer la CGE ?

"Aujourd’hui, une dizaine d’IAE pourraient être candidats à la CGE", argue Éric Lamarque. Entrer à la Conférence des grandes écoles leur procurerait un label très convoité pour la symbolique qu’il renvoie auprès des acteurs de l’enseignement supérieur. L’acquérir serait un moyen pour chaque IAE de conforter sa position et d’affirmer la qualité de son enseignement au sein des universités.

Jusqu’à présent, les IAE n’en avaient pas eu l’opportunité. Mais Éric Lamarque compte bien convaincre l’association d’accepter des instituts publics de management. "Des établissements comme l’université Paris-Dauphine ou le Celsa Sorbonne-Université sont membres de la CGE. Or, ils ont chacun des statuts très différents. Pourquoi, en tant que IAE, ne pourrions-nous pas être acceptés ?" interroge Éric Lamarque.

5. Renforcer le réseau

Que ce soit sur le plan des moyens financiers ou de réputation à l’international, les IAE sont très disparates. Pour compenser les lacunes des uns, les établissements cherchent à s’appuyer sur les forces et l’expérience des autres. "Chaque IAE a une taille plus petite et un budget bien moins important qu’une grande école de commerce. Mais je pense que l’effet réseau peut compter", conclut Éric Lamarque.

Eva Mignot | Publié le