Le classement U-Multirank fait débat

Olivier Monod, envoyé spécial à Dublin Publié le
En marge de son lancement les 30 et 31 janvier dernier à Dublin, le futur classement européen des universités a essuyé quelques critiques de la part des acteurs européens de l'enseignement supérieur et de la recherche.

La première mouture du classement U-Multirank est attendue pour février 2014. Ce projet européen, qui se définit comme évolutif, n'a pas encore répondu à toutes les questions qu'il soulève. En discussion depuis 2008, U-Multirank use les patiences.

Peut-on répondre à toutes les attentes?

U-Multirank est ambitieux. Il veut donner la matière aux étudiants, aux politiques, aux universitaires mais aussi au monde économique de faire leur propre étude marché sur les universités mondiales en fonction de 5 dimensions (l'enseignement, la recherche, le transfert, l'internationalisation et l'implantation régionale) elles-mêmes divisées en une dizaine de critères.

Un projet « beaucoup trop ambitieux » pour Jean-Charles Pomerol. « U-Multirank vise trop de cibles différentes, poursuit l'ancien président de l'UPMC. Quand on lance un système d'évaluation, il est important de savoir pour qui on évalue. Cela définit les critères à choisir et leur précision. »

Quelle fiabilité pour les données?

Franck Ziegele, du Center for Higher Education (CHE), l'a dit : l'avenir du projet dépendra de son appropriation par les universités. Et pour cause, pour récolter les données il envoie des questionnaires à remplir aux différents établissements. « Nous sommes sceptiques sur la qualité des données recueillies, leur vérification et leur uniformité d'un pays à l'autre », explique Laura Keustermans, conseillère politique à la League of European Research Universities (LERU).

Des doutes qui ont poussé la LERU à sortir du projet. « Nous participions au projet depuis la phase pilote, mais nous en sommes sortis lors de l'étude de faisabilité car nous avions le sentiment de ne pas être écoutés », détaille Laura Keustermans.

Comment faire simple quand on veut faire compliqué?

Le classement de Shanghaï  a été beaucoup critiqué pour sa simplicité. Il ne prenait pas en compte la diversité des organisations des universités et des disciplines. U-Multirank se veut plus fin, plus élégant, plus juste. Et donc plus complexe ? « Pour le moment, l’utilisation est trop compliquée, admet  Aengus O Maolain, en charge de l’égalité de chances à l’European Students’ Union (ESU). J’espère que le résultat final sera plus facile d’utilisation. »

L’équipe en charge du projet va devoir faire un grand effort de simplification de l’interface d’usage afin que les étudiants puissent se servir de cet outil. Sinon, son usage pourrait être confiné au public limité qui comprend la signification du « facteur d’impact » d’une publication scientifique.

U-Multirank est-il un classement?

Le "classement" européen des universités ne se présentera pas comme un tableau classant les établissements du meilleur au moins bon. Ce sera un outil interactif permettant de faire émerger les points forts (et faibles) de chaque institutions et de les comparer entre elles.

« Le nom n’est pas encore définitif », reconnaît Franck Ziegele. De fait le terme « rank » fait débat. « Pourquoi l'appeler un classement, si c'est un benchmark? » demande alors Laura Keustermans. 

Olivier Monod, envoyé spécial à Dublin | Publié le