Les recettes de l’OCDE pour en finir avec l’échec et les inégalités scolaires

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L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a publié, le 9 février 2012, le rapport « Equité et qualité dans l’éducation - Comment soutenir les élèves et les établissements défavorisés ». Une comparaison internationale qui radiographie la politique éducative de la France, à l'approche du bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Qui réussit le mieux à faire progresser les élèves et les établissements ? « Les systèmes éducatifs les plus performants parmi les pays de l’OCDE sont ceux qui conjuguent qualité et équité », selon l’OCDE. L’organisation internationale publie un rapport sur le sujet jeudi 9 février 2012. La France fait-elle partie des bons élèves ? « La France présente des éléments positifs et des points à améliorer, répond prudemment Pauline Musset, co-auteur du rapport et analyste à l’OCDE. Le milieu socio-économique d’origine des élèves français a toujours une incidence très importante (supérieure à la moyenne) sur leurs résultats » . L’OCDE a recensé les politiques éducatives qui ont un impact sur l’équité et l’échec scolaire.

Le redoublement toujours décrié

L’OCDE ne cesse de le répéter : le redoublement est une pratique non seulement coûteuse, mais également inefficace pour améliorer les résultats scolaires. Avec 40 % d’élèves ayant déjà redoublé au moins une fois à l’âge de 15 ans, la France détient le record du taux de redoublement dans l’OCDE (la moyenne s’élève à 13 %).

L’organisation internationale souligne toutefois que le ministère de l’Éducation nationale s’est donné pour objectif de réduire de moitié d’ici 2013 le taux de redoublement des élèves qui entrent au collège et en seconde générale et technologique. Et salue les stratégies « encourageantes fondées sur le soutien individuel et les possibilités de rattrapage » mises en œuvre depuis 2008.

Le collège unique gage d'équité

« Les élèves français sont maintenus dans la même filière – le collège unique – jusqu’à 16 ans. Un atout pour l’OCDE qui préconise de reporter l'orientation et la sélection des élèves au deuxième cycle du secondaire. Dans beaucoup de pays, comme l’Autriche ou l’Allemagne, on essaie aujourd’hui de retarder l’âge de la séparation », indique Pauline Musset. Pourtant, le collège unique fait aujourd’hui débat en France . Nicolas Sarkozy s’est ainsi déclaré favorable à sa remise en cause partielle.

D’autre part, l’OCDE préconise de garantir l’équivalence des filières au lycée pour éviter le décrochage. Pour cela, plusieurs pistes : faciliter les changements de filière ou de classe, éliminer les impasses, mieux informer et mieux conseiller les élèves, veiller à ce que les options générales et professionnelles soient de valeur équivalente en améliorant la qualité de l'enseignement et de la formation professionnels, etc.

En France, la réforme du lycée (inclus les stages de remise à niveau, les enseignements d’exploration, le tronc commun de 1re…) a été mise en place pour aller dans cette direction.

Choix parental et carte scolaire

Pour l’OCDE, « laisser les parents entièrement libres de choisir l’établissement dans lequel ils souhaitent inscrire leur(s) enfant(s) risque d’entraîner une ségrégation des élèves par niveau d’aptitude et/ou origine socio-économique, donc d’aggraver les inégalités au sein des systèmes éducatifs ». En France, l’assouplissement de la carte scolaire a permis, selon l'OCDE, à plus de 100.000 familles de demander une dérogation pour la rentrée 2009. 72 % de ces demandes ont été accordées, ce qui représente près de 9 % des entrants. Une récente enquête de l'Ecole d'économie de Paris montrait qu'en France les effets d'évitement concernaient davantage les collèges de l'éducation prioritaire. L’OCDE insiste d'ailleurs sur la nécessité de mettre en place une répartition homogène des élèves et d’inciter les établissements les plus performants à accueillir des jeunes défavorisés. En France, le sujet « carte scolaire » n’est plus aujourd’hui au cœur de l’actualité.  

Un financement modulé en fonction des difficultés

L’OCDE préconise d’adapter les stratégies de financement aux besoins des élèves et des établissements scolaires. En France, le ministère de l’Éducation nationale a créé deux réseaux caractérisés par des besoins différents : le réseau de réussite scolaire (RRS) et le réseau ambition réussite (RAR). « Le RAR correspond à des dépenses unitaires par élèves supérieures de 16 % à la moyenne nationale. Les établissements concernés reçoivent des fonds supplémentaires, essentiellement pour avoir plus d’enseignants (90 %) et des primes (8 %) », rappelle l’OCDE. Malgré tout, l’investissement pour les élèves et les établissements défavorisés est encore « un point à améliorer en France », déclare Pauline Musset. « Il faut investir le plus tôt possible », ajoute-t-elle. Dans notre pays, comme ailleurs, on finance plus la scolarité d'un lycéen que celle d'un écolier.

Améliorer l'enseignement professionnel pour lutter contre le décrochage 

« 140.000 jeunes Français sortent du système scolaire chaque année sans diplôme, et parmi eux, 40.000 sont « sans qualification » », souligne l’OCDE. L’organisation internationale recommande d’améliorer la qualité de l’enseignement professionnel, de renforcer les services d’orientation et de conseil aux élèves et de cibler les jeunes de milieux défavorisés qui risquent d’abandonner leurs études. Et de citer la réforme du lycée pro mise en place en 2009 ou encore des « dispositifs relais » qui ont pour but de réintégrer dans l’enseignement général ou professionnel les élèves qui ont abandonné le collège par le biais d’une formation spécifique.

5 propositions pour les établissements et les élèves défavorisés

- renforcer et soutenir la direction des établissements
- favoriser un climat et environnement scolaires propices à l’apprentissage (notamment en réduisant la taille des classes et des établissements)
- former, recruter et maintenir en poste des enseignants expérimentés (par le biais de formations spécialisées, de programmes de tutorat pour les débutants, de bonnes conditions de travail, d’incitations financières…)
- mettre en place des stratégies d’apprentissage efficaces. L’OCDE souligne  « l’initiative prometteuse » du programme ÉCLAIR (Écoles, collèges et lycées pour l'ambition, l’innovation et la réussite) lancée en septembre 2010
- renforcer le lien avec les parents et la collectivité.

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