Le rêve américain a-t-il du plomb dans l'aile ? Durant l'année universitaire 2016-2017, les inscriptions d'étudiants étrangers dans des universités américaines ont connu un net ralentissement. Si la croissance est toujours au rendez-vous (+ 3,4 %), elle n'atteint plus les 10 % comme en 2015, analyse le dernier rapport "Open Doors" de l'Institute of International Education, publié le 13 novembre 2017. Selon le document, 45 % des 2.000 universités sondées ont déclaré être touchées par ce ralentissement. Pire, le nombre d'inscriptions de nouveaux étudiants étrangers est en baisse pour la rentrée 2017 de 7%, selon des premières estimations menées par l'institut.
Avec 50 % des effectifs étudiants étrangers, la Chine et l'Inde continuent de représenter le gros des troupes, parmi les 1.078.822 élèves non américains. Viennent ensuite la Corée du Sud, l'Arabie saoudite et le Canada. Avec 8.814 inscrits, la France arrivait à la 18e place, pour cette période.
La politique de Trump montrée du doigt
Du côté des baisses d'effectifs, le Brésil enregistre un déclin de 32,4 % par rapport à l'année 2015-2016. Une situation attribuée par Open Doors à l'arrêt d'un programme de bourses délivrées par le gouvernement brésilien pour étudier à l'étranger. Quant à l'Arabie saoudite, elle a durci les conditions d'attribution de bourses d'études, elle enregistre une baisse de 14,2 % des inscriptions de ses ressortissants dans les universités américaines.
Outre des circonstances propres à certains pays, le rapport met aussi et surtout en lumière une coïncidence qui n'en est peut-être pas une : cette baisse est enregistrée au moment où les décisions politiques de Donald Trump semblent s'orienter vers un durcissement des conditions d'attributions des visas étudiants. Parmi les universités qui ont répondu à l'enquête, 68 % ont cité les difficultés liées à l'obtention de ce document administratif comme explication de la diminution des inscriptions internationales. 57 % des établissements l'attribuent au climat social et politique américain, contre seulement 16 % en 2016.
Parmi les autres facteurs qui pourraient expliquer cette baisse des inscriptions, le coût des études supérieures est évoqué par 57 % des universités sondées, ainsi que la concurrence grandissante d'universités étrangères (54 %), en particulier canadiennes.
Un impact certain sur l'économie américaine
En 2016, selon le ministère américain du Commerce, les étudiants étrangers ont "rapporté" environ 39 milliards de dollars à l'économie américaine, soit une augmentation de 4 milliards par rapport à 2015. Une explication à ce chiffre : Open Doors rappelle que seulement un tiers des étudiants étrangers demandent des bourses d'études américaines, les deux autres tiers ayant reçu les fonds nécessaires de leur famille, de leur gouvernement ou de leur université d'origine.
Les étudiants étrangers contribuent également à la recherche scientifique et technique américaine et enrichissent les discussions dans une perspective plus globale dont bénéficient les autres étudiants et les enseignants. Si ce déclin des inscriptions d'étudiants étrangers se confirme, les répercussions pourraient donc se faire ressentir au-delà du cadre académique.
- Lire les résultats de l'enquête Open Doors (en anglais)