Les universités de technologie réunies au sein d’un "Groupe UT"

Sophie Blitman Publié le
Après l’échec de l’université de technologie de France, l’UTC, l’UTT et l’UTBM impulsent une nouvelle dynamique à leur partenariat, à travers la création d’une association commune, qui vise à  promouvoir le modèle et la marque UT, en France comme à l’étranger. Et pourquoi pas la création de nouvelles universités de technologie...

Les universités de technologie de Compiègne (UTC), Troyes (UTT) et Belfort-Montbéliard (UTBM) donnent une nouvelle forme à leur partenariat : avant l’été 2012, les conseils d’administration des trois écoles ont adopté les statuts d’une association baptisée "Groupe UT". Pas question, cependant, de relancer l’idée d’une fusion entre les trois écoles, sur laquelle avait achoppé le projet d’université de technologie de France (UTF) .

Pragmatisme

"Pour des raisons politiques et des questions de marque, l’UTF n’était pas une bonne idée à ce moment-là, résume Alain Storck, directeur de l’UTC. Nous partons désormais sur une nouvelle base, plus pragmatique".
Même analyse du côté de l’UTBM : "une association est une structure légère, souligne son directeur Pascal Brochet. Personne n’est aujourd’hui prêt à se lancer dans cette démarche et à abandonner sa souveraineté".
Dès lors, le Groupe UT vise à mettre en place des actions concrètes, en s’appuyant notamment sur des projets communs déjà existants qu’il s’agit de formaliser. Des commissions thématiques ont ainsi été définies, animées par des personnels des différents établissements, signe de la volonté des directeurs de ne pas être les seuls impliqués dans le projet.

Personne n’est aujourd’hui prêt à se lancer dans une démarche de fusion (P.Brochet, UTBM)

Commissions thématiques

L’une des commissions thématiques abordera les aspects liés à la formation, sur le plan du contenu et de l’ingénierie pédagogique. Une attention particulière devrait être portée à l’innovation pédagogique.

Autre axe de travail : l’international, les UT souhaitant installer des plateformes à l’étranger. Outre le développement de l’UTSEUS à Shanghai , qui a formé un millier d’ingénieurs depuis sa création en 2005 et mis en place un laboratoire de recherche sur la ville durable, le groupe UT devrait s’associer au projet porté par l’UTC au Chili : celle-ci a mis en place une formation de tronc commun de deux ans dans un lycée français de Valparaiso qui prépare les étudiants à intégrer l’UTC. A terme, explique Alain Storck, "l’objectif est de créer une UT avec une filière ingénieur".

D’autres thématiques devraient faire l’objet de commissions : la vie étudiante, les BDE des trois écoles ayant fait part de leur volonté de mener des actions communes, les systèmes d’information, le recrutement, les partenariats économiques, ainsi que la recherche, de manière à faire émerger des pôles transversaux visibles en France et à l’étranger.

Bientôt une quatrième UT en France ?

Promouvoir la marque UT : tel est, en effet, "l’un des objectifs clairs de l’association", affirme Christian Lerminiaux, directeur de l’UTT, pour qui il s’agit avant tout de "mieux gérer ce qu’on représente" et de "développer le modèle UT, aux niveaux national et international".
D’où l’idée de créer une quatrième UT en France "d’ici deux ou trois ans", espère Christian Lerminiaux. Ce qui suppose, cependant, des moyens financiers supplémentaires, difficiles à obtenir en cette période de restriction budgétaire. Reste aussi à trouver un établissement doté d’un fonctionnement compatible, en termes de pédagogie mais aussi de taille. En effet, le Code de l’éducation (article L711-3) impose aux UT de diplômer au moins 500 étudiants par an dans le cursus ingénieur.

Les 5 Insa et 3 UT constituent deux modèles de formation très voisins et partagent la même idée de la recherche
A.Storck (UTC)

Parallèlement, les UT vont poursuivre le développement de partenariats, notamment avec les Insa : ce pourrait être l’objet d’une dernière commission thématique. Pour Alain Storck, "les 5 Insa et 3 UT constituent deux modèles de formation très voisins, avec une revendication commune autour de la technologie, et partagent la même idée d’une recherche à finalité applicative".

Enfin, au-delà du Groupe, chaque école va continuer à renforcer ses alliances au niveau local. "Nous sommes confrontés à une double logique de réseau, analyse Pascal Brochet : l’implantation régionale et la perspective d’une marque nationale "université de technologie". Cependant, poursuit-il, loin d’être incompatibles, ces deux stratégies sont au contraire très complémentaires".

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