Les universités en première ligne dans la mastérisation des enseignants

Fabienne Guimont Publié le
Les universités en première ligne dans la mastérisation des enseignants
Nicolas Sarkozy devant les cadres de l'éducation // © 
La « mastérisation » du recrutement des enseignants est lancée et le président de la République veut s'impliquer personnellement sur ce sujet jugé "crucial ». Dans son discours devant un parterre de hauts fonctionnaires de l’Education nationale le 2 juin 2008, Nicolas Sarkozy a placé les universités au centre de cette réforme.

Le principe de la "mastérisation" serait que les enseignants recrutés aient obtenus leur master et que les concours soient passés à bac+4 et non plus à bac+3. Nicolas Sarkozy a souligné son intention d’intégrer les concours (professeurs des écoles, CAPES, agrégation) aux cursus universitaires. Les nouveaux concours doivent être ouverts pour la session 2010. Les présidents d’université ont été sollicités pour concevoir de nouveaux masters. Pas un mot sur les IUFM, alors que dans son entourage leur « disparition, à terme » est clairement envisagée.

Une entrée dans le métier reculée

Dans l’esquisse de réforme annoncée, la deuxième année d’IUFM pendant laquelle les étudiants ayant réussi le concours sont actuellement stagiaires dans des classes serait supprimée. Par voie de conséquence, ils ne seraient plus rémunérés pendant cette seconde année. L’Etat réaliserait par cette opération une économie sur la rémunération de 18000 stagiaires, soit 10000 postes équivalents temps plein selon nos confrères des Echos.

Revaloriser le métier

Habilement, le président parle en contrepartie de revalorisation du métier enseignant avec une sortie à bac+5, demandée depuis longtemps par la CDIUFM (Conférence des directeurs d’IUFM) elle-même. Le ministère de l’Education nationale doit présenter dans les semaines à venir un livre blanc sur ses propositions concernant la revalorisation du métier. Sarkozy parle de revaloriser les débuts de carrière et d’engager la réflexion sur la formation continue et la mobilité des enseignants. Deux points qui permettraient de trouver un consensus tant la démotivation des enseignants est palpable dans les dernières enquêtes sur leur métier. Le président promet de redistribuer aux enseignants la moitié de l’argent économisé sur les suppressions de postes. Il l’a redit aux recteurs, inspecteurs et présidents d’université, en parlant aussi d’heures supplémentaires…

Des réactions modérées

Principale intéressée, la CDIUFM se montre ouverte à la réforme proposée. Désormais intégrés aux  universités, les IUFM veulent jouer le jeu avec les départements universitaires pour construire les nouvelles maquettes de masters. Seul bémol : « mettre en place des masters à caractère exclusivement académique, renvoyant la formation professionnelle au campagnonnage pendant la première année d’exercice ». Les réactions des syndicats étudiants sont partagées. Si l’UNEF dénonce la suppression des IUFM et les économies réalisées sur le dos des fonctionnaires stagiaires, la FAGE se réjouit des « orientations prometteuses » de la réforme envisagée. Parmi les réaction des syndicats enseignants, le SE-UNSA est le plus critique sur les « non-dits » du présidents sur les conséquences : suppressions de postes d’enseignants et affaiblissement des compétences pédagogiques des nouveaux formés suite à la suppression programmée des IUFM au moment où la réforme dessinée sur le lycée demande de rendre les lycéens plus autonomes.

Fabienne Guimont | Publié le