Aller sur l'Etudiant Newsletter Mon compte

Libertés académiques, budget : les priorités du nouveau bureau de France Universités

Amélie Petitdemange Publié le
Libertés académiques, budget : les priorités du nouveau bureau de France Universités
Le nouveau bureau de France Universités a dévoilé sa feuille de route. // ©  Mathilde MAZARS/REA
Présidé par Lamri Adoui, le nouveau bureau de France Universités a tenu sa première conférence de presse, le 11 février. Le mandat sera notamment centré sur la défense des libertés académiques et de la jeunesse, dans un contexte budgétaire restreint.

France Universités a tenu la première conférence de presse de son nouveau bureau, ce mardi 11 février. Le président Lamri Adoui, et les vice-présidents Hélène Boulanger et Jean-François Huchet, ont pris leur fonction quelques jours après le vote du PLF (projet de loi de finances) 2025, le 6 février.

Pour les universités, la nouvelle version du PLF prévoit 210 millions d'euros de plus que prévu, après un amendement puis son passage en commission mixte paritaire.

"Cette nouvelle version limite la gravité par rapport à ce qui se présentait en 2024. Nous aurons donc moins d'universités en déficit en 2025 que prévu", annonce Hélène Boulanger, vice-présidente de France Universités.

Un sous-financement chronique

Pour autant, cet abondement n'éponge pas le surcoût de 500 millions d'euros assumé par les universités, en raison de l'augmentation du CAS Pension (le compte d'affectation spéciale qui finance les retraites des fonctionnaires), des mesures Guérini et de l'inflation.

"Il nous parait inconcevable que l’Etat ne paie pas et ne finance pas les décisions qu’il prend. On ne pourra pas s’en satisfaire pour le PLF 2026", prévient Lamri Adoui, président de France Universités.

Le nouveau bureau s'inscrit donc en totale adéquation avec la mobilisation inédite des présidents d'universités, fin 2024, pour alerter contre la baisse du budget du supérieur.

Pour France Universités, la nouvelle version du PLF ne règle pas le problème de fonds : un sous-financement chronique de l'enseignement supérieur. "En huit ans, nos subventions pour charge de service public ont chuté de 30% en euros constants alors que les effectifs étudiants n’ont cessé d’augmenter. A un moment, l’équation n’est plus tenable", alerte Hélène Boulanger.

Opposition à la hausse des frais d'inscription

Les 70 universités ont chacune une situation financière différente, et prennent des mesures en toute autonomie. Les conséquences de cette austérité seront donc disparates sur le territoire.

Quoi qu'il en soit, "nous ne pouvons pas dépenser plus que ce que l'on a, pointe Lamri Adoui, certains établissements auront donc des choix douloureux à faire".

France Universités est, par ailleurs, opposée à la piste d'une hausse des frais d'inscription. "Est-ce que nous sommes d’accord pour transférer l’action de la solidarité nationale vers la dette individuelle des ménages ? La réponse est non", tranche Hélène Boulanger.

Mieux réguler l'enseignement supérieur privé

La vice-présidente de France Universités souhaite davantage porter des propositions pour mieux utiliser l’argent de l’Etat, en réformant par exemple le crédit impôt recherche. "Il faut aussi travailler sur les aides à l’apprentissage, dont une partie finance des opérateurs qui ne font pas de la formation à mon sens, dont les étudiants sortent sans grade reconnu. Il est temps de les faire disparaitre du système de financement public", souligne Hélène Boulanger.

France Universités appelle ainsi à une meilleure régulation, alors que le nombre de formations privées est en constante augmentation. "Il est indispensable de lutter contre la montée de quelques établissements peu scrupuleux, qui ont souvent surfé sur la vague de l’alternance", affirme Lamri Adoui.

Philippe Baptiste, ministre chargé de l'enseignement supérieur, a d'ailleurs annoncé sa volonté de reprendre les concertations sur un label du privé. "Je ne sais pas si ça doit donner lieu à un label, car il y en a déjà plein. Mais, en tout cas, le contrôle est insuffisant et nous sommes prêt à entrer dans les discussions à ce sujet. Il faut aller beaucoup plus loin dans le contrôle effectué, notamment sur qui finance l’école, et sur la qualité de la formation et de son insertion", estime Lamri Adoui.

Faire aboutir la réforme des bourses

La concertation sur le deuxième volet de la réforme des bourses devrait également reprendre. De nombreuses questions sont en suspens : faut-il considérer de la même façon les étudiants décohabitants et ceux vivants chez leurs parents ? Comment articuler la bourse avec les autres aides publiques ?

"Les organisations étudiantes ne sont pas toutes alignées sur ces sujets. Il faut donc se remettre autour de la table rapidement, pour que le projet aboutisse dans les meilleurs délais", lance Lamri Adoui.

Selon France Universités, cette réforme est nécessaire "pour que les étudiants précaires n’aient pas à travailler à coté pour joindre les deux bouts". "La question est de savoir ce que l’État veut faire de la jeunesse, qui est l’avenir de son pays", lance sans détour Lamri Adoui.

Lutter contre les atteintes à la liberté académique

Enfin, un des enjeux majeurs du mandat du nouveau bureau sera la défense des libertés académiques, dans un contexte de "désinformation de masse et de recul des démocraties". Il s'agira tout d'abord d'étudier l’évolution de la définition des libertés académiques et de répertorier ces atteintes.

"Un chercheur de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a, par exemple, fait l’objet d’une procédure bâillon par un média russe. Il faut aussi aider ces chercheurs qui se retrouvent parfois seuls face à ces procédures", pointe Jean-François Huchet.

France Universités affiche "une tolérance zéro" face à ces atteintes, et continuera d'organiser des colloques et des conférences, des plaidoyers auprès des décideurs pour défendre les libertés académiques.

"Il s’agit aussi de réfléchir à comment travailler avec les pays qui ne respectent pas ces libertés académiques. D'autant que certains de ces pays sont parmi les plus innovants de la planète, comme la Chine, mais aussi désormais les États-Unis", complète Jean-François Huchet.

Le nouveau bureau de France Universités, élu le 30 janvier 2025 :

  • Président Lamri Adoui (président de l'université de Caen)

  • Vice-présidente et vice-président : Hélène Boulanger (présidente de l'université de Lorraine) et Jean-François Huchet (directeur de l'Inalco, l'Institut national des langues et civilisations orientales )

  • Conseil moyens et personnels : Virginie Dupont (présidente de l'université Bretagne Sud)

  • Conseil recherche et innovation : Édouard Kaminski (président de l'université Paris Cité)

  • Conseil formation et vie étudiante : Virginie Laval (présidente de l'université de Poitiers).

Amélie Petitdemange | Publié le