Les étudiants de STAPS sont en rogne. Selon leur association (ANESTAPS – Association nationale des étudiants en STAPS), 4.500 d'entre eux auraient manifesté, le mercredi 9 avril 2014, pour dénoncer le projet de loi de modernisation du sport, porté par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Selon eux, celui-ci favoriserait les brevets professionnels au détriment des diplômes universitaires. "Le ministère est parti en guerre contre les STAPS, enrage Laurent Beauvais, président de l'association. Ce projet de loi a été réalisé sans concertation avec les étudiants, alors qu'il était prévu que nous participions à des groupes de travail."
Absence de concertation
Pour Didier Delignières, président de la Conférence des présidents et doyens STAPS, le ministère a fait "cavalier seul" avec ce projet de loi. "Cette proposition pèche par ses silences, mais nous savons tous ce qui se trame avec le plan 'Sport, Santé, Bien-être' : le ministère veut faire monter ses brevets professionnels et ses certificats de spécialisation."
C'est justement l'un de ces certificats, qui permettrait aux titulaires d'un BPJEPS (brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport) de pouvoir encadrer des porteurs de maladies chroniques à l'issue d'une formation de 80 heures, qui a provoqué un tollé. "Pour prendre en charge ce type de public, c'est totalement insuffisant, s'indigne Didier Delignières. Dans nos parcours santé, nous formons des intervenants à niveau licence et des coordonnateurs à niveau master."
STAPS et Brevets professionnels : une opposition de longue date
L'opposition entre la filière STAPS et les BPJEPS – formations "maison" du ministère Jeunesse et Sport dont le coût peut atteindre 12.000 € – ne date pas d'hier. "A diplômes non équivalents, nous nous retrouvons avec les mêmes champs d'intervention, grince Laurent Beauvais, le président de l'ANESTAPS. Alors qu'en STAPS il faut une licence pour devenir entraîneur sportif, un an suffit avec un brevet professionnel."
Et pourtant, beaucoup de professionnels du secteur sportif privilégient le recrutement de BPJEPS. "Ils voient les STAPS comme des intellectuels", ironise Didier Delignières. Face à des études longues et difficiles ou une formation courte mais onéreuse, les bacheliers hésitent sur la stratégie à adopter. Pour éviter une dévalorisation de la filière universitaire, l'ANESTAPS revendique un système unique de formation : "Il faudrait réfléchir à des niveaux de qualification, du bac pro au master, en fonction des compétences nécessaires", détaille son président.
le tirage au sort fait dEbat
Autre revendication des manifestants : la suppression de la sélection à l'entrée. Car face à l'affluence en STAPS (+20% à la rentrée 2013), plusieurs universités ont été contraintes de limiter les capacités d'accueil des étudiants, en mettant en place un tirage au sort des candidats en première année. "Ce n'est pas la solution, il nous faut plus de moyens", objecte Laurent Beauvais, qui souligne que le tirage au sort est régulièrement contourné par des étudiants qui choisissent une autre filière et se réorientent en STAPS au deuxième semestre. "Ça ne change rien au problème", martèle-t-il.
Didier Delignières, doyen de l'UFR STAPS de Montpellier 1, est plus nuancé. "J'ai demandé des capacités d'accueil pour 650 étudiants et j'ai reçu 4.500 demandes. Vu l'état des finances dans les universités, je n'attends pas des moyens supplémentaires. Et nous n'avons pas le droit de sélectionner les étudiants sur des critères objectifs. Qu'est-ce que je peux faire d'autre ?" Néanmoins, Montpellier 1 s'est engagé, comme d'autres établissements, à accepter tous les étudiants de l'académie qui ont placé la licence STAPS en premier vœu.
Suite au remaniement ministériel, le projet de loi porté par Valérie Fourneyron est aujourd'hui entre les mains de la nouvelle ministre Najat Vallaud-Belkacem. Celle-ci saura-t-elle répondre aux inquiétudes ?
Lire sur le blog de Didier Delignières :
- Sport-Santé et Certificats de Spécialisation : Le CREPS de Reims franchit la ligne rouge
- Quelques réflexions sur la limitation des capacités d’accueil à l’université
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