Pour les lycéens, après un mois et demi de mobilisation, les vacances de Pâques et le bac en ligne de mire, on sent bien que la fin est proche. « A partir de demain, nous suspendons les appels à la manifestation. Les lycéens sont fatigués, les examens arrivent bientôt, les élèves de seconde vont partir en vacances et ceux des filières professionnelles en stage. Or, nous ne voulons pas d’un petit mouvement, à effectifs restreints. Nous voulons rester tous ensemble face à ce gouvernement irresponsable. La mobilisation reprendra de plus belle à la rentrée », annonce Hannah Boisson, déléguée nationale de la FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne).
« Une journée de référence »
Comme il s'agit probablement de "la der des ders", les manifestants donnent tout. Les slogans qui irritent Xavier Darcos, le ministre de l’Éducation nationale, sont scandés haut et fort, les ballons de sortie, les chansons connotées (de « Je rêvais d’un autre monde » de Téléphone à « Motivé » la reprise de Zebda) reprises à tue-tête, les chorés hyper rodées. « Les lycéens ont à cœur de faire de cette journée une journée de référence. Mais il ne s’agit pas d’un « baroud d’honneur » », clame Florian Lecoultre, président de l’UNL (Union nationale lycéenne). En effet, contrairement à la FIDL, le syndicat veut poursuivre les manifestations après le 15 mai. « Nous avons obtenu des victoires, comme les 1500 postes d’assistants d’éducation ou la session de rattrapage pour le bac pro. Qui aurait pu dire que nous gagnerions cela en mars ? Mais le ministre n’est pas revenu sur les 11200 suppressions de postes. Nous devons encore nous attaquer à ce gros morceau », explique Florian Lecoultre qui prévoit des opérations coup-de-poing.
La relève des profs aura-t-elle lieu ?
Finalement, Xavier Darcos les aura bien eus… « On s’est fait « couillé » à cause du timing. Des blocus de lycées sont prévus mais ce sera compliqué avec le bac. Il faut voir si les profs peuvent continuer le mouvement », déclarent, sans optimisme, Tabata, Benjamin et Stacy, élèves en seconde à Sèvres (92). Jeudi 15 mai, les enseignants étaient bien présents dans le cortège. Selon le SNES-FSU (syndicat majoritaire), plus de 55 % des personnels étaient en grève dans les collèges et les lycées*. De son côté, le ministère de l’Éducation nationale annonce 33,55 % de grévistes au niveau national. Leur mobilisation sera-t-elle suffisante pour prendre la relève des lycéens ? Pas sûr… « Nous sommes très en colère à cause des suppressions de postes et de la baisse du pouvoir d’achat. Mais les manifestations des jeunes troublent plus la société que celles des professeurs. Et certains collègues n’y croient pas ou sont résignés à accepter des heures supplémentaires… Ce qui manque, c’est l’implication des parents d’élèves », analyse Amélie Hart-Hutasse, professeur d’histoire-géographie à Athis-Mons (91).
*Pourcentage établi à partir de données émanant de 350 établissements.
Le 15 mai dans les grandes villes de France
En province, de 106 000 (selon la police) à 207 000 personnes (selon les organisateurs) ont manifesté. A Marseille, 30 000 personnes selon les syndicats, 7 000 selon la police, ont défilé dans la matinée. Entre 12 000 et 30 000 manifestants ont protesté dans les rues de Nantes, entre 7 000 et 15 000 à Toulouse, de 5 000 à 10 000 à Lyon, entre 6 200 et 10 000 à Bordeaux, de 7 000 à 15.000 à Grenoble, de 4 000 à 6 000 à Lille, 2 500 à Strasbourg et plus de 3 000 à Perpignan.