"Errare humanum est." Si l'erreur humaine a parfois peu de conséquences, en médecine, elle peut être fatale... Pour permettre aux internes de perfectionner leur pratique avant de s'occuper de vrais patients, l'École de chirurgie du Grand Ouest a ouvert en octobre 2014. "Elle rassemble trois entités qui existaient auparavant : le laboratoire d'anatomie, le laboratoire des grands animaux et le laboratoire de simulation", explique le docteur Jérôme Rigaud, responsable de l'école. Il s'agit donc du fruit d'une association entre la faculté de médecine de l'université de Nantes, le CHU (centre hospitalo-universitaire) et l'Inserm.
L'établissement – appelé École de chirurgie et de pratiques interventionnelles de Nantes – répond à une demande de l'Académie de chirurgie. En mars 2014, celle-ci soulignait la nécessité de créer des centres de formation pratique pour appliquer la devise "Jamais la première fois sur le patient", qui concluait le rapport de la Haute Autorité de santé de 2012.
Cadavres, mannequins et cochons sur la table d'opération
L'école, intégrée à la faculté de médecine, est surtout destinée aux internes de diverses spécialités (chirurgie, gastro-entérologie, urologie, anesthésie-réanimation, etc.). Il est également prévu d'accueillir des étudiants paramédicaux et des professionnels de santé en formation continue. Les sessions de formation sont pour le moment facultatives. L'apprentissage s'effectue sur des cadavres humains, des cochons vivants et des simulateurs informatiques, des simulateurs de consultation ou des mannequins. "Le programme de formation est établi en fonction de l'avancée des études. On commence par les simulateurs pour aller progressivement vers les cadavres", précise Jérôme Rigaud.
L'École de chirurgie du Grand Ouest est unique dans la région. Il existe certes d'autres centres de simulation en santé, très performants (notamment celui d'Angers), mais les étudiants n'y sont pas formés à opérer et ils ne travaillent que sur simulateurs. "On compte trois grands centres de ce type en France : un à Paris, un à Nancy et un, privé, à Strasbourg", indique Jérôme Rigaud.
Avantages pour l'école du Grand Ouest : le projet bénéficie d'une reconnaissance universitaire et son affiliation à l'Inserm permet de faire de la recherche. Il est financé par l'université de Nantes, des laboratoires pharmaceutiques et des fournisseurs de matériel, la Région, le ministère et du mécénat. Une session de formation d'une demi-journée pour quatre internes revient à environ 2.000 €. Un simulateur coûte de 50.000 à 60.000 € environ. Un investissement à rentabiliser.