Michelle Courchesne, ministre de l'Éducation du Québec: «Le Québec aura 700 000 emplois à offrir d'ici 2012»

Propos recueillis par Sandrine Chesnel Publié le
Michelle Courchesne, ministre de l'Éducation du Québec: «Le Québec aura 700 000 emplois à offrir d'ici 2012»
Université UQAM, Montréal // © 
Le Québec veut attirer étudiants et chercheurs francophones. Et s'en donne les moyens. Les responsables d’universités québécoises sont venus en personne pour unetournée en France qui se termine le 22 octobre 2009. Michelle Courchesne, la Ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport du gouvernement du Québec, a reçu EducPros pour présenter les grandes lignes de la stratégie de développement à l’international des universités du Québec. Le premier volet d'une série d'articles sur l'enseignement supérieur québécois, signés de notre envoyée spéciale.

Pourquoi le Québec souhaite-t-il attirer davantage d’étudiants étrangers dans ses universités ?
Le recrutement d’étudiants étrangers répond à un enjeu démographique : dans les années qui viennent de nombreux baby-boomers vont partir à la retraite et nous n’avons pas assez de jeunes pour les remplacer. Il nous faut donc recruter, et attirer des étudiants à Montréal, mais aussi dans les régions car c’est en région que le problème démographique va être et est déjà le plus fort. Si les étudiants que nous accueillons au Québec ont ensuite envie de rester chez nous, alors c’est tant mieux : 700 000 emplois seront à pourvoir d'ici à 2012. Pour nous, attirer des étudiants étrangers est plus qu’un luxe, c’est une nécessité. Puisque nous tenons a ce que 50% des immigrants parlent le français, c’est tout naturellement auprès de la France et des pays francophones que nous souhaitons promouvoir avec encore plus de dynamisme l’offre du Québec en matière d’enseignement universitaire.

Cette politique de recrutement s'accompagne-t-elle d'une politique d'échange ?
Bien sûr ! Dans ce domaine, certains pays émergents sont très « agressifs » et efficaces, et je pense que le Québec et la France ont tout à gagner à joindre leurs efforts sur la scène internationale pour attirer plus d’étudiants. Nous ne souhaitons pas attirer des étudiants juste pour contribuer à régler notre problème démographique ; il est aussi essentiel pour nous de partager les connaissances pour être à la fine pointe des savoirs. Je crois beaucoup à la réciprocité et donc j’aimerais que davantage d’étudiants du Québec aillent également étudier à l’international. Nous souhaitons aussi promouvoir les échanges avec la France au niveau des labos de recherche de toutes les disciplines.

Comment attirer ces étudiants étrangers ?
L’un de nos premiers atouts est la réputation de nos universités, qui sont bien classées à l’échelle internationale (cf encadré). Autre atout : le montant de nos frais de scolarité n’est pas très élevé surtout si on les compare à ceux des universités américaines ; de plus les étudiants français bénéficient des bourses d’exemption qui leur permettent de payer les mêmes frais que les québécois. De plus je crois qu’il est peut-être plus facile pour les étudiants qui étudient chez nous de s’inscrire dans un projet de recherche : parce qu’il y a dans notre approche pédagogique des liens plus concrets entre les études et la recherche. Enfin il y a dans l’enseignement supérieur québécois une tradition de liens étroits entre les professeurs et les étudiants. La hiérarchie est moins pesante et les professeurs sont très accessibles.

9% du revenu des universités québécoises provient du privé, de dotations et de fondations. Comment les entreprises participent-elles au fonctionnement des universités ?
L’investissement des entreprises se portent principalement sur la création de chaires et sur le développement des infrastructures et des équipements – mais l’argent privé ne représente qu’une faible part des revenus des universités québecoises, surtout si on compare avec les universités du Canada anglais, dans lesquelles l’argent privé représente 2 à 3 fois plus.

Que pensez-vous du travail entrepris en France par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche pour réformer les universités ?
Je peux dire que Mme Pécresse est bien courageuse et qu’elle s’est attaquée à un très gros dossier ! Je la comprends et la soutiens d’autant plus que je sais que le monde de l’éducation est très conservateur, et qu’il y a beaucoup de résistances au changement. De ce point de vue, je crois qu’elle et moi sommes dans la même situation et je lui souhaite donc beaucoup de volonté, de courage et d’énergie.

Composition du revenu des universités québécoises en 2007-2008
Provenant des étudiants :       19.7%
Subventions Gouvernement du Québec :     65.3%
Subventions fédérales :       1.5%
Autres subventions :        0.5%
Revenus provenant du privé :      8.5%
Revenus provenant du fonds de dotation et d’une fondation : 0.5%
Autres revenus :       4% (Source : Ministère de l’éducation, du loisir et du sport, Gouvernement du Québec, 2009)
     


Les 3 meilleures universités du Québec dans le Times Higher - QS World University Rankings 2009
Université Mc Gill, Montréal (anglophone) 18ème
Université de Montréal (francophone) 107ème
Université Laval, Québec (francophone) 258ème

Propos recueillis par Sandrine Chesnel | Publié le