Mobilisation dans les universités : des signes de radicalisation inquiétants

Publié le

La mobilisation des universitaires dure depuis plus de deux mois, sans pour autant que les signes d'une réelle sortie de crise n’apparaissent pour l’heure.

Après avoir fait quelques concessions lors des négociations du mois de mars, Valérie Pécresse campe sur ses positions sans revenir sur le fond de ses réformes. Le mouvement s'est depuis durci, avec des « noyaux de radicalisation », dixit le ministère de l'Enseignement supérieur, qui se concentrent désormais sur quelques universités, où la tension monte encore.

Rennes 2 : un vote d’un nouveau genre sur la séquestration du président d’université

Tandis qu'une centaine d'étudiants ont perturbé une réunion de la direction de l'université de Strasbourg, le 7 avril 2009, une centaine d'autres à Rennes 2 avaient opté la veille pour une option plus radicale. Ils ont en effet occupé le hall d’entrée de l’université, bloquant ainsi le président Marc Gontard et le personnel dans les étages pendant plusieurs heures. Une modalité d'action qui ressemble étrangement à celle utilisée par certains salariés avec leur patron dans plusieurs entreprises ces dernières semaines.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse , ainsi que la CPU , ont fermement condamné ce blocage du président rennais.

Mardi 7 avril en fin d’après-midi, une situation similaire se déroulait à l'université d'Orléans. Le président, Gérald Guillaumet, et les personnels étaient en effet bloqués dans les locaux appelés le "château", entourés par des étudiants qui se sont réunis en assemblée générale pour voter sur « la séquestration du président », selon la chargée de communication de la présidence. Du jamais vu. Une situation qui semblait se décanter vers 19 heures, avec une simple occupation des locaux prévue pour la nuit, sans séquestration aucune .

Autre président en difficulté à l'université de Franche Comté : Claude Condé a tenté de faire entrer ses élus des conseils scientifique et administratif "sous escorte policière" le 7 avril 2009, selon le communiqué d'une assemblée générale de l'établissement. Le président avait dépêché des policiers en raison d'un rassemblement prévu de la communauté universitaire. Les élus ont refusé de siéger.

Le risque des diplômes délivrés automatiquement

Outre ce mode d’action extrême utilisé par les étudiants, les menaces des enseignants-chercheurs sur l'attribution à tous de diplômes se précisent. Réunie le 6 avril 2009 à l’université Paris 3, la coordination nationale des universités (CNU) a affirmé son soutien aux « UFR et IUT qui décideraient la validation automatique du semestre pour les étudiants ». Au risque de distribuer des diplômes sans valeur.

Les jurys de bac compromis ?

Dernier moyen de pression mis en avant par les personnels mobilisés : le boycott des jurys, dont le plus symbolique : celui du baccalauréat, présidé par un enseignant-chercheur. A l’université de Rouen, plus de 200 enseignants-chercheurs ont ainsi signé une pétition demandant au président de l’université, Cafer Özkul, de ne pas transmettre leur nom au recteur pour la constitution des jurys de baccalauréat.

Reste enfin la traditionnelle manifestation de rue, prévue mercredi 8 avril dans toute la France, avant l'arrivée des vacances qui devraient apaiser - peut-être de manière passagère - une situation de plus en plus tendue.

Sarkozy ne lâche rien

En déplacement dans les Bouches du Rhône, Nicolas Sarkozy a déclaré lors d'une table ronde sur la recherche, le 7 avril 2009, qu'il ne reviendrait "jamais" sur  "l'autonomie des universités".

| Publié le