Mobilisation des enseignants-chercheurs : le risque de l'enlisement

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L’invitation faite par Valérie Pécresse à l’ensemble des organisations syndicales – même les associations Sauvons la Recherche et Sauvons l’université ont participé - lundi 30 mars 2009, pour discuter des problématiques de la recherche pouvait laisser augurer un premier pas vers la sortie de crise. Résultat : une impasse.

Les syndicats restent insatisfaits

Avec le maintien des appels à manifester le 2 avril 2009 contre les réformes en cours. La plupart des syndicats et collectifs accueillis à la table de la ministre (organisations affiliées à la FSU, FO, SUD et SLR, SLU) ont terminé les deux heures et demi de discussion au même point, voire encore plus remontés qu’avant. Ces derniers ont immédiatement dénoncé dans un communiqué « l'immobilisme autosatisfait sur l'ensemble des revendications » de Valérie Pécresse.

« La ministre a simplement justifié la totalité de sa politique pendant plus de deux heures. On l’avait pourtant bien comprise », déplore Isabelle This Saint-Jean, présidente de SLR. « Elle a reconnu que les chaires universités-organismes étaient problématiques, mais rien de concret, note la professeur de Paris 13, nous sommes ressortis très inquiets ».

L'organisation des rattrapages de cours devient urgente

La situation se tend en effet après plus de deux mois de mobilisation dans les universités. Dans les revendications tout d’abord. L’appel à l’abrogation de la loi LRU, quasi-inexistant au début du mouvement qui se concentrait contre les réformes en cours, s’est amplifié pour devenir partie intégrante des critiques.

Même le Pacte de la recherche, qui date de 2006, est désormais sur le devant des critiques. Les syndicats et collectifs reçus par la ministre affirmaient ainsi leur « rejet du Pacte pour la Recherche et de la LRU et de leurs conséquences ».

Outre la radicalisation des revendications, la grève des enseignants-chercheurs menace de plus en plus l’année universitaire des étudiants. Le rattrapage des cours et des examens devient urgent dans certains établissements ou composantes, touchés depuis plus de deux mois. « Si le blocage continue encore une à deux semaines, certains étudiants ne pourront pas avoir leur année », s'énerve Claire Guichet, à la tête de La Fage.

Le risque des diplômes universitaires qui ne valent rien

Les enseignants-chercheurs mobilisés agitent des menaces de plus en plus dures. Notamment le boycott des jurys universitaires ou même du baccalauréat. Enseignante à Paris 3 et membre de SLU, Valérie Robert affirmait, elle, que « si le gouvernement continue à nous traiter par le mépris, nous envisagerons de donner leur diplôme à tous les étudiants, sans examen » (Le Parisien du 31 mars).

Au risque de délivrer un diplôme sans valeur. Mais aussi de perdre un appui de taille dans la mobilisation actuelle contre les réformes en cours : les étudiants.

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