
Le Comité éthique et scientifique de Parcoursup et Mon Master a présenté ses conclusions annuelles, dans un rapport publié ce mardi 18 mars. C'est la première fois que le comité se penche sur Mon Master, créée en 2023. Il publiera désormais un rapport annuel avec son avis et ses recommandations quant au fonctionnement du dispositif.
La création de la plateforme unique de candidature Mon Master a permis la centralisation des candidatures et la mise en place d’un calendrier commun à toutes les universités : une simplification pour les étudiants, comme pour les établissements, mais qui semble mériter des ajustements, selon le Comité.
Une meilleure attribution des places
L’objectif du ministère de l’Enseignement supérieur était notamment de mieux distribuer les places en master. Si la répartition n’est pas encore optimale, le Comité salue une amélioration.
Ainsi, en 2023, le nombre de places offertes sur Mon Master était de 171.673, et 35.460 sont restées vacantes, soit 21%. En 2024, sur 176.933 places offertes, 33.836 sont restées vacantes, soit 19%.
Cependant, cette évolution masque des disparités tant au niveau territorial que par mention. Par ailleurs, l’utilisation de la plateforme, et in fine la distribution des places en master, peut encore être améliorée.
Diminuer le nombre de vœux
Le Comité plaide notamment pour une diminution du nombre de vœux, actuellement fixé à 15 en formation initiale, et autant en alternance.
"Les responsables de formations et les étudiants ont perçu les inconvénients de la multiplication possible des vœux, qui alourdit inutilement le travail des commissions d’examen et peut inciter les candidats à multiplier les candidatures auxquelles ils savent qu’ils ne répondront pas", pointe le rapport.
La conférence des vice-présidents en charge des formations dans les universités, ainsi que la Fage (Fédération des associations générales étudiantes), estiment eux aussi que le nombre de vœux est excessif.
Le Comité souligne, d’ailleurs, l’écart avec le nombre de vœux effectués par les étudiants. En 2024, les candidats ont confirmé en moyenne 10 candidatures au total, dont 8,4 pour des formations sous statut étudiant et 1,6 pour des formations en apprentissage.
Améliorer l’orientation en licence
La diminution du nombre de vœux "devrait être couplée à une réflexion sur l’accompagnement à l’orientation en licence afin que les candidats construisent mieux leurs candidatures", ajoute le rapport.
Le processus d’admission en master donne en effet lieu à beaucoup de déceptions "car des étudiants, trop peu informés et parfois mal conseillés par leurs enseignants et institutions de premier cycle, formulent des vœux qui n’ont aucune chance de recevoir une réponse positive", explique le rapport.
Ainsi, l’orientation dans les établissements "demeure à améliorer, de même que la précision de l’information donnée sur la plateforme".
Mieux informer quant aux candidatures et saisines
Le comité recommande par ailleurs d’apporter "des améliorations substantielles" à Mon Master pour "aider à comprendre qui peut candidater à quoi et qui peut faire une saisine".
Il conseille d’avertir les étudiants dès la page d’accueil de Mon Master des restrictions de conditions pour la saisine.
Cette possibilité est, en effet, ouverte aux étudiants qui ont obtenu un diplôme national de licence et non à ceux qui n’ont qu’un grade (BUT, licence pro, diplôme de premier cycle d’un établissement privé, etc).
Plus de transparence sur les critères de classement et de refus
Toujours dans un souci de clarté, le rapport demande de préciser sur la plateforme le poids des critères et des barèmes utilisés par les établissements pour classer les candidatures.
Pour les formations sélectives, les critères de refus des candidats devraient également être affichés "de façon simple, lisible et vérifiable".
Les formations sélectives peuvent en effet refuser de classer certains candidats sur des critères comme la nature de la formation, les spécialités, ou encore les notes, même s’il leur reste des places disponibles.
Eviter les places vacantes
Ce fonctionnement entraîne des places vacantes dans les formations, regrette le rapport. "Il convient de lutter contre le malthusianisme de ces formations sélectives qui, classant trop peu de candidats, refusent des candidats et ne remplissent pas, ce qui les amène finalement à accepter en phase complémentaire, sur les places vacantes, des candidats qui n’auraient peut-être pas été classés en phase principale, et parfois in fine à ne pas remplir la formation", explique le Comité.
En effet, la première année de mise en œuvre de Mon Master, un quart des places des masters attractifs étaient perdues à l’issue de la phase d’affectation. Les formations ont alors été obligées de recruter directement.
Garantir l’équité des candidats
Contrairement à Parcoursup, les candidatures en master sont nominatives. "L’anonymat n’est réclamé ni par les formations, ni par les candidats, mais il est nécessaire de veiller à ce que les recrutements ne soient entachés d’aucune discrimination", met en garde le rapport.
Pour minimiser le risque de discrimination, il recommande que les commissions d’examen des vœux soient toujours composées d’au moins trois personnes.
Par ailleurs, "il apparaît souhaitable de pouvoir mesurer l’impact des différents critères de discrimination reconnus (genre, origine géographique et/ou sociale, religion supposée…) et les biais qu’ils peuvent produire lors des sélections", ajoute le rapport.
Les données collectées par Mon Master devraient, par conséquent, être ouvertes aux chercheurs "afin que des études transversales et pluriannuelles puissent être menées".
Proposer des entretiens à distance
Afin de faciliter le processus de candidature et là encore de garantir plus d’équité, le Comité plaide pour la possibilité de réaliser les entretiens en visioconférence. En effet, l'entretien à distance serait plus simple et moins onéreux pour les étudiants.
Ces entretiens menés par certaines formations induisent en effet un biais territorial et socio-économique. Le temps de transport risque par ailleurs "d’obliger à des choix non pertinents entre les auditions de plusieurs formations situées dans des aires géographiques éloignées".
Mieux partager les données
Les interlocuteurs rencontrés par le Comité ont tous mis en avant une avancée permise par Mon Master. Ils disposent pour la première fois "d’une vue synthétique et détaillée de l’attractivité et des taux de remplissage de chaque parcours au sein de chaque mention".
Cela dit, ces données ne sont pas complètement partagées. Le Comité regrette qu’elles "n’alimentent pas de manière systématique le dialogue entre les établissements et le niveau régional et national". Il recommande, par conséquent, la mise en place d’un outil de partage des données de Mon Master.
Enfin, le rapport conseille d’amplifier le partage d’expérience et de perspective entre Mon Master et Parcoursup. Plus concrètement, il s’agit de mettre en commun des actions de développement, et d’unifier la présentation et le rôle des algorithmes des deux plateformes.