De la morale laïque en (presque) toute chose dans le second degré

Isabelle Maradan Publié le
Le rapport de la mission sur l’enseignement de la morale laïque rendu le 22 avril 2013 préconise de revisiter les programmes d’éducation civique dans le second degré afin de faire ressortir les enjeux moraux, de proposer des modules interdisciplinaires et de systématiser l’engagement des élèves dans des projets collectifs hors de la classe.

Au collège et au lycée, les programmes d’éducation civique revisités pourraient servir de base à l’enseignement de la morale laïque. Dans son rapport en date du 22 avril 2013, la mission sur l’enseignement de la morale laïque préconise en effet de les rénover pour mettre en évidence "la dimension de formation au jugement moral et la dimension éthique de l’éducation civique".

Pointant l’insuffisance des horaires impartis à cet enseignement et sa quasi-absence dans les séries technologiques, la mission juge que les questions morales doivent être également abordées dans le cadre de travaux interdisciplinaires. Sur le modèle des IDD (Itinéraires de découverte) au collège ou dans le cadre des TPE (Travaux personnels encadrés) et PPCP (Projets pluridisciplinaires à caractère professionnel) au lycée, les élèves devraient se voir proposer des modules consacrés à un sujet d’étude sur les questions morales, à partir de texte, œuvres artistiques ou autour d’un projet collectif. Côté évaluation, le rapport s’inspire là encore des TPE, en proposant un contrôle en cours d’année en classe de terminale.

Engagement collectif

La mission suggère par ailleurs de transformer l’actuelle "heure de vie de classe" des collégiens et lycéens en "conseil de vie". Cette instance, que pourront saisir les élèves, devra se réunir régulièrement pour examiner les questions de disciplines, les règles de vie dans la classe et l’établissement, les problématiques de harcèlement, de conflits, de travail scolaire…

Les rapporteurs souhaitent aussi que le CESC (comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté), auquel participe l’ensemble de la communauté éducative, soit systématiquement le lieu de réalisation de travaux collectifs s’appuyant sur la coopération entre élèves et intégrant une dimension morale. La mission précise que cet engagement des élèves dans un projet collectif hors de la classe doit être valorisé. Cette prise de responsabilité des lycéens pourrait figurer dans la partie du livret scolaire complétée par le CPE (conseiller principal d’éducation).

18 heures d’enseignement moral et civique au lycée à la rentrée 2015

Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, estime à dix-huit heures annuelles le volume horaire que devrait occuper l’enseignement moral et civique au lycée, dans les voies générale, technologique et professionnelle du lycée, dans un entretien accordé au quotidien Le Monde en date du 23 avril 2013.

Reconnaissant, en substance, le climat actuel de crise économique, sociale, intellectuelle et morale, le ministre estime que l’enseignement de la morale laïque contribuera à retisser "le lien entre l’individu et le commun". Vincent Peillon compte sur l’instruction et l’éducation pour "transmettre les valeurs communes qui seules permettent le respect et la coexistence des libertés individuelles".

"Comment s'accorder sur un corpus de valeurs communes, quand l'opportunité ou non d'enseigner l'histoire-géographie en terminale S peut déclencher des manifestations?", interroge Lexpress.fr, estimant qu’en mettant la morale laïque sous les feux de la rampes, Vincent Peillon ouvre la boite de Pandore.

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