Numérique : les universités devront compter sur le grand emprunt

Fabienne Guimont Publié le
Numérique : les universités devront compter sur le grand emprunt
27678-elearning-etudiants-02-original.jpg // © 
Valérie Pécresse a consacré sa première conférence de rentrée au numérique dans les universités en mettant en avant les établissements les plus avancés. Le ministère prévoit d’y investir 8,5 millions d’euros par an. Autres annonces : une mission TICE Sup sera créée et un appel à projets sur le e-learning sera lancé dans le cadre du grand emprunt.

« Grâce au plan de relance, nous avons utilisé 17 millions d’euros pour le numérique et un cap – y compris psychologique – a été franchi dans les universités ». Un peu plus d’un an après l’annonce, par Valérie Pécresse, de l’équipement en bornes Wifi (10 millions d’euros) et de soutien aux cours en podcast (6 millions d’euros) dans le cadre du plan de relance , la ministre s’est félicitée des objectifs atteints.

Selon ses chiffres, 80% des bâtiments universitaires permettent de se connecter au Wifi et 30 000 heures de cours sont podcastables depuis les sites web des établissements. Les disparités sont encore criantes en la matière puisque que dix universités (Paris 10, Paris 5, Poitiers, Paris, 6, UVSQ, Paris 2, Nice, Strasbourg, Rennes 1 et Grenoble) concentrent à elles seules quelque 22 000 heures. De quoi assurer encore de larges marges de progression aux autres établissements. Valérie Pécresse ne parle plus, en revanche, de son ambition « 100% de cours numérisés pour 100% des étudiants » lancée à la suite de la remise du rapport Isaac .

Numérique : quelles sources de financement ?

La ministre a annoncé que 8,5 millions d’euros seront investis dans le numérique des universités avec, cette année, deux priorités affichées : la formation des enseignants et le développement de nouveaux usages. Les UNT (universités numériques thématiques) et Canal U devraient recevoir 35% de cette enveloppe, les équipements 25% et la formation des étudiants et des enseignants 15%.

Autre source de financement pour les universités outre les Opérations campus (avec leurs éventuels learning centers) : un appel à projets sur le e-learning. Intitulé « Solutions numériques innovantes pour l’enseignement », il sera lancé en décembre 2010 dans le cadre du grand emprunt. Les projets devront être portés par les universités.

Dans le cadre du grand emprunt, 4,5 milliards d’euros seront consacrés au numérique, dont 2,5 milliards dédiés au développement des usages et contenus innovants . La ministre a également projeté, dans ce cadre du grand emprunt, la possibilité d’acquérir les archives numériques des revues scientifiques et des collections de livres numériques. Les arbitrages entre projets risquent d’être rudes dans les mois à venir.  

Une mission TICE dans le sup

La politique ministérielle en matière de numérique sera donc très dépendante des fonds accordés par le grand emprunt. C’est ce moment que choisit le ministère pour créer une mission TICE Sup. Elle sera installée dans les semaines à venir au service stratégie de la DGESIP (direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle) et doit compter quatre ou cinq personnes plus des chargés de mission. Une coïncidence selon les services de la ministre pour qui cela correspond à la réorganisation de la DGESCO (direction générale de l’enseignement scolaire) cet été. Celle-ci abritait jusqu'à présent la sous-direction TICE, commune aux deux ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur.

Nouveaux usages numériques : les applications pour mobiles font leur rentrée

« Les nouveaux usages numériques sont des outils de rayonnement pour les universités dans une logique de différenciation des universités et de compétition globale ». Dans sa conférence sur le numérique universitaire, la ministre a ainsi justifié la mise en avant de certaines initiatives sur de nouveaux usages numériques dans les universités, en rappelant qu’un million d’euros leur a été alloué dans le cadre du plan de relance. Au menu : des services administratifs et pédagogiques sur téléphone mobile avec des expérimentations lancées à partir de la rentrée.

L’application univmobile va diffuser par exemple certaines des informations des ENT (environnement numérique de travail) et des services de géolocalisation (BAIP, service de scolarité, resto U…) avant de s’ouvrir aux podcasts pédagogiques. Quatre universités (Paris 1, Paris 13, UVSQ et Evry) testeront l’application cette année avant une généralisation promise à l’ensemble des universités d’Ile-de-France à la rentrée suivante.

De son côté, Open Video Education doit diffuser, à partir d’octobre selon son site, une trentaine d’heures de cours en ligne téléchargeables sur mobile. Quatre grandes écoles d’ingénieurs sont dans les starting-blocks : l’Ecole Polytechnique, l’Essec, l’Institut Telecom et l’EISTI, mais aucune université.

Les universités alsaciennes investissent, elles, la cour Facebook , en lançant une application permettant aux étudiants de faire remonter les bons plans shopping, restaurants, sorties, culture, sport… . Une façon aussi pour les établissements de rattraper les étudiants sur leur terrain et de diffuser leurs informations (journées de rentrée et autres). Cette application se présente comme un service de plus de la carte Mon Pass campus Alsace .  

Côté diffusion de la culture scientifique, les lettres et leçons inaugurales du Collège de France sont disponibles depuis septembre sur l'iBookStore.

Fabienne Guimont | Publié le