Opération Phénix : Paris 4 proposera bientôt aux étudiants de lettres un master aux métiers de l'entreprise

Propos recueillis par Sophie Blitman Publié le
Opération Phénix : Paris 4 proposera bientôt aux étudiants de lettres un master aux métiers de l'entreprise
B. Deforge et P.-H. Tavoillot // © 
Pour cette cinquième année, letudiant.fr est partenaire de l’opération Phénix pour l’organisation d’un grand forum, le 6 avril 2011, à la Cité internationale universitaire de Paris. Cet événement marque le coup d’envoi de la campagne de recrutement des étudiants de lettres et sciences humaines qui rejoindront le programme Phénix à la rentrée 2011. Avec une nouveauté : la formation ne se déroulera plus dans le centre de formation de PricewaterhouseCoopers (PwC) France, mais à l’université Paris 4 Sorbonne, qui souhaite mettre en place un master 2 professionnel Métiers de l’entreprise.

Retour sur les enjeux de Phénix et son développement avec Bernard Deforge , associé du cabinet PwC et coordinateur de l’opération Phénix, et Pierre-Henri Tavoillot, directeur adjoint de l’UFR philosophie de Paris 4 Sorbonne et responsable pédagogique du futur master.


Cinq ans après son lancement, quel bilan dressez-vous de l’opération ?

Pierre-Henri Tavoillot : Phénix vise à corriger cette anomalie qui fait qu’en France, alors que les formations universitaires de lettres et sciences humaines sont d’excellentes formations de l’esprit, les entreprises, attirées par les formations en contact direct avec le monde économique, font spontanément plutôt confiance aux écoles. Le contraste est saisissant avec ce qui se passe à l’étranger où les humanités sont vues comme un socle remarquable pour asseoir des compétences professionnelles.
Avec Phénix, nous avons essayé de créer une habitude, un flux, afin de dire aux étudiants en sciences humaines :
« vous avez un horizon possible, dans l’enseignement, la recherche, la fonction publique, mais aussi en entreprise ! ». Et l’on constate qu’au-delà des 15 ou 20 étudiants recrutés chaque année dans le cadre de l’opération Phénix, il y a eu un effet bénéfique, dans la mesure où de plus en plus d’étudiants passent la porte du bureau des stages et entrent dans un processus de recherche d’emploi.

Bernard Deforge : Les mentalités évoluent, et les universités sont aujourd’hui prêtes à créer davantage de liens avec les entreprises, soutenues par la loi qui a inscrit l’insertion professionnelle dans leurs missions.

Pourquoi avez-vous souhaité créer un master universitaire ?

B.D. : Pour pouvoir passer à la vitesse supérieur et sortir de l’aspect expérimental. La formation va être transférée à l’université Paris 4 Sorbonne. Cependant les entreprises restent associées à l’opération : elles recrutent toujours les étudiants en CDI et continuent à payer la formation en alternance. Ce n’est pas un stage, mais bien un contrat de professionnalisation, durant lequel les étudiants perçoivent 80 % d’un salaire avoisinant les 30 000 euros annuels.
Paris 4 a été choisie car elle est l’université qui, depuis la création de Phénix, est le plus gros pourvoyeur de candidats et de recrutés.

P.-H.T. : La maquette de ce master 2 a été validée par les conseils de Paris 4, et nous espérons recevoir l’habilitation du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce qui permettrait aux étudiants de recevoir désormais un diplôme à l’issue de leur formation.
Cependant, si la formation se déroule à Paris 4, les autres universités partenaires interviennent dans les enseignements et font partie du comité de perfectionnement.

Comment la maquette a-t-elle été conçue ?

P.-H.T. : Les étudiants vont, comme auparavant, suivre 350 heures de cours magistraux, travaux dirigés et ateliers animés par des intervenants académiques et professionnels. Au programme : l’environnement économique et les acteurs de l’entreprise, les ressources humaines, la comptabilité-gestion, le marketing et la communication, le commerce et la vente…
La nouveauté réside dans l’association de ces bases du savoir sur le monde de l’entreprise nécessaire à tout étudiant d’humanités, avec des exercices pratiques (entretiens, mises en situation…), des retours d’expérience, mais aussi des éléments de réflexion permettant une prise de hauteur : nous voulons qu’il y ait une continuité avec les études antérieures qu’ont suivies les jeunes.

B.D. : L’idée de départ est en effet maintenue : celle d’un sas qui permet aux étudiants d’être à la hauteur dans leur emploi. Ce n’est pas une formation à un métier, mais une formation généraliste à l’entreprise. Les étudiants que nous recrutons ont une culture générale au sens habituel du terme. Nous y ajoutons une culture générale d’entreprise.

P.-H.T. : Progressivement, la maquette prévoit une montée en puissance vers l’entreprise, les étudiants ayant de moins en moins de cours. L’évaluation se fait en contrôle continu, avec la rédaction d’un rapport d’activité sur cette année d’expérience professionnelle.

Comment envisagez-vous l’avenir de Phénix ?

B.D. : Grâce à cette modification, on devrait pouvoir passer à la phase quantitative. L’objectif est que toutes les universités puissent proposer une formation de ce type : le modèle est reproductible, notamment en province. Déjà, les UFR de lettres de Grenoble, Clermont-Ferrand, Poitiers ou encore de Bourgogne s’intéressent au projet.

Pour en savoir plus

Les littéraires aussi ont leur place en entreprise ! Telle est la devise de l’opération Phénix (http://www.operationphenix.fr) lancée en 2006. Le principe : des étudiants de lettres et sciences humaines sont recrutés en CDI par l’une des dix entreprises participant à l’opération. Ils deviennent consultants, auditeurs, conseillers clientèle, chargés de communication… Et suivent en parallèle une formation dans le cadre d’un contrat de professionnalisation en alternance.

Rendez-vous sur le site www.operationphenix.fr

Propos recueillis par Sophie Blitman | Publié le