Orientation, formation, emploi : où en est l'égalité femmes-hommes ?

Marie-Anne Nourry Publié le
Orientation, formation, emploi : où en est l'égalité femmes-hommes ?
Allison, électricienne sur avion chez Airbus // © Airbus // © 
A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ce samedi 8 mars 2014, EducPros vous propose un tour d'horizon de la question de l'égalité femmes-hommes en matière d'orientation, de formation et d'insertion professionnelle. Extraits.

Orientation sexuée, auto-censure, plafond de verre... En écho à la Journée internationale des droits des femmes, samedi 8 mars 2014, pour laquelle de nombreux établissements d'enseignement supérieur se mobilisent, retour sur les dernières interviews, enquêtes et actions en faveur de l'égalité femmes-hommes.

Arrêtons de dire aux filles qu'elles sont nulles en maths !

Les filles de 15 ans réussissent mieux les exercices scientifiques que les garçons. C'est ce qui ressort de l'enquête PISA 2009, réalisée dans 65 pays développés et analysée par le New York Times. A quelques exceptions près : si les filles sont meilleures en sciences que les garçons dans la majorité des pays, ce n'est pas le cas en France. Et les différences seraient avant tout culturelles.

Lire l'article : La bosse des maths : une question de culture, pas de sexe (mars 2013)

Autocensure, manque de confiance dans leurs capacités, clichés sur les métiers, les bachelières boudent les filières scientifiques et technologiques. Comment faire pour introduire davantage de mixité dans les filières scientifiques ? Entreprises, universités et associations se mobilisent. Zoom sur quelques-unes des initiatives mises en place pour changer la donne.

Lire l'article : Sciences et technologies : comment séduire les filles ? (février 2013)

En complément des actions de sensibilisation, les travaux de recherche peuvent apporter des éléments de compréhension. Virginie Bonnot, maître de conférences en psychologie sociale à l'université Paris Descartes, explique ainsi dans une interview à Chercheurs d'actu, comment les stéréotypes influent négativement sur les résultats des femmes dans les matières scientifiques. "Confrontées à un environnement qui défend ce stéréotype (les filles sont moins bonnes en maths, ndlr), des femmes vont avoir de moins bons résultats que d'autres femmes placées dans un environnement neutre. Plus l'environnement est égalitaire, meilleurs sont leurs résultats."

Lire l'interview de Virginie Bonnot sur le site Chercheurs d'actu (novembre 2013)

Le cerveau a-t-il un sexe ?

Eclairage scientifique sur la question de l'égalité femmes-hommes avec la neurobiologiste Catherine Vidal, directrice de recherche à l'Institut Pasteur et membre du comité d'orientation du Laboratoire de l'égalité. Celle-ci se focalise sur la plasticité cérébrale, cette propriété du cerveau à se façonner en fonction de l'histoire vécue.

"A la naissance, le petit humain n’a pas conscience de son sexe. Il va l’apprendre progressivement à mesure que ses capacités cognitives se développent. Ce n'est qu'à partir de l'âge de deux ans et demi que l'enfant devient capable de s'identifier à l’un des deux sexes. Or depuis la naissance, il évolue dans un environnement sexué : la chambre, les jouets, les vêtements diffèrent selon le sexe de l'enfant. C'est l'interaction avec le milieu familial, social, culturel qui va orienter les goûts, les aptitudes et contribuer à forger les traits de personnalité en fonction des modèles du masculin et du féminin donnés par la société".

Lire la tribune : Quand les neurosciences plaident en faveur de l’égalité femmes-hommes (novembre 2013).

L'orientation contre les clichés

Seuls 17% des métiers comportent entre 40 et 60% des deux sexes, ce qui contribue au renforcement des stéréotypes chez les jeunes. Constat du rapport "Lutter contre les stéréotypes filles-garçons – un enjeu d’égalité et de mixité dès l’enfance", remis en janvier 2014 à Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes.

Ce document dresse une liste de huit propositions concernant l'orientation et les métiers, parmi lesquelles celle de dupliquer les actions sur le thème "les filles et les sciences" sur "les filles et la technologie", dont l’informatique.

Lire l'article : L'orientation, un levier pour des carrières moins sexuées (janvier 2014)

Nouvelles discriminations à l'embauche

Dans une étude publiée en octobre 2013, le Céreq révèle que les discriminations à l'embauche n'ont pas reculé, mais simplement muté. Si la plupart des recruteurs interrogés estiment que les hommes et les femmes sont aujourd'hui égaux face à l'emploi,  ils reconnaissent des qualités naturelles propres aux hommes ou aux femmes, les différenciant selon leur sexe. La discrimination à l'embauche reposerait désormais sur ces stéréotypes qui renforceraient l'idée qu'il y a des "métiers d'homme" et des "métiers de femme".

Lire l'article : La mixité à l'embauche : une réelle avancée vers l'égalité hommes-femmes ? (novembre 2013) 

Des fissures dans le plafond de verre

Pour la première fois depuis sa création en 1945, l'ENA compte 45% de femmes dans sa promotion 2014-2015. Gioia Venturini, promotion 2002 et membre de la direction de Safran, se réjouit du nombre croissant de femmes occupant des postes à forte responsabilité mais elle pointe les difficultés persistantes qui entravent leur carrière professionnelle. "Le plafond de verre est une réalité, et seule l’instauration des quotas pouvait faire bouger les lignes. A ce rythme, dans moins d’une décennie, on comptera autant de femmes que d’hommes à de hauts postes. Mais à quel prix ! Pour être reconnues, les femmes doivent travailler deux fois plus. Elles n’ont pas le droit à l’erreur."

Lire l'interview de Gioia Venturini (décembre 2013).

Si des freins demeurent, c'est souvent la faute aux clichés. "Pour les recruteurs, les garçons vont vouloir monter dans la hiérarchie, pas les filles", résume Isabelle Barth, directrice générale de l’EM Strasbourg et auteure d'une enquête auprès de plus de 300 étudiants en écoles de commerce et de 50 recruteurs. "Nous leur avons proposé le CV d'une personne ambitieuse, dynamique, mobile, investie et capable de se vendre. Nous l’avions prénommée 'Dominique Martin'. Après avoir évalué les qualités du candidat, les recruteurs concluaient majoritairement qu’il s’agissait d’un homme." Et comble du comble : "Face au même scénario, les étudiants eux-mêmes s’attendaient majoritairement à trouver un homme."

Lire l'interview d'Isabelle Barth (mars 2013).

Marie-Anne Nourry | Publié le