L'ouverture sociale des grandes écoles pas encore une réalité

Dahvia Ouadia Publié le
L'ouverture sociale des grandes écoles pas encore une réalité
Les ENS, comme d'autres grandes écoles, lancent des pistes pour favoriser l'ouverture sociale dans leurs établissements. // ©  Gilles Rolle/REA
Certaines grandes écoles remettaient chacune leur rapport sur l'ouverture sociale à Frédérique Vidal, le lundi 14 octobre. Objectif assigné : augmenter le nombre d’étudiants boursiers dans les grandes écoles pour tendre vers le niveau national de 38%. Elles ont encore du chemin à parcourir...

Ouvrir socialement les grandes écoles bientôt une réalité ? C’est ce que souhaite Frédérique Vidal après la réception de trois rapports des grandes écoles les plus prestigieuses, dont l’objectif est d’augmenter significativement la part des étudiants boursiers dans leurs effectifs. Quatre ENS (Paris, Saclay, Lyon et Rennes), trois écoles de commerce (HEC Paris, ESSEC et ESCP Europe) et Polytechnique, pas toujours les mieux placées sur ce terrain glissant, ont planché ces derniers mois.

Selon la ministre, "ces trois rapports ouvrent de nombreuses perspectives pour augmenter le nombre de boursiers et équilibrer les recrutements sur l’ensemble du territoire".

Et en effet, si l’enseignement supérieur compte en moyenne 38% de boursiers, ces écoles s’engagent à en accueillir entre 20 et 25% d’ici à cinq ans. Seulement voilà, L’X accueille aujourd’hui 12% d’élèves boursiers, cette part atteignant 19% à l’ENS Paris et 18% à HEC en moyenne.

Une feuille de route pour augmenter le taux d’étudiants boursiers

Dans la lignée de cette mission, la ministre demande à l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur, universités comme grandes écoles de commerce et d’ingénieurs, de réaliser une feuille de route pour augmenter le nombre d’étudiants boursiers et équilibrer leur recrutement sur l’ensemble du territoire en cinq ans.

Chaque feuille de route devra être articulée autour de cinq axes :

  • L’introduction de bonification pour les boursiers dans les concours déjà existants, un modèle "qui existe déjà".

  • L’accompagnement des CPGE pour jouer leur rôle en matière d’ouverture sociale et territoriale

  • L’extension des voies d’admissions parallèles pour favoriser un autre public qui vient aussi de l’université.

  • Le développement d’actions vers les lycéens et les collégiens sur le modèle des Cordées de la réussite.

  • La détermination des besoins matériels pour des études longues que ce soit financiers, d’encadrement, de logement, etc.

Au-delà de ces axes, les établissements devront proposer des pistes d’action concrètes pour une réelle implémentation.

Un comité de pilotage mais pas encore de budget identifié

Frédérique Vidal annonce, par ailleurs, la création d’un comité de pilotage composé des principales conférences de présidents ou de directeurs d’établissements – CPU, CGE, Cdefi ; les ministères concernés et les acteurs intéressés par les questions d’ouverture sociale pour inciter la mise en place de ces dispositifs d’ouverture.

Ce comité, qui sera constitué d’ici la fin de l’année 2019, sera chargé d’examiner les feuilles de route des établissements. L’idée n’est pas "d’imposer des dispositifs généralisables à tous mais prendre en compte les spécificités des établissements – écoles et universités" rappelle la ministre.

Concernant les moyens budgétaires à mettre en œuvre pour accompagner les futurs dispositifs, la ministre n’avance aucun chiffre ajoutant que "s’il y a un engagement pour que l’objectif soit atteint, le gouvernement trouvera les moyens pour l’atteindre".

"Ouvrir plus grand les portes de Polytechnique"

Florence Parly, ministre des armées, était, elle aussi, présente pour parler du projet d’ouverture portée par Polytechnique dont elle est ministre de tutelle. "Accroître la diversité sociale dans les grandes écoles, c’est plus qu’une exigence, c’est une nécessité", estime-t-elle.

Si Polytechnique mène déjà ses actions pour promouvoir l’égalité des chances dans des lycées de quartiers prioritaires et auprès des étudiants boursiers dans les CPGE, il faut aller plus loin selon Florence Parly.

"On a toutes les raisons de vouloir ouvrir plus grand les portes de Polytechnique", d’autant que les élèves boursiers qui sont admis dans la prestigieuse X réussissent aussi bien que les élèves non boursiers, estime la ministre.

L’objectif que se fixe l’X : doubler en cinq ans le nombre de boursiers selon trois axes de travail principaux :

  • Agir sur le concours en créant une base de données ouvertes des annales des épreuves orales du concours pour que tous les candidats y aient accès. "Ça ne coûte rien et c’est précieux pour les candidats"

  • Lancer une étude pour installer à Saclay une classe préparatoire en amont de la prépa ouverte aux élèves boursiers les plus méritants afin de "mettre le pied à l’étrier de ces étudiants pour réussir".

  • Détecter les talents pour que l’excellence passe par la diversité et afin que l’ascenseur social fonctionne de nouveau.


Retrouvez l'intégralité des trois rapports :
Les trois rapports reprennent la plupart des axes évoqués par la ministre. Vous pourrez les retrouver ici :
- Rapport proposé par HEC, ESSEC et ESCP Europe
- Rapport proposé par les ENS Paris, Paris-Saclay, Lyon et Rennes
- Rapport proposé par Polytechnique

Dahvia Ouadia | Publié le