Paris-Dauphine tentée par l’augmentation des droits d’inscription

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Paris-Dauphine tentée par l’augmentation des droits d’inscription
Laurent Batsch // © 
Paris-Dauphine veut augmenter les frais d'inscription de ses DU (diplômes d'université). Une initiative controversée qui agite les couloirs du "grand établissement", ceux du ministère de l'Enseignement supérieur et fait aussi débat sur internet.

Si Paris-Dauphine parle avec un sens aigu de la litote « d’une évolution des droits d’inscription » ou « d’une contribution complémentaire », c’est que le « grand établissement » veut éviter à tout prix de prononcer les mots qui fâchent : l’augmentation des droits d’inscription. Pourtant le 25 février prochain, c’est bien sur l’augmentation des frais d’inscription de ses diplômes d’université (DU) que le conseil d’administration de l’université devra se prononcer. Tout à fait légale, la tarification des DU est libre puisque ce ne sont pas des diplômes nationaux, cette augmentation doit cependant, entraîner, à terme, une offre diplômante à deux vitesses.

Actuellement 2 000 étudiants sur un total de 8 500 suivent un DU, principalement en L1 et en L2. Une augmentation des frais d’inscription en DU de 800 euros de plus par an « en moyenne » permettrait de dégager quelques 6 millions de recette supplémentaire chaque année, souligne-t-on du côté de Dauphine. Ces frais d’inscription seraient « progressifs » et soumis « à condition de ressources » des familles. 20% des étudiants pourraient en être totalement exonérés contre 12,5% actuellement. Selon le président de Dauphine, Laurent Batsch, ce projet est dicté par la situation financière de l’établissement qui « ne permet plus de faire face aux dépenses courantes ».  

Diplôme national+DU

« Université choisie pour la qualité de ses formations, Dauphine n’est plus en mesure de financer sur fonds publics ses prestations », explique-t-il. L’idée est donc proposer aux étudiants deux types de parcours. Libres à eux de choisir entre le simple diplôme national, financé par l’Etat et dont les frais d’inscription sont fixés par celui-ci, et le diplôme national plus le DU réunis dans une sorte de « package » labellisé « Dauphine ». « Les diplômes nationaux, on va les faire au tarif national mais aujourd’hui la qualité Dauphine (pédagogie en petits groupes, heures de cours supplémentaires, professionnalisation), je ne peux plus la donner gratuitement », justifie Laurent Batsch.  

C’est bien sûr la formule diplôme national+DU qui a la préférence du président de Paris 9. « 100% des étudiants de Dauphine ont vocation à avoir un diplôme national et à verser une contribution », explique-t-il.  

Rappel à l'ordre de Valérie Pécresse

C’est peu dire que le ministère de l’Enseignement supérieur ne goûte guère les projets de Dauphine. Valérie Pécresse s’est même fendue d’un communiqué pour rappeler « qu’il est interdit d’imposer aux étudiants inscrits à un diplôme national de s'inscrire parallèlement à une formation complémentaire, entraînant des frais supplémentaires, pour valider leur diplôme ». La ministre veillera  à ce que la loi soit strictement appliquée. « Toute décision entachée d’illégalité sera immédiatement déférée devant le juge par le recteur », menace Valérie Pécresse.  

Paris 9 qui ne voulait pas se faire enfermer « dans le piège d’un débat idéologique national » a, à l’évidence, raté son coup. Le prochain contrat quadriennal 2009-2012 de Paris-Dauphine promet d’être examiné très attentivement du côté de la rue Descartes.

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