Philippe Grassaud (EduServices) : "Nous pensons effectuer des rachats ou ouvrir de nouvelles écoles"

Propos recueillis par Olivier Monod Publié le
Philippe Grassaud, le fondateur de la Compagnie de formation Chézy, s'est associé en juillet 2010 avec le fonds d'investissement Duke Street Holding Ltd pour créer EduServices. Cette nouvelle société, présidée par Philippe Grassaud, regroupe la centaine d'établissements des groupes Compagnie de formation Chézy et Forteam , et affiche 65 millions d'euros de chiffre d'affaires. Il revient sur cette opération.

Que change votre rapprochement avec Duke Street dans la gestion quotidienne de votre groupe ?

Travailler avec un fonds d'investissement oblige à plus de professionnalisme et de discipline. Il nous demande un taux de rentabilité classique, autour de 8%, mais il nous donne les moyens de mener à bien de nouveaux projets. Nous pensons effectuer des rachats ou ouvrir de nouvelles écoles. Nous nous intéressons notamment aux secteurs de l'art, du paramédical et du commerce. C'est une véritable reconnaissance pour un entrepreneur de l'enseignement supérieur privé comme moi.

Vous souffrez d'un manque de reconnaissance en France ?

En effet, nous ne sommes jamais valorisés. On nous traite de "boîte à fric"... La morale ambiante considère qu'on ne doit pas parler d'argent dans le secteur de l'éducation. Pour pallier ce déficit d'image, la part de la communication dans nos budgets s'élève à hauteur de 10 ou 15%. Dans les pays anglo-saxons, ce secteur est identifié comme un marché depuis longtemps. C'est pour cela qu'ils n'hésitent pas à venir investir ici.

Contrairement à l'image véhiculée, 15% de l'enseignement supérieur français est assuré par le privé

La France représente-t-elle un marché juteux ?

Oui, contrairement à l'image véhiculée, 15% de l'enseignement supérieur est assuré par le privé. C'est le premier marché européen ! Le privé a notamment beaucoup développé le secteur de l'alternance. D'ailleurs, chez nous celle-ci constitue toujours 60% de notre chiffre d'affaires. En France, la particularité vient de l'omniprésence de l'Éducation nationale qui écrase le reste.

Pourtant, dans certains secteurs le privé est florissant...

Essentiellement dans les disciplines modernes et professionnalisantes. La communication, l'hôtellerie, la comptabilité ou encore l'informatique. L'Éducation nationale est très présente dans les secteurs plus traditionnels. Il existe également des branches fermées sans que l'on comprenne pourquoi. Par exemple, le privé peut former des opticiens, mais pas des audioprothésistes, car les formations de ces derniers doivent être reconnues par l'Ordre des médecins...

Les écoles d’EduServices
Philippe Grassaud, ancien directeur de la Compagnie de formation Chézy, et Duke Street, un fonds franco-britannique aux investissements très divers, se répartissent les parts de la société EduServices.
Cette entité rassemble les groupes CFC et Forteam. Ceux-ci regroupent respectivement le groupe Pigier, l'ISCOM et l'ESICAD pour le premier, et l'IFAG, l'ESPL et M3S pour le second.

Propos recueillis par Olivier Monod | Publié le