Plan réussir en licence : l'université de Poitiers se bat sur tous les fronts

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L’université de Poitiers est dans le peloton de tête. Elle fait partie des seize meilleures maquettes de licence rénovées, annoncées par Valérie Pécresse le 18 septembre 2008, lors de sa conférence de presse de rentrée. Sa dotation en 2008 s'élève à 425 000 euros. Outre des mesures classiques comme des enseignants référents ou du tutorat , son projet innove avec un dispositif « Rebond » ambitieux, estimé à 120 000 euros pour 2008-2009 pour une centaine d'étudiants de licence.    

Une année pour mieux rebondir

« Rebonds est destiné aux gros décrocheurs », explique Françoise Lambert, vice présidente formation de l’université poitevine. Il s’agit d’une année d’étude pour retrouver son chemin à l’université. Le premier semestre comprend des enseignements transversaux (informatique, langues, méthodologie, travail sur un projet…). Au deuxième semestre, l’étudiant poursuit cette formation générale et s’inscrit également dans certaines matières d’une filière de son choix. « L’étudiant peut ainsi voir si le domaine l’intéresse et valider quelques ECTS, pour ensuite rattraper la filière l’année suivante, ou partir en BTS », souligne la vice-présidente. Le SCUIO/Planète Info et le Safire (service commun chargé de l’éducation, de la formation tout au long de la vie et de l’aide à l’insertion professionnelle) gèrent ce programme.  

Plus d'heures de cours en SHS  

« Les sciences humaines et les langues ont leur place, pour peu qu’on leur en donne les moyens », précise Françoise Lambert. Ces filières, où le volume horaire est faible pour l’instant (1200 heures par an) vont atteindre les 1350 heures par an, dans les trois années à venir. L’objectif est ensuite d’atteindre les 1500 heures. 250 000 euros sont prévus au budget pour le total des heures d’enseignement prévues sur l’année 2008-2009.    

Les enseignants référents plus près des étudiants

De nombreuses mesures existantes vont être renforcés sur l’encadrement pédagogique des étudiants : la diminution du nombre d’élèves en TD, le « tutorat » effectué par des étudiants de bac+4/5 et les TD de soutien avec l’enseignant-chercheur qui approfondit des éléments déjà vus. 260 000 euros sont prévues au budget 2008-2009 pour toutes ces mesures.

La mesure clé dans ce domaine : l’enseignant référent. « Il s’agit de rencontrer l’étudiant le plus rapidement possible, afin de détecter dès le début de l’année les perdus ou les étudiants avec des difficultés importantes dans certaines matières. Ces rencontres sont soit systématiques, soit en fonction des indicateurs d’alerte comme l’absence aux TD ou les mauvaises notes », explique la vice-présidente. Quels étudiants disposeront de cet encadrement pédagogique supplémentaire ? « Le vrai problème, c’est le moment où l’étudiant arrive à l’université - et celui où il en sort d’ailleurs -, nous avons donc ciblé la première année où le taux de départ est énorme », explique Françoise Lambert. Un directeur des études chapeaute les enseignants référents. Financement de cette mesure : 125 000 euros.  

Pas de réussite sans enseignants motivés

Il a fallu motiver les enseignants, un peu réticents au départ, pour qu’ils participent à ce dispositif. L’université a mis en place des séminaires de formation d’une journée, avec une quinzaine de participants enseignants-chercheurs. Plusieurs services interviennent lors de ces forum de discussion : la médecine préventive, les associations dans le domaine social, le Safire qui reçoit les publics en difficulté, le SCUIO/Planète Info… « Ces journées se sont très bien passées. De nombreux participants ont trouvé cela « trop court » ! Ils voulaient continuer ce partage des expériences, se réjouit la vice-présidente, c’est un peu du pilotage à vue, on regarde ce qui marche et si ça marche, ça motive les autres ».  

Plan licence : les filières sous-encadrées restent en marge

Le dispositif des enseignants référents est difficile à mettre en œuvre dans certaines filières de l’université poitevine, déjà sous-encadrées. « En psychologie par exemple, les enseignants-chercheurs sont débordés. Nous sommes obligés d’attendre le deuxième semestre pour mettre en place cet encadrement pédagogique supplémentaire », déplore Françoise Lambert, la vice-présidente formation de Poitiers. Il n’y aura pas plus d’enseignants-chercheurs au 2ème semestre, mais probablement moins d’étudiants étant donné le nombre important qui arrêtent dès le 1er semestre...
« On fait avec les moyens du bord », souligne Françoise Lambert, qui évoque une piste lointaine : « on pourrait considérer que les étudiants d’histoire ont les mêmes problèmes que ceux de psychologie par exemple ». Des professeurs d’une filière moins surchargée comme référents des étudiants d’une filière sous-encadrée ? Les enseignants sont-ils prêts à rentrer dans cette logique ?

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